Réaction de la FCBE
Le cas Galiou
Considéré comme le rebelle de la famille Soglo, Galiou assume
volontiers ce statut. Elevé au rang de ministre à l’ère du changement, le cadet
du clan Soglo défie inlassablement ses géniteurs. Il arrive que la promotion
d’un homme porte le deuil de la félonie et de la mutilation exceptionnelle de
l’éthique. Mais, le couple Soglo n’est pas exonéré de toute responsabilité dans
la déliquescence morale en cours et qui pollue l’environnement de la Rb.
Emporté sur les nuages des délices du pouvoir, le ministre
Galiou Soglo a encore joué la symphonie du changement. Sa réplique à la
déclaration commune des ténors de la classe politique sonne comme un engagement
forcené aux côtés de son bienfaiteur, le Dr Boni Yayi. Le tombereau de
critiques déversé sur la sortie musclée des leaders des partis Rb, Psd, Madep
et Prd traduit la volonté féroce du rebelle de se mettre dans la posture de
l’apostat politique. La vision du guérillero laisse percer la vérité sur une
question non encore élucidée. Galiou Soglo est-il le représentant de la Rb au gouvernement ? Les faits
semblent donner raison aux barons du parti qui nient toute implication dans les
négociations ayant conduit à la nomination du rebelle. L’initiative d’un
meeting de remerciement et les dernières déclarations injectées constituent une
clarification. Galiou Soglo est, avec toute son âme, dans le navire cauri. Le
contraire devrait être justifié par sa démission du gouvernement après le coup
de gueule de la Rb
dont les piques ont secoué le régime. Mais si Galiou est désigné comme un
’’monstre’’, il faut reconnaître que ce ’’monstre’’ est fabriqué et protégé par
Rosine Soglo présidente de la Rb
avec la complicité passive du leader charismatique du parti. Jugez-en vous-même
?
En 2006, Galiou Soglo est candidat à la présidentielle alors que
son frère Léhady est investi pour défendre les couleurs de la Rb à la même élection. Sur le
terrain, le cadet mène une campagne contre son frère aîné et sa formation
politique. En récompense à la mutinerie politico-électorale, la Rb de Rosine Soglo lui offre
une place de suppléant de luxe sur la liste du parti aux législatives. Le
rebelle est appelé à remplacer sa mère. Ainsi, la Rb commet l’une des erreurs les plus graves et
les plus bêtifiantes de son histoire. En guerre contre la Rb, Galiou demeure un député
potentiel du parti. La gestion des caprices de l’enfant prodige a longtemps
fragilisé la famille des renaissants. Elu député de la quatrième législature,
Galiou a pris l’habitude de vivre dans une sorte d’hybridisme politique. Son
statut d’intouchable entretient l’illusion encore rampante de son
assagissement.
Je constate amèrement que Nicéphore Soglo, collé aux vertus
américaines, n’a pas pu s’imposer comme Bush père pour gérer les rivalités
entre ses deux fils. Si Jeb et George ont pu, sous la bénédiction de leur
géniteur, se tracer un chemin en devenant respectivement gouverneur de la Floride et président des
Etats-Unis, Galiou et Léhady ne semblent pas bien confinés dans la répartition
des rôles. A ce niveau, le père a failli. Galiou a échappé à son contrôle. Chez
nous au Bénin, les séances de flagellation du fils récalcitrant existent
encore. Mais, la Rb
est plutôt dirigée par maman ; le père a un rôle honorifique.
Si les normes devraient être respectées conformément au tableau
des valeurs, Galiou méritait légitimement l’exclusion, la sanction idéale pour
l’accumulation de fautes lourdes. La
Rb qui confond les époques se trompe malheureusement sur ses
cibles. La thérapie du mal est plutôt maladroite. Conséquence : le parti perd
progressivement et dangereusement sa notoriété. Il a connu une saignée de
démission et l’anémie s’est traduite par une dégringolade dans le baromètre
électoral. Guédou, Adjanonhoun, Houdé, Houédjissin, Azannaï...ont fait
défection le plus souvent par contrainte politique. Mais Galiou reste, malgré
la pagaille. Les effets de la génétique sont parfois cruels et injustes. Pour
sauver la Rb,
Rosine et son époux ont besoin de se libérer des pesanteurs de la paternité et
soigner l’image de leur formation politique en souffrance. Entre Galiou et
Léhady, ils ont déjà fait leur choix pour la succession. La Rb n’étant pas un patrimoine
familial, il va falloir exclure le fils qui se montre rebelle à l’ordre établi.
J’ai cependant l’impression que dans des circonstances données, la dame de fer
perd son courage. Et Galiou peut se pavaner en narguant le parti.
Sulpice O. Gbaguidi, 18 mars 2008