ORGANISATION D’ÉLECTIONS CRÉDIBLES AU BÉNIN
Les inquiétudes persistent
In L'Autre quotidien-Les prochaines élections municipales et communales de décembre 2007 s'annoncent avec encore beaucoup d'incertitudes et d'appréhension. Depuis les dernières élections législatives, les plus chaotiques de l'histoire des élections au Bénin, aucune réforme n'est encore intervenue pour rassurer véritablement.
En prévoyant des ressources pour les prochaines élections municipales et communales dans la loi de finances rectificatives au titre de l'exercice budgétaire 2007, le gouvernement vient rappeler que dans quelques mois le corps électoral sera à nouveau convoqué aux urnes pour élire les conseillers communaux et municipaux. Ces élections devront conduire à celles des nouveaux maires. Certaines sources indiquent même que le gouvernement entend opérer un couplage de ces élections avec celles des conseils locaux ainsi que les délégués et chef de village. Il s'agit donc d'un événement important puisque ces élections constituent la deuxième édition de consultations de proximité après celles de 2002 qui a révélé de nombreuses insuffisances.
Depuis des élections se sont succédées avec les mêmes lacunes dans l'organisation, notamment des membres de commission électorale nationale autonome (Cena) de plus en plus partisans et qui ne prennent pas véritablement la mesure de la responsabilité qui leur est confiée. La Cena des législatives de mars 2007 a montré toutes les limites de cette institution, en principe impartial, fruit du génie béninois. Considérée comme un espoir pour l'enracinement de la démocratie, la Cena, en particulier celle des législatives 2007, appelle à des réflexions profondes et sincères. Le chef de l'Etat l'a si bien compris qu'il a demandé à un collège de juristes de haut niveau de lui proposer des réformes en vue d'améliorer le système électoral du Bénin. Cette commission a accompli sa mission en déposant son rapport qui n'est plus, depuis des mois, évoqué nulle part. On avait espéré, à juste titre, que le chef de l'Etat puisse accélérer la procédure qu'il a lui-même initiée, à la satisfaction générale , pour corriger certaines insuffisances avant la tenue des prochaines élections législatives et communales.
Le chef de l'Etat agit peut-être avec beaucoup de discrétion. Mais toujours est-il que les consultations et les débats annoncés ne se tiennent pas encore au point où l'on a des raisons de penser que le schéma des élections précédentes avec les résultats déplorables enregistrés sera encore reconduit. En effet, les problèmes soulevés n'ont pas encore officiellement trouvé des solutions. Dans ce cadre, on a souvent évoqué la question des modalités de désignation des membres de la Cena, la moralité de ces hommes et femmes qui animent l'institution, leur effectif jugé pléthorique, le coût très élevé des élections au Bénin. L'opinion publique est particulièrement préoccupé par la coloration politique des membres de l'institution qui ont souvent tendance à oublier le serment qu'ils prêtent à leur entrée en fonction. Certains membres de la Cena commencent par faire courir de graves dangers à la démocratie béninoise au point où certains se demandent s'il ne fallait pas retourner simplement la prérogative de l'organisation des élections au ministère de l'Intérieur. Certaines sources font état de propositions de lois qui sont déjà introduites au parlement à l'Assemblée nationale pour introduire certaines réformes dans le système électoral. Les députés, qui sont également l'initiative des lois, devront donner la preuve de leur disponibilité et engagement à corriger progressivement les insuffisances souvent relevées. Il faudra à ce propos faire preuve de courage et d'audace pour sortir des sentiers battus.