"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Le discours lotterie :

Le miracle d'Adis-Abébas

5 février

Arimi CHOUBADE

Des milliards par millier vers le Bénin, au nom de l'Union africaine. Suite au retour « gagnant-gagnant » du docteur président d'Addis-Abeba. Plus que la qualité du rapport pondu par d'éminents experts béninois et étrangers, il parait que c'est le brillant exposé de Yayi Boni sur les Mécanismes africain d'évaluation par les pairs (Maep) qui a créé le miracle. Celui de déverser sur le pays des capitaux qu'il n'a jamais vu. Bravo ! Ce n'est pas pour rien que certains de ses compatriotes le comparent à Dieu. A peine s'ils se rendent compte de comment lui aussi se cramponne à ce Maep comme l'ultime bol d'air pour un changement en manque d'inspiration.

Comme des millions de Béninois, j'avoue que je ne connais du Maep que les séminaires et les discours doctes. Par contre, le bilan d'une décennie de l'Ua après le décès de son ancêtre l'Oua n'est que ruine et désolation. Le Maep n'arrive toujours pas à empêcher des milliers de jeunes gens de choisir le suicide par la mer que de subir la fatalité ambiante. Le même Maep n'a pas évité à N'djamena le chaos en pleine démonstration du docteur Yayi Boni à Addis-Abeba. Le Kenya, la Somalie. Et Biya qui s'active à jongler avec la loi fondamentale de son pays. L'actualité charrie au quotidien les prouesses de cette Afrique malade de ses politiques et de son intelligentsia.

Le gouvernement du changement maintient le cap de l'esquive : jamais les bonnes réponses aux bonnes questions. À croire que l'homme béninois n'a aucun rôle à jouer dans la problématique du développement de son propre terroir. Les milliards viendraient de l'extérieur résoudraient tout. Pendant ce temps la politique de liquidation de la bourgeoisie nationale se poursuit sans relâche avec des méthodes affinées au fur et à mesure – Talon, Salé, Fagbohoun, Adjovi, Lawal, Adjavon déclarés hors jeu.

Quoi de plus nuisible sur l'effort collectif national que l'insidieuse campagne sur le fameux exposé d'Addis-Abeba ? Après ce tapage, il serait fastidieux de demander à un Béninois de se mobiliser pour agir qualitativement sur son milieu. Il lui suffit d'attendre bonnement sa part du sésame de mille milliards décrochée par la seule et unique labeur du docteur-président. Ce régime-là en a besoin, de ces effets d'annonce soporifiques, à la limite des faits de Dieu sur un peuple de miséreux, d'analphabètes et de désespérés. Le Maep permet aussi au pouvoir de faire oublier sa promesse de l'apport de 5.000 milliards en 5 ans formulée au début de mandat.

Du projet de société parlons-en. En dehors des gourous du système, l'accessibilité au programme de développement incarné par le régime demeure un serpent de mer. Apparemment, il n'en existe pas ou, est si mal conçu que sa mise en musique apparaît quasi impossible. La preuve en est donnée par la gestion de la succulente filière des véhicules d'occasion. Le gouvernement n'a pas su quoi faire de 25 milliards stockés dans un compte hors budget national depuis 19 mois. A moins que ce ne soit pour « faroter » dans les arrondissements de Cotonou, Sèmè-Kpodji ou Parakou.

Le palmarès de l'Ua sur le plan du développement demeure vierge à ce jour. L'organisation traîne après elle depuis sa naissance une tare rédhibitoire, le manque de légitimité. Le mépris avec lequel les populations au nom desquelles on sable le champagne et on bousille les maigres deniers publics lors des sommets explique les retentissants échecs qui sanctionnent les timides initiatives : Nepad, représentation au conseil de sécurité de l'Onu, intégration, etc…

Et le Maep alors ? L'avenir nous le dira !

 



05/02/2008
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