"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

La lettre du président

Editorial de Arimi Choubadé parus dans le quotidien béninois Le Nokoué

 17 septembre

Satisfecit présidentiel pour tout le monde : travailleurs des réseaux Moov et Areeba, consommateurs, peuple béninois, gouvernement ; clin d’œil aux musulmans en début de carême 2007. Les spécialistes de littérature présidentielle se chargeront d’apprécier les contours de la prose diffusée sur les ondes en guise de conclusion à la crise des Gsm. Néanmoins, on peut se permettre une moue dubitative sur le fond vu l’angélisme envoûtant du texte lui-même.

Je me refuse de croire que le chef de l’Etat dont le degré de conscience et de méthode est vanté à longueur de journée par les courtisans, soit préoccupé par des missives enflammées à ses chers concitoyens alors qu’il se trouve en mission de haute importance à des milliers de kilomètres. L’acte 1 est intervenu pendant son séjour sud africain pour annoncer l’imminence d’un accord avec son homologue Thabo Mbéki sur Mtn. Tous ceux qui ont suivi la télévision nationale le vendredi 14 septembre se sont rendus compte de la fébrilité de la manœuvre sur ce premier essai passé en boucle en bas d’écran et écorchant grossièrement le nom de l’hôte du docteur-président. Le second essai survient alors qu’on annonce le champion du changement au Botswana.

La constance dans ces deux textes c’est qu’on leur fait porter la couverture du chef de l’Etat. Avec en filigrane un empressement à solder cet épisode tumultueux de la suspension des réseaux Moov et Areeba. Une sorte de liquidation à peu de frais. Je demeure convaincu que cela ne peut être la conviction du président Yayi Boni. On ne décrète pas une charte de gouvernance comportant le devoir de compte rendu et la transparence pour choisir plus tard de faire l’économie d’un grand débat national autour du bilan d’une crise majeure. Cela ne lui ressemble pas.

Tout Béninois est en droit de savoir à qui a profité cette affaire. A l’Etat béninois qui a manqué de percevoir des taxes sur la consommation durant deux mois et de nombreuses autres redevances ? Aux petits épargnants qui commercent laborieusement autour des dérivés de téléphonies mobiles et qui ont été privés de sources de revenus ? Aux opérateurs de Moov et d’Areeba dont les caisses sont restées figées durant tous ces longs mois ? Aux agents de ces deux réseaux réduits au chômage technique et soumis au stress de la menace d’une perte d’emploi définitive ? À un pays qui a perdu beaucoup de sa crédibilité vis-à-vis de gens incapables de joindre des correspondants locaux depuis l’extérieur ?

Qu’on ne s’y trompe point, au milieu de ce vaste champ de désolation et de pauvreté accentuée, quelqu’un a de réels motifs de savourer sa satisfaction : l’opérateur Globacom. Le chef de l’Etat serait très instruit de demander aux doctes de l’autorité transitoire de régulation des télécommunications comment on pouvait admettre un nouvel opérateur s’il n’y avait pas eu cette ce 12 juillet 2007. La fausse crise n’a permis que cela en fait : introduire Globacom. Comment ne pas songer à l’existence d’un agenda caché et d’une préméditation dans cette affaire ? Seule la suite de la lettre du président peut nous renseigner d’avantage.

Vivement cette suite…

 



18/09/2007
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