"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Tracasserie policière au Bénin pour

"La presse d’opposition…"
8 janvier

Arimi CHOUBADE

Plus rien n’échappe désormais au manichéisme ambiant. Les puristes de l’émergence n’arrêtent plus d’ériger les murs de démarcation, entre les alliés et les autres. En l’absence d’une reconnaissance juridique d’une opposition républicaine, c’est à la doctrine que revient la charge de la stigmatisation. Dassoundo, Davo, Débourou, Hountondji et autres ont eu l’opportunité d’édifier l’opinion sur le manuel de l’adversaire-type vu de la marina. L’exercice aurait pourtant été plus simple si les décrets d’application du statut de l’opposition avaient été pris.

Mais visiblement, la classification ne se limitent pas qu’aux politiques. Un secteur d’expression publique comme la presse ne pouvait pas laisser indifférent les exégètes du caurisme. Ironie du sort, c’est une des gazettes nées avec le changement qui s’investit de la mission d’identifier « la presse de l’opposition ». En référence à tous ces médias qui éprouvent le malin plaisir de relayer des faits et opinions non-émergents.

Une motion de grève de magistrats ou d’enseignants, une déclaration d’un leader de la « minorité parlementaire », un commentaire de syndicaliste sur la reprise des débrayages dans les écoles ; seul un journal de l’opposition peut se permettre d’en faire mention. Une rédaction émergente aurait tout simplement refusé de diffuser tout support politiquement non conforme à la vision du changement. Personnellement, je m’en suis rendu compte en me retrouvant un jour dans le bureau du chef d’état-major général des armées entouré de généraux et de colonels, plus d’une heure durant. Une semaine plus tard, c’est un collaborateur qui passe devant le ministre de la Défense. On ne peut parler là d’incidents ou de bavures mineurs. Il s’agit d’actes d’institutions de référence.

L’engagement politique suppose l’existence d’une alternative claire. L’opposition aspire à gouverner et à être une force de propositions. Ce qui ne correspond en rien aux caractéristiques d’un organe de presse. Il n’est pas exclut que des confrères puissent nourrir des ambitions politiques de façon individuelle. Cela ne fait pas des rédactions des nids de ministrables voire de présidentiables. Les excès constatés à travers certains médias ces derniers temps correspondent plus à des opérations de renflouement de caisses de la part de leurs promoteurs qu’à des engagements de journalistes.

De nos jours, la corporation souffre de l’apparition de la génération cauris. Cette nouvelle vague de journaux prompts à lyncher proprement leurs confrères. On ne compte plus les insanités publiées sur Internet à propos d’une certaine presse étrangère au service d’une opposition intérieure versée dans la déstabilisation et la subversion. Un discours sur le bien et le mal sur fond de complote.

Les émergents qui embouchent cette trompette ne se rendent certainement pas compte de tout le tort porté sur le système politique actuel. C’est connu que les complots ne prospèrent qu’en cas de panne de dialogue. Le régime serait donc si fermé que ces opposants sont contraints à des expédients pour se faire entendre. Le docteur-président ne voudrait certainement pas que l’histoire retienne une telle image de lui-même et de son règne prétendument basé sur la gestion concertée.

Surtout ne pas se tromper de cible.

 



09/01/2008
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