"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

In le Béninois Libéré
En temps normal, le président de l'Assemblée nationale devrait attendre de la Cour constitutionnelle en fin de mandat une lettre lui demandant de procéder, avec le collège de députés qualifiés, à la désignation des nouveaux membres de l'Assemblée. Mais ce n'est pas le cas actuellement car le professeur Nago en se servant de ses prérogatives, a convoqué pour ce jour à 17H00 en un lieu tenu secret les membres de la conférence des présidents en vue de la désignation des Sages qui vont bientôt siéger à la Cour constitutionnelle. Même si l'acte paraît anodin, il cache cependant une grosse arnaque en ce sens qu'on a attendu l'absence de certaines têtes de la famille dudit collège, hostiles à cette décision précipitée et non mûrie, pour lancer cette invitation fut-elle antidatée.

En effet, le président Nago, aux ordres, veut simplement opérer une désignation des membres de la Cour constitutionnelle avant que le bateau ne chavire. Car qui sait le risque que court le chef de l'Etat si cette désignation se faisait après l'ère Nago. La chose est d'autant plus évidente que Boni Yayi demandait aux députés Fcbe au cours de leur dernière rencontre de patienter, de souffrir au besoin le martyr pour rester ensemble et soudés jusqu'en juin. Période qui n'est pas choisir au hasard dans la mesure où elle coïncide avec la fin de mandat de l'actuelle Cour constitutionnelle. Sentant sa côte de popularité en état d'âme, Boni Yayi croit malheureusement dur comme fer que sa réélection en mars 2011 dépend du visage de la future Cour constitutionnelle. Se faisant, il est hors de question pour lui qu'une désignation de ses membres intervienne après que la locomotive de l'Assemblée menacée de destitution ne le soit effectivement.

C'est d'ailleurs pour condamner cette ruse du pouvoir que des députés de l'opposition informée de la supercherie ont transformé hier tard dans la nuit, aux environs de 1H00 du matin, l'Hémicycle en un ring verbal pour empêcher le hold-up de ce jour. Pour la plupart des députés, si c'est pour opérer ce coup d'Etat que le président Boni Yayi a écourté son séjour de Bamako, il aura commis une erreur fondamentale. Car il n'aura rien. La logique du chef de l'Etat, qui est de récupérer l'essentiel et le plus important dans le tsunami qui veut emporter Nago, a manqué de tact. Dès lors que ses sombres desseins sont maintenant tombés dans le domaine public, les Béninois comme un seul homme doivent dire non à cette façon d'agir. Nous avons choisi un banquier, économiste de surcroît, pour avancer et améliorer les agrégats économiques de notre pays et non pour faire de la politique politicienne qui est depuis peu en train de spolier le Béninois de son identité.

Aboubakar TAKOU