Joseph OGOUNCHI :
la complicité du bondieusard et de l’Ayatollah |
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22-04-2008 | |
Florent COUAO-ZOTTI
In la Nouvelle tribune Dépoussiéré des archives de l’ORTB, arraché aux papitos et aux mamitas au milieu desquels il jouait les gentils toutous, Joseph Ogounchi, notre oncle Jo national, s’est découvert, depuis le 6 avril 2006, une santé de jeune premier à la télévision nationale. Les journalistes mouflets qui ont cru au poisson
d’avril lorsque le doyen se fit massif à la rédaction, durent se rendre
compte que l’homme était bien de retour. Pas question de lui disputer
quoi que ce soit, surtout les reportages sur les bondieuseries et
compagnie. Pas question de se risquer sur les traces de la nouvelle et
étincelante première dame. Son credo ? Etre là, bien là, même si cette
présence peut paraître constipante. Ce que j’admire particulièrement chez lui, c’est son courage, unique en son genre, pour être revenu derrière la caméra au moment où les journalistes de sa promotion se sont fait hara kiri en devenant d’affreux obèses derrière d’opulents bureaux ou d’heureux joufflus dans on ne sait quelles institutions internationales. Lui, n’a écouté que sa fibre de journaliste, conscient que son expérience pouvait encore fait école dans une rédaction où il n’y avait qu’impatience, maladresse et impertinence juvéniles. Ce que j’admire aussi chez lui, ce sont ces succulents reportages urbi et orbi – titre puisé dans ce vocabulaire latin dont il demeure le fidèle allié – où il te tronçonne les mauvaises habitudes des citoyens dans la ville de Cotonou ou sur les axes routiers du pays. Rien ne se dérobe à son observation : les surcharges automobiles, la destruction des panneaux de signalisation, les fous qui se sont échappés de l’asile et même les brebis égarées. Parlant justement de brebis en quête de bergers, oncle Jo n’y va pas du dos de la cuillère à manioc. Chaque fois qu’un homme politique doit réciter une prière dans la plus petite des églises du Bénin, cela devient pour lui un événement. Débarqué sur place, il ramène alors des reportages qui nous abreuvent de discours chrétiens et parfois crétins, sans commune mesure avec le caractère laïc de la république. Comme lors de la semaine pascale où il a consacré sept minutes sur dame Chantal, la miraculée et stigmatisée de Dieu à qui Jésus Christ aurait confié un message pour le président de la république. Une soupe bondieusarde diffusée au moins cinq fois et qui, à défaut de transformer le téléspectateur en James bondieusard, pourrait lui donner envie d’être athée… Mais là où le urbi se joue violemment de l’orbi, c’est quand notre Jo national devient un Ayatollah béninois sans barbe, ni turban, c’est-à-dire, un intégriste pur et dur, passionné fou de l’autre Chantal, la première dame du Bénin. Oui, à croire qu’avec les Chantous, l’oncle craque comme une allumette. Nommé au cabinet de la first lady depuis près de deux ans, le doyen se croit obligé de mélanger les genres. Il veut être à la fois journaliste indépendant, défenseur du changement, porte parole de la première dame et donneur de leçons. Aux multiples haut-parleurs de l’exécutif, aux nombreuses associations qui hurlent à tout venant leur foi en Yayi, il veut ajouter sa voix, en égrenant des commentaires politiques sur la chaîne de télévision, l’ORTB. Il parle – lui aussi ! – de la « vieille garde politique », affiche clairement son amour inaltérable pour le président et se permet d’attaquer les gens qui, à son avis, ne valent pas tripette. Ah, pauvre oncle Jo ! Lui qui, devant les bambins de sa rédaction, avait juré que personne ne l’enterrerait vivant, c’est lui qui veut organiser aujourd’hui des funérailles de premier choix pour ladite vieille classe ? Et pourtant, il y a peu, il était le porte-flambeau de la Renaissance du Bénin… C’est vrai que d’avoir joué pendant longtemps dans la cour des papitos et des mamitos vous donne des habitudes vieillottes. C’est vrai aussi qu’avec les affres de la retraite, on peut perdre les notions abécédaires de la pratique journalistique au point de confondre commentaires, reportages, propagande politique et prêche religieuse. A moins que ça soit un véritable cache-misère. Comment dit-on déjà « mauvaise foi» en iwarétché ? |
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