"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Halte aux marcheurs et aux remerciementeurs ?

La Chronique de Roger GBEGNONVI

La marche est un exercice de première importance pour la santé physique des hommes et des femmes, de même que l’expression de la gratitude par le remerciement est un comportement de première importance pour la santé morale des sociétés humaines. Nonobstant donc l’interrogation que l’on vient de lire en titre, il ne saurait être question de décourager les fans de la marche ni de botter en touche les adeptes du remerciement frauduleusement traités de menteurs. Non, jamais !
Cela dit, il faut savoir raison garder. En avril 2000, à la tête d’un important groupe d’élèves du Collège Père Aupiais, quinquagénaires et sexagénaires de Transparency International-Bénin ont marché dans les rues de Cotonou contre la corruption. Qui s’en souvient ? Qui s’en était pas aperçu ? Il pluvinait, et les passants prenaient les marcheurs, jeunes et vieux, pour des hurluberlus. Or depuis que, à l’instar de Transparency, Boni Yayi a marché pour dire spectaculairement sa nausée de la corruption et sa volonté inébranlable de lui tordre le cou, les marcheurs anti-corruption ont surgi de partout et se sont mis à battre le pavé sans désemparer. Opportunisme grotesque et singerie détestable. Que n’ont-ils marché avant Boni Yayi pour le soutenir et l’encourager ? Que n’ont-ils marché comme Transparency au temps chaud et ingrat, quand il n’y avait point au sommet de l’Etat la moindre volonté de lutte contre la corruption ? Fourberie et hypocrisie des marcheurs d’aujourd’hui puisque, à regarder dans leurs rangs, on y aperçoit, sans devoir chercher longtemps, d’authentiques corrompus et corrupteurs qui n’ont montré, à ce jour, aucune intention de changer d’habitude. Leur marche relève donc du cynisme le plus outrageant. La véritable lutte contre la corruption est ce que fait déjà le Chef de l’Etat : limogeage et confirmation de limogeage. Les jambages simiesques dans les rues et venelles, télévision en tête, pour occulter, noyer et neutraliser la sincérité du Chef de l’Etat sont à proscrire comme immondes mensonges.

Mensonges également que ces remerciements à répétition et sans objet pertinent. Pour un oui et pour un non, pour tout et pour n’importe quoi, on s’en va dans son village ameuter les gens pour remercier le Chef de l’Etat. Foutaise. Car lorsque les populations vous ont élu député, Vous n’avez à remercier personne, ni les populations ni le Chef de l’Etat, vous avez à vous mettre au travail au Parlement pour voter les lois justes qui feront avancer la cité, vous mettre au travail pour légiférer et contrôler l’action du Gouvernement. Point, à la ligne. Et lorsque le Chef de l’Etat vous a fait Ministre de La République, il n’y a pas lieu d’organiser ripailles, tam-tam, chants et danses au village au milieu des vôtres pour pavaner et remercier qui que ce soit, il y a lieu de vous mettre au travail pour être le meilleur ministre, c’est-à-dire le meilleur serviteur possible de la République, au risque d’ailleurs maintenant de limogeage et de confirmation de limogeage, car la République en a désormais assez de ces Béninois et Béninoises qui deviennent ministres sans programme et qui cessent d’être ministres sans bilan, mais non sans s’être sauvagement enrichis, raison pour laquelle le Bénin est en chute libre et sa jeunesse au désarroi depuis cinquante ans bientôt de la chose appelée indépendance. Il faut arrêter la descente aux enfers et commencer à remonter la pente.
Et pour mettre toutes les chances du côté de la remontée, il va falloir suggérer au Président Boni Yayi d’ignorer absolument la peste des marcheurs opportunistes et le choléra des remerciementeurs zélés. Si la démocratie lui interdit d’arrêter leurs bamboulas de haute nocivité pour la République, elle l’autorise néanmoins à leur cracher respectueusement dessus. De toute façon, le Président Boni Yayi trahirait l’espoir en lui placé par le peuple s’il se laissait lénifier par ces gens-là, spécialistes de la triche, des marches de soutien à gogo, des motions de félicitation au kilo et des cultes d’action de grâce à la pelle. Ces manières, vieilles comme le monde, n’ont pas sauvé notre pays. Voilà pourquoi, sans les empêcher, il faut savoir tourner le dos à leurs pourvoyeurs impénitents afin d’agir maintenant pour qu’enfin vive et prospère la République du Bénin.
(Par Roger Gbégnonvi)



27/09/2007
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