"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Le chef de l’Etat et le G 13 dans la Vallée de l’Ouémé :

Écrit par Le Matinal du 18/02/2008   
 Conflit ouvert entre Yayi Boni et Sacca Ficara 


Le président de la République a effectué hier dimanche 17 février une descente stratégique dans la Vallée de l’Ouémé alors que le député Sacca Ficara était en tournée dans certaines communes de la localité. Loin d’être une simple visite de courtoisie, cette nouvelle sortie du chef de l’Etat dans cette partie de la 20ème circonscription électorale vient, de tous les points de vue, révéler au grand jour la mésentente entre lui et le premier questeur de l’Assemblée nationale.

Le chef de l’Etat était dans plusieurs communes de la Vallée de l’Ouémé hier pour défendre sa liste unique. Le député Sacca Ficara était, lui, dans les localités de Bonou et environ pour expliquer aux populations les fondements du mémorandum du G 13 et l’intention des parties prenantes de faire chemin ensemble lors des consultations en vue. En fait, les prochaines élections municipales et communales s’annoncent très difficiles entre le premier questeur Sacca Ficara et le président Yayi Boni dans la Vallée de l’Ouémé et la descente hier des deux personnalités dans la zone vient confirmer la crise latente que les parties ont commencé par entretenir depuis bientôt un mois. Selon une certaine source, c’est quand les éléments de mouvance ont appris que le député Sacca Ficara devrait se rendre à Bonou hier qu’ils ont rapidement aménagé un programme pour le chef de l’Etat dans ce sens. Et au moment où le député du groupe des 13 haranguait la foule de l’autre côté, le chef de l’Etat et son groupe sillonnaient les localités situées le long de la route Akpro-Missérété-Dangbo-Adjohoun-Kpédékpo-Azowlissè jusqu’à l’entrée de Bonou avant de se replier sur Cotonou vers 14 heures. Officiellement, Yayi Boni est allé constater l’état d’avancement de la route. Mais, dans l’entourage du chef de l’Etat, on dit que c’est parce que le président Yayi Boni serait très fâché, n’aurait pas du tout apprécié les dernières déclarations de Sacca Ficara à l’Assemblée nationale au sujet de l’affaire Antoine Dayori et l’objectif serait de profiter de cette sortie d’hier dans la zone pour mettre le parlementaire rebelle à sa place. Le député Sacca Ficara de son côté, a fait son déplacement hier de Bonou pour aller donner sa part de vérité au sujet des déclarations faites à Adjohoun le dimanche dernier par les éléments Fcbe. C’est sur le terrain que ses hommes l’ont informé de la descente inopinée du président Yayi Boni dans la Vallée. Et il en a rapidement profité pour montrer à son auditoire comment sa présence régulière sur le terrain gène au point de susciter la sortie du chef de l’Etat. Pour lui, c’est un groupe d’hommes politiques en mal de popularité qui ne conseille pas bien le chef de l’Etat et l’éloigne de plus en plus de ses vrais compagnons. Dans la foule, les éléments des services spéciaux venus en grand nombre et qui agissent à visage découvert font le point téléphone ouvert.

Une longue histoire

Les relations entre le chef de l’Etat et le premier questeur ont commencé par se détériorer moins de trois mois après l’élection du bureau de l’Assemblée nationale. Pourtant, les accords du lendemain des élections législatives entre les deux personnalités prévoyaient une nuit de miel plus longue. Le dernier qui a prêté le serment de législature, a aidé le premier à gérer à son gré l’élection des membres du bureau de la cinquième législature. Pour service rendu, le député Sacca Ficara a gagné la première questure. Mais ses relations avec le chef de l’Etat se sont vite dégradées avec les coups bas et les autres intrigues entre les acteurs politiques de la mouvance présidentielle dans la 20ème circonscription électorale. Le député Sacca Ficara à qui Yayi Boni a pratiquement remis la clé de la zone, avait le vent en poupe et s’est beaucoup investi dans les grands projets de la grande Vallée initiés tous azimuts après la mise en place du bureau de la cinquième législature. Il a vite perdu la confiance du chef de l’Etat qui a préféré le remplacer par son ministre de l’Urbanisme, Noudégbessi. A l’Assemblée nationale et suite à d’autres difficultés, Sacca Ficara a pris ses distances vis-à-vis de certains membres du bureau qui est désormais très divisé. Sur les sept membres de ce bureau, trois dont Sacca Ficara se sont retrouvés dans le groupe des 13. Avec la crise et les différentes prises de position qui ont suivi, le premier vice-président André Dassoundo a préféré, pour le moment, ne pas prendre officiellement de position. Mais officieusement, il est classé dans la vague des contestataires. Ainsi, le président Mathurin Nago ne peut véritablement compter qu’avec le deuxième questeur Mama Djibril Débourou et la deuxième secrétaire parlementaire Amissétou Affo Djobo. Les problèmes ont commencé avec les frustrations nées avec la mise en place des groupes parlementaires de la mouvance présidentielle. Les contradictions étaient telles que le groupe des 13 députés qui ont renforcé la majorité présidentielle à 48 membres s’est désolidarisé et a sorti un mémorandum. Entre temps, des menaces d’arrestation ont été proférées contre l’un des 13. Et les prises de positions trop tranchées des éléments d’un groupe religieux, la descente des ministres dans le pays et le projet de liste unique pour les prochaines municipales vont renforcer la crise au point d’obliger les autres acteurs politiques du pays à sortir de leur réserve. Ainsi, après le député Rachidi Gbadamassi à Parakou la semaine dernière, c’est Sacca Ficara qui était à Bonou hier. Et d’autres sorties de taille seraient attendues pour les prochains jours dans d’autres localités pour contrer, dit-on, l’hégémonie des groupes Cauris.

J-C. H


18/02/2008
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