"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

HISTORIQUE DECLARATION de COTONOU

Yayi et le vent de l’oppositon


Écrit par Fraternité du 17/03/2008   

Soglo, Houngbédji, Amoussou et Kolawolé dans le même navire pour défier les vagues de l’océan du changement. A un mois du deuxième anniversaire de l’arrivée au pouvoir du docteur Boni Yayi, les ténors de la vieille garde sonnent le tocsin et dénoncent les déchets des mamelles du régime. Le style yayiste est mis en cause dans une déclaration commune dont l’écho dépasse les frontières nationales. La rupture se joue dans la douleur. La réplique de Fcbe vient assaisonner la clarification mais laisse ouvert le piège arachnéen qui guette le président de la république.

L’épisode de la sortie musclée des leaders légendaires de la politique nationale relève d’une éloquence rare et ni la propension à l’épate ni le secret des coups d’éclat ne devraient pousser le pouvoir à prendre les excès d’un vernis d’indifférence. La Rb, le Prd, le Psd et le Madep ont peint un tableau sombre de la situation nationale. Le schéma au vitriol dégage des entraves à la consolidation de la démocratie, des violations répétées de la constitution, des menaces sur le pluralisme politique, les ingérences du pouvoir exécutif mettant à mal l’autonomie du parlement, le climat délétère entre les acteurs politiques et les acteurs sociaux, la monopolisation de la presse par le pouvoir... des menaces sur la laïcité de l’Etat, l’assainissement des finances publiques et la double gestion des ressources humaines, des grands dossiers de l’Etat. Et l’opposition naissante réclame la prise du décret d’application de la loi portant statut de l’opposition. Le sévère réquisitoire fait par l’Alliance pour la dynamique démocratique (Add) et le Prd véhicule un message que Boni Yayi devrait plutôt vite décrypter.

Il est de notoriété que Nicéphore Soglo, Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou et Idji Kolawolé ne peuvent s’unir pour ventiler l’inutile non plus qu’ils ne peuvent de concert amplifier le vide et le néant. Le premier est un ancien chef de l’Etat et les autres, ex présidents de l’Assemblée nationale. Yayi ne prendra certainement pas le risque de mettre sur la balance les poids lourds de la politique en se campant dans la posture de l’hyper président. Le chef de l’Etat, garant de l’unité nationale gagnera à soumettre à l’analyse de la raison, la déclaration dénonciatrice des figures emblématiques du renouveau démocratique. Visiblement les coutures de changement sont en train d’être découpées par les ciseaux de la vieille classe politique et Yayi ferait mieux de ne pas reprendre les mêmes erreurs dont les sciures avaient endommagé le mandat de Soglo et provoquer sa chute en 1996. L’heure n’est pas propice aux développements des aménités car, un bras de fer aveugle consolidé par Boni Yayi, pourrait l’amener à s’écraser sur les cailloux de la réalité du pouvoir.

Le régime du changement devant l’ampleur de ses ambitions est contraint de quitter la démesure obsédante dont les effets le traînent sur une mauvaise pente. Boni Yayi est appelé à plaider sa politique sans mouvoir dans les éthers et l’exercice serait efficace si le chef de l’Etat fait de la correction de ses erreurs sa nouvelle priorité de gouvernance.

En chauffant la foule le mercredi 12 mars 2008, les quatre grands du monde politique ont atteint leur objectif : attirer l’attention de la nation sur les dérives du président élu il y a deux ans. Ainsi, la fin de l’état de grâce est célébrée et Boni Yayi a l’obligation de faire réellement vivre au peuple la rupture avec les exactions multiformes du régime dantesque et corrompu du Général Kérékou. La saison du changement serait nourrissante à la démocratie si elle ne se mue en une époque de la chasse aux politiciens de la traditionnelle classe. Bien d’hommes politiques jouent leur destin présidentiel en déclenchant la guerre aux hommes politiques. Le cas Soglo envahit les mémoires.

A vrai dire, les maladresses politiques du pouvoir actuel cimentent l’union des dinosaures. Quand Soglo, Houngbédji, Amoussou et Idji communient, le locataire de la Marina est bien exposé aux flammes oppositionnelles destinées à consumer ses ambitions de contracter un bail de 10 ans. C’est à Yayi de diluer les ardeurs du cartel de l’opposition pour épargner la Nation d’une tension majeure. Ajouté à la fronde sociale, la levée de bouclier des politiques aura d’impacts. Le Chef de l’Etat est averti.


Sulpice O. Gbaguidi



17/03/2008
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