"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

GREVES PERSISTANTES DANS L’ADMINISTRATION :

 Les dangers d’un enlisement  

Les grèves observées dans certains secteurs de l’administration, ces dernières semaines, semblent être vécues par le gouvernement comme une menace à la stabilité du pays au point où il donne l’impression d’être ébranlé. Il a pourtant les atouts nécessaires pour faire face à cette situation qui n’est pas insurmontable.

Il est établi que les périodes des élections constituent des moments difficiles pour les pouvoirs en place. En effet, c’est souvent le moment privilégié pour les partenaires sociaux pour faire valoir leurs revendications et attirer avec insistance l’attention de l’opinion publique sur leurs préoccupations. Les grèves persistantes enregistrées, depuis un moment, dans l’administration publique n’échappent certainement pas à ce constat. Cependant, il ne faut pas banaliser les revendications des travailleurs, notamment celles des enseignants et des médecins hospitaliers. Les premiers avaient accordé, à la veille de la rentrée d’octobre dernier, un ultimatum de trois mois au gouvernement pour réagir positivement par rapport à leurs revendications qui tiennent, pour l’essentiel, à la revalorisation de la fonction enseignante. Il semble que le gouvernement n’ait pas su, selon les syndicats, prendre les dispositions utiles pour les rassurer de sa disponibilité à satisfaire leurs revendications. En ce qui concerne, les médecins hospitaliers, ils sont véritablement fondés à exiger de meilleures conditions de travail dans les centres hospitaliers du pays. Ces centres « manquent de tout », constatent les hospitaliers. La belle illustration de cette déchéance connue de tous les patients est la situation du centre national et hospitalier de Cotonou qui a la triste réputation d’être considéré comme un « mouroir ». Cet état de chose a du reste été déploré, notamment lors des états généraux de la santé organisés récemment à Cotonou.

Somme toute, les revendications des travailleurs sont justes et légitimes. Mais dans le même temps, les travailleurs sont certainement conscients de ce que les ressources dont dispose l’Etat ne sont pas extensibles à l’infinie et qu’il n’est pas possible de les satisfaire toutes à la fois. Sans doute, ils attendent du pouvoir un début de satisfaction et la garantie que les problèmes posés seront réglés progressivement. C’est cette quête, presque constante aux travailleurs un peu partout dans le monde, qu’il faut satisfaire. Il semble ainsi totalement inimaginable que des grèves, quelle que soit leur ampleur, dans le contexte actuel de démocratie, soient destinées à déstabiliser un régime au point de le renverser. C’est pourquoi le gouvernement devra nécessairement avoir la disponibilité nécessaire pour renouer le fil du dialogue avec les leaders syndicaux en vue de dénouer la crise. A cet égard, le médiateur de la présidence de la République et le haut commissariat pour la gouvernance concertée pourraient être mis à contribution pour aider le chef de l’Etat à créer les conditions d’un dialogue franc et constructif. Mieux, le chef de l’Etat pourrait rencontrer les leaders syndicaux pour les rassurer, une fois encore, de sa disponibilité à faire face aux cris de détresse des travailleurs qui n’ont certainement aucune visée politique ou politicienne, contrairement à certaines déclarations. Il serait par conséquent suicidaire de laisser la situation pourrir, notamment pour l’économie du pays en plein redressement, et l’avenir de l’éducation qui a un grand besoin de stabilité pour ne pas nuire à la qualité de l’enseignement donné aux élèves. Elle pourrait conduire à une situation difficile et ingérable dans un contexte politique électoral particulier marqué pour le moment par l’impasse.



30/01/2008
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