"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Pro et contre-pouvoir

In la croix du Bénin, Hebdomadaire Catholique de Doctrine et d'Information
22 février 2008/N°931

Pour que le peuple au nom duquel s'exerce le pouvoir ait quelque chance d'y trouver son compte, la théorie démocratique et la Constitution du 11 décembre 1991 prévoient non seulement la séparation des pouvoirs, mais encore plus l'existence d'institutions de contre-pouvoir. Or l'idée même de contre-pouvoir ne paraît plus jouir d'une bonne perception en cette ère du changement où tout et tous doivent être pro pouvoir dans un mouvement de moutons de Panurge dont le style ne trompe plus. Une des caractéristiques de ce mouvement, ce sont des sorties médiatiques soudaines de personnalités qui s'emploient, s'enfoncent et se confondent dans de tortueuses démonstrations pro pouvoir mal montées.

En écoutant monsieur le président de l'Observatoire de lutte contre la corruption (OLC), sur une chaîne privée le week-end dernier, plusieurs questions ont laissé l'opinion sur sa faim. A moins qu'il se confonde à la Cour constitutionnelle que le pouvoir a déjà saisie, qu'est-ce que le président de l'OLC va chercher dans une crise entre le pouvoir exécutif et une institution de contre-pouvoir, la Haute autorité de l'audiovisuelle et la communication (Haac) ? Le changement aurait-il rendu ce président aussi désoeuvré déjà ? Qu'il fasse alors un tour rue escortes douanières, puisqu'on ne l'y a point entendu, juste au cas où il a peu envie de décrier l'oubli dans lequel tombent les affaires qu'il a récemment dénoncées à cor et à cri.

Après la crise des gsm, l'actuelle crise dont nous ne voyons que l'iceberg indique l'inouïe complexité de notre gestion des télécommunications et des communications. Il faut ici se méfier du zèle pro pouvoir et souhaiter que le pouvoir et le contre-pouvoir jouent leur rôle de contrôle et de balance afin que les intérêts du peuple béninois en matière de communications et de télécommunications soient mieux assurés.