"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Interview exclusif de Dayori

LE BENINOIS LIBERE  - - 15 février

"Le gouvernement YAYI me reproche mon refus de la liste unique FCBE"

Depuis l’avènement du président Boni Yayi, le régime s’est rendu tristement célèbre à cause des arrestations arbitraires dont il fait preuve, de son habitude à s’immixer dans le judiciaire et de sa tendance à régler des comptes. Après le cas Rachidi Gbadamassi, Séfou Fagbohou, c’est l’honorable député Antoine Dayori qui a fait les frais de ces agissements incompatibles au processus démocratique en cours au Bénin. En effet pour avoir refusé de figurer sur la liste unique proposée par le chef de l’Etat, le 2ème vice-président de l’Assemblée nationale a été victime d’une machination. Il a été à tort accusé de flagrant délit. Mieux, il a été demandé au procureur de le rechercher sur toute l’étendue du territoire national et de l’arrêter alors qu’aucune évidence n’a été établie par rapport à sa culpabilité. C’est donc pour couper court à cette injustice digne du régime en place que son conseil, le bouillant maître Kato Attita à travers le présent recours a saisi la Cour constitutionnelle. Tout ce qui montre que c’est un pur acharnement se retrouve dans ce recours. De plus sur la même page, nous vous proposons l’intégrité de l’interview accordée par le député aux organes de presse.

‘’C’est le garde des sceaux qui a dit de m’arrêter’’

Depuis quelque temps, le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale de notre pays est l’objet d’une poursuite judiciaire pour un cas de flagrant délit. Rapproché, il a bien voulu apporter sa part de vérité. Lisez plutot.

Le Béninois Libéré :Vous êtes l’objet d’une poursuite judiciaire pour une infraction qualifiée de flagrant délit. Quelle est votre part de vérité ?

Député Antoine Dayori : « Par rapport au fameux flagrant délit, je vais vous dire exactement ce qui s’est passé. Et chacun pourra faire ses interprétations. J’étais allé à Tanguiéta pour préparer la base par rapport aux élections municipales. Vous savez le député c’est aussi un centre social. Plusieurs personnes viennent poser des doléances. C’est ainsi que j’ai reçu une jeune fille introduite par mon bureau. La fille avait un problème scolaire. Je précise que je l’ai reçu en présence de mon staff politique, mes camarades politiques étaient là, et elle a quitté mon domicile devant eux. Et comme il faisait nuit, pour rassurer les parents, qui sont des gens du sud. Je donne cette précision pour que vous compreniez la situation géopolitique de Tanguiété. Tanguiéta a 7 ethnies dont ceux qu’on appelle les fons ou les dahoméens. Les fons constituent mon électorat car il votent généralement pour moi. Les parents de cette fille sont mes électeurs. C’est donc dans le cadre de mes opérations de charmes politiques que je l’ai aidée. C’est pour sa sécurité puisse qu’il faisait nuit que j’ai demandé à mon chauffeur de la déposer. Et le papa de la fille a brisé le véhicule. Il ne l’a pas fait devant sa maison. Mais il a brisé le véhicule devant la maison du peuple de Tanguiété qui est au centre de la ville. Puisse que entre temps mon chauffeur est allé là-bas prendre un pot. C’est après que j’ai appris l’histoire aux environs de 1heure du matin. Donc j’ai instruit mon chauffeur d’aller porter plainte à la brigade. Le lendemain, j’ai vu les gendarmes devant ma porte. Ils disent que je dois témoigner pour un flagrant délit. Je dis bon comme le véhicule a été brisé, qu’on parle de flagrant délit alors la définition tient. Moi, j’ai fais ma déposition normalement. C’est après que mes militants me disent : Attention Monsieur le président, il y a les autorités locales et certaines autorités à Cotonou qui sont en train de politiser cette affaire. En vérité, je n’avais pas cru. Le lendemain, je suis allé voir le chef brigade pour savoir la conduite à tenir. Il m’a dit que je peux rentrer avec le véhicule. Donc je suis arrivé à Cotonou avec le véhicule. C’est le lendemain, le lundi matin que j’ai vu un peu partout dans la presse « enlèvement, séquestration viole de mineur » concernant monsieur Dayori. Je ne comprenais rien. Et comme j’ai une mission interparlementaire Acp Ue dont je suis le vice président, donc je devrais me rendre à Kigali. C’est à mon retour que j’apprends que je suis témoin d’une affaire de flagrant délit ‘’d’excitation de mineur à la débauche’’. Evidemment je ne comprenais rien. Mais je me dis quelqu’un qui est venu solliciter une aide que j’ai porté. Encore que cette fille vient de passer un mois à Tanguiéta car elle revient du Bassa au Togo. J’étais surpris. Alors j’ai commis mes avocats et je leur ai demandé d’essayer de consulter le dossier pour voir de quoi il s’agit exactement. C’est ainsi que mon avocat s’est rendu à Natitingou au tribunal lors de l’audience du 27 novembre. C’est à son retour qu’il me dit qu’il y a effectivement un dossier d’incitation de mineur à la débauche. »

Mais à quelle heure exactement la fille est venue dans votre domicile et quand est-ce qu’elle est repartie ?

« Hummm. Je pense entre 20h30 et 21h. Il y avait beaucoup de monde chez moi. C’est autour de 22 heures que je l’ai reçu. Puisque c’est un problème scolaire, je lui ai donné 20.000 CFA. Et elle est repartie vers la véranda. Et j’ai dit que je voudrais voir ses parents. »

Qu’elle a été votre démarche suite à la confirmation de votre avocat ?

Bon j’étais dans l’attente quand le procureur de la République a lancé une réquisition pour me rechercher sur tout le territoire national et m’arrêter. Dans un premier temps, j’ai pensé que c’était faux. Mais les rumeurs persistaient. J’ai dit à mon avocat s’il y avait une réquisition contre moi cela devrait se retrouver dans le dossier. Mon avocat est reparti à Natitingou pour vérification. Et c’est comme ça qu’il a découvert la réquisition avec les instructions du ministre garde des sceaux qui a demandé de m’arrêter et de constituer un tribunal spécial pour me juger. Je me demande à partir de cet instant comment je vais passer de statut de témoin pour accusé. La seule instance capable de m’accuser c’est quand même, le tribunal de première instance de Natitingou. »

Savez vous qu’un témoin peut devenir l’accusé au regard des faits ?

Mais je sais. Dans ce cas c’est seul le tribunal de Natitingou qui connaît les faits, peut les apprécier et les qualifier. Si c’était donc le tribunal qui prenait une telle décision alors je comprenais. J’ai commencé par fouiller et j’ai compris d’où ça venait

Mais est-ce qu’au jour d’aujourd’hui vous êtes poursuivi ?

Non. Je rappelle que jusqu’aujourd’hui, je ne suis pas poursuivi. Je suis témoin.

Vous êtes recherché au moins

Oui puisque que la réquisition dit qu’il faut m’arrêter

Pour témoigner où pour être jugé ?

Mais l’instruction du ministre dit : primo de m’arrêter d’où la prise de la réquisition ; secundo de constituer un tribunal spécial pour me juger. J’ai donc attaqué la réquisition du ministre puis que nous sommes matière correctionnaire. Dès lors que le procès démarre, le procureur devient parti au procès. Il y a la victime, l’accusateur et la défense. Et il appartient au juge selon son ultime conviction de prendre les décisions qu’il juge nécessaires. Je précise qu’il n’y a rien car l’excitation à la débauche ou viole de mineur répond à des critères précis. Aucun élément constitutif de l’inflation n’a été soulevé. Je précise que la situation a évolué au point où la fille a été amenée à l’hôpital saint Jean de Dieu. La première rumeur qui a circulé, c’est qu’il y a eu viol. Heureusement, ils ont constaté que la fille est vierge. Maintenant on revient à l’excitation à la débauche. Mais, je dis une fois encore que je sais d’où est ce que ça vient. Ça vient du haut, ça c’est clair, j’ai mis ça dans mon recours. »

Vous mettez quoi dans haut. Vous voulez parler du gouvernement ?

Mais c’est clair. Quand le ministre garde des sceaux dit au procureur en catimini je dis bien en catimini parce qu’il aurait dû passer par le procureur général près la cour d’appel de Parakou qui va à son tour donner les instructions au procureur du tribunal de Natitingou. Mais il ne l’a pas fait. Il a contourné l’autorité du procureur général. ‘’C’est le garde des sceaux qui m’a dit de l’arrêter’’. Le procureur l’a écrit avec sa plume.

Qu’est-ce que le gouvernement vous reproche. Pour quoi il vous en veut ?

Je ne sais pas. Peut-être parce que j’ai refusé d’aller sur la liste unique. Il y a eu beaucoup de réunion dans ce sens. Et j’ai dit non. Vous savez, je suis du Nord. Vous comprenez ce que je veux dire.

Est-ce que vous avez porté l’affaire au niveau des autorités du parlement

Oui mon avocat a écrit au parlement avec tous les éléments d’appréciation. Et moi-même j’ai écrit à tous les députés pour les informer de la situation car personne ne comprenait rien. De viol à l’excitation à la débauche. C’est confus. Je précise que j’ai attaqué la décision devant la Cour constitutionnelle. Ce qui bloque la procédure d’exécution de la réquisition jusqu’au moment où la cour va trancher. »

Propos recueillis pour Le Pays Emergent et le Béninois Libéré



15/02/2008
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