La loi sur l’élection des membres des conseils des collectivités territoriales en République du Bénin
La proposition de loi fixant les règles particulières applicables aux
élections des membres des conseils des collectivités territoriales en
République du Bénin a été votée à l’unanimité des députés présents et
représentés, avec trois abstentions, hier nuit, dans une ambiance de
contestation totale de certaines dispositions du texte.
Les points d’achoppement sont très nombreux. Ceux qui ont fait objet de
vives polémiques sont au nombre de trois. Dans un premier temps, les
députés, toute tendances confondues, se sont dressés contre le
gouvernement pour refuser les critères liés aux diplômes avant de
postuler aux postes de conseiller ou de maire. A cet effet, ils ont
estimé que les initiateurs de la loi ont trop poussé le bouchon en
exigeant le Bac pour les maires et le Bepc pour les conseillers. Au
bout d’une longue discussion, les députés sont revenus au statu quo.
C’est-à-dire pour être conseiller, il faut savoir lire et écrire et
pour être candidat au poste de maire ou adjoint au maire, il faut
démontrer sa capacité de gestion au plan local des projets de
développement.
Le second point qui a suscité de véritables disputes entre les députés
est relatif aux pièces à fournir pour être chef quartier. L’article
incriminé voudrait que les intéressés fournissent : un acte de
naissance ou jugement supplétif, une attestation de résidence et une
carte d’électeur. Non ! rétorquent les députés Ismaël Tidjani Serpos,
Augustin Ahouanvoébla, Eric Houndété, Lazare Sèhouéto et Timothée
Gbédiga. Selon eux, il faut nécessairement un acte de justice attestant
que le candidat n’est pas un repris de justice. C’est-à-dire un casier
judiciaire.
Les députés Epiphane Quenum et Edmond Zinsou sont intervenus pour
expliquer à cet effet, que tous les citoyens ne seront pas en mesure de
fournir leur acte de naissance ou jugement supplétif parce qu’à la date
d’aujourd’hui, ni le Ravec, ni la lépi ne sont encore une réalité. Ils
estiment donc qu’il faut laisser l’acte de naissance et exiger
seulement le certificat de résidence. Un débat houleux s’en est suivi.
La présidente de la commission des lois, Mme Hélène Kêkê, traitant les
amendements, ne voulait pas reconnaître la souveraineté de la plénière.
C’est ainsi que les députés Chabi Sika, Epiphane Quenum, Augustin
Ahouanvoébla et beaucoup d’autres se sont lancés dans une discussion de
contestation avec le président de séance André Dassoundo et Mme Kêkê.
Tellement, il n’y avait plus d’entente que l’honorable Epiphane Quenum
a demandé au nom de son groupe parlementaire une suspension de 30 mn. A
la reprise, les esprits se sont un peu calmés. C’est dans cette
ambiance de méfiance que les députés ont examiné les cinq titres de la
loi en question.
Avant de passer au vote l’ensemble des articles de la loi, il y a eu des justifications de vote.
Eric Houndété a dit qu’il va voter la loi, mais il tient à exprimer
quelques sentiments de regret. Selon lui, on ne peut pas vouloir une
chose et son contraire à la fois. Il y a trop de flou dans la loi. Car,
ils sont conscients qu’ils sont en train de construire sur une
fondation qu’on est prêt à reprendre. Pour Chabi Sika, on tend vers le
bout du tunnel. Il a exhorté les députés à voter la loi afin de doter
notre système électoral d’un arsenal juridique. Il a aussi manifesté
son regret du fait que la loi a été vidée de son réel contenu. Selon
lui, il s’agit d’une loi frelatée.
Epiphane Quenum a estimé que certains députés continuent de tricher
avec eux-mêmes. Il ne conçoit pas qu’un maire ne puisse avoir un niveau
de cadre de conception. Il a été soutenu par l’honorable Serpos et
beaucoup d’autres parlementaires.
Pamphile ZINSOU-PLY
25 Septembre 2007
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