Approximations émergentes
Les inondations de la politique
lundi 30 juin 2008
ARIMI CHOUBADE
Rédigé le 30 juin 2008
Si la saison des pluies n’avait pas existé les
émergents allaient l’inventer. Le porte-parole du gouvernement exulte de
constater que Cotonou est sous l’eau. Parce que cette ville a osé se refuser au
docteur-président. Elle serait tombée entre les mains des émergents que son
sort aurait été tout autre. Une sorte de second tour des municipales propices
au refoulement des déceptions et des frustrations des 20 avril et 1er mai.
Admettons une incapacité avérée de Soglo et de
son équipe face aux inondations, à en croire Alexandre Hountondji et compagnie.
Qu’ils prennent au moins la peine d’exhiber le modèle de commune qui s’en est
sorti grâce au génie du pouvoir du changement. Abomey-Calavi par exemple dont
le conseil municipal a basculé dans la mouvance cauris depuis deux ans connaît
un sort largement plus dramatique que celui du Littoral. Malgré les plongées
mémorables du chef de l’Etat dans les marécages de Womey et la réquisition du
génie militaire, les flots et les marres y battent tous les records de
nuisance. A la différence des gens de Wologuèdè qui connaissent désormais le
nombre de centaines de milliards nécessaires pour assainir Agla, Vossa,
Akpakpa, la défunte équipe de Liamidi de Dravo ignore tout du sort à réserver à
Godomey, Dèkoungbé, Gbodjè et consorts.
Ce débat sur les inondations a longtemps souffert
de la primauté des sens sur la jugeote. Ce qui est clair, aucun maire, aucun président
de
Nobles, les intentions de Yayi pour les inondés.
Le fameux programme du gouvernement est la bienvenue pour tous ceux qui
vivotent auprès des marres et des étangs infestés de nuisances diverses. Sauf
que la loi exige qu’en la matière, les ressources soient mises à la disposition
des conseils municipaux. Transfert de ressources et de compétences. La
législation sur la décentralisation dénie au chef de l’Etat le droit de se
transformer en éboueur, en secouriste nageur ou en creuseur de digue malgré sa
profonde compassion et passion, plusieurs déclamées, pour les sinistrés.
Des années que des spécialistes recommandent une
mobilisation nationale autour de la question de l’eau. Les petits écoliers
savent que l’eau qui quitte les tréfonds de l’Atacora échoue dans le Nokoué en
traversant tout le Bénin de part en part. Une meilleure maîtrise du système
d’irrigation des terres peut aider à détourner les eaux au profit de
producteurs agricoles qui en ont grand besoin plutôt que de laisser les trombes
importunées les gens dans leur domicile à des centaines de kilomètres plus
loin. Il s’agit là de quelques bribes de théories bien connues des
organisateurs de marcheurs de paysans au ministère de l’Agriculture.
Sauf que, suivre les prescriptions des
spécialistes équivaut à supprimer une arme politique redoutable, celle qui
consiste à pêcher en eaux d’inondation en pleine habitations par grogneurs
interposés dans les communes rebelles. Procédé aussi vieux que le régime du
caméléon qui a fourni un contingent non négligeable à celui du changement.
Contrairement aux pluies qui surviennent par
saison, les approximations du régime, elles, sont permanentes.
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