Le rappel à l’ordre
de Dieu aux « Yayistes »
Par Frédéric Joël AIVO
« A
Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César ».
Qui se prend pour Dieu sera rappelé à l’humanité par sa
mortalité. Même ses seules difficultés, ses nombreux souhaits non exhaussés,
ses préoccupations laissées insatisfaites et sa parole mielleuse mais
impuissante parce que non suivie de solution lui rappelleront qu’il n’est qu’un
homme parmi les hommes.
Cette maxime simplement imposée par le bon sens et la
morale religieuse à laquelle nous avons tous été initié soit à l’Ecole
coranique soit au Catéchisme semble de plus en plus ignorée. Elle est
aujourd’hui foulée au pied par ceux à qui la course aux strapontins, aux prébendes
du pouvoir fait perdre la tête. Non contents de présenter le Chef de l’Etat
comme un Messie que l’Eternel nous a donné en cadeau, non contents de marteler
que Boni YAYI est un don de Dieu venu sauver les Béninois, les mêmes
thuriféraires assimilent le Président YAYI à Dieu. Boni YAYI lui-même a le
triomphe modeste. Devant ses compatriotes invités au Palais, il signifiera à
ceux qui en douteraient encore qu’au Bénin, après Dieu, c’est lui Boni YAYI.
C’est entendu.
« Boni
YAYI est plus que Dieu »
Mais les partisans du Chef de l’Etat ne sont pas rassurés
que la leçon fut bien assimilée par les Béninois. Leur doute est fondé par
« l’indiscipline » des Béninois qui contestent encore et toujours la
supposée vision et les projets virtuels de Boni YAYI. Les critiques de partis
politiques, les revendications de syndicats voire les grognes des citoyens
indépendants sur les radios et télévisions non contrôlées les insupportent.
Cette « indiscipline » et cette « indocilité » des Béninois
leur donnent la preuve que Boni Yayi n’est pas encore pour nombre de Béninois,
Dieu dont nul ne conteste ni l’existence, ni la suprématie.
Alors un ancien député, mon ami et frère Robert CAKPO se
propose de le rappeler. Il croyait fait plaisir à son nouveau Chef, mais la plaisanterie
a des limites surtout lorsqu’elle peut s’assimiler au blasphème. « Boni Yayi est plus que Dieu. Il
est mieux que Dieu. Quand vous adressez vos prières à Dieu, il vous faut
attendre un peu pour en avoir les résultats. Or Boni YAYI, dès qu’il le promet,
c’est aussitôt fait ».
Voilà en substance ce qu’a déclaré Robert CAKPO, ancien député. Ces propos
firent peur à tous les Béninois. Tous les Musulmans, tous les Chrétiens comme
tous les Vodounons prirent peur. Les athées qui ne croient même pas en Dieu ont
été également assaillis par la peur. La peur et la panique des conséquences
naturelles que ferait encourir un tel blasphème à un pays dont l’élu est
proclamé « mieux que Dieu et plus
efficace que Dieu ». Car, ces propos sont une provocation gratuite de
Que
diantre avons-nous fait pour que nos dirigeants ne veuillent cultiver que la
provocation. Provocation des magistrats, provocation des
journalistes, provocation des douaniers, provocation des centrales syndicales,
provocation des étudiants, provocation de ses propres députés, provocation des
partis politiques avais-je écrit dans mon tout dernier scanner. A la
provocation des hommes, la majorité présidentielle ajoute la provocation de
Mais la place de Dieu n’est pas discutable dans notre vie
individuelle ou collective. Mais au Bénin du Président-Messie-Dieu, la place de
l’Eternel est devenue discutable. La place de Dieu est mise en concurrence par quelques
désespérés que manipulent sans état d’âme et avec cruauté, le Gouvernement. Ces
désespérés de la vie politique béninoise sont perdus et errent à la recherche
de tuteur. Ces désespérés, recrutés au PRD, à
Quand
ces reconvertis ont fini le cycle, ils sont livrés sur le marché de la propagande
et sont prêts à remplacer Jésus ou Mahomet sinon même Dieu par Boni YAYI. Au
pire, la provocation des humains peut rester impunie et sans conséquence. Dans
le meilleur des cas elle peut avoir une suite dans trois (3) ans derrière les
isoloirs dans les urnes. Mais la provocation de Dieu ne saurait rester impunie.
Dieu est magnanime et peut tolérer les errements de ses fils. Mais en bon
chrétien, je crois sincèrement que la magnanimité du « très haut » a
des limites. C’est pourquoi, la crédibilité et la fiabilité de la parole de
Boni YAYI, supposé plus diligent que Dieu, sont mises à rude épreuve.
L’apologie creuse et les éloges vides prononcées par des gens qui n’y croient
pas eux-mêmes se dégonflent d’elles mêmes. Tous
les apostats qui comparent et préfèrent Boni YAYI à Dieu sont vaincus au nom de
Dieu.
« Yagbe »
ou l’offense à Dieu
Tout a commencé il y a environ trois (3) semaines à YAGBE
à Akpakpa à Cotonou. YAGBE est un véritable réservoir de voix PRD. Un nid
d’électeurs PRD. En pré-campagne, pardon, en visite dans un des quartiers
populaires d’Akpakpa, plus précisément à YAGBE, le Chef de l’Etat s’arrête « par
hasard », je veux le croire, devant une école primaire abandonnée.
« Touché » comme à chaque fois par la misère de « son »
peuple, il ordonne au génie militaire de détruire le bâtiment laissé en ruine par
les régimes « incapables » afin d’y construire rapidement deux modules
de trois classes. Les populations applaudissent naïvement de bonne foi et les
chantres de l’émergence embouchent la trompette des miracles du
Président-Messie, « Dieu du changement ».
Dans la foulée, le Gouvernement déroule la technique du
mirage. Dans les médias comme sur le terrain à YAGBE. D’abord, les militaires
s’engagent. Ensuite, Armand Zinzindohoué, Ministre des travaux publics répète
le refrain déjà connu des Béninois : « Le
Président YAYI aime son peuple. Il est proche de son peuple. C’est le Président
du peuple. Il a un projet pour vous. Dès demain, des équipes techniques
viendront évaluer vos besoins ». Et comme d’habitude, aussitôt dit,
aussitôt oublié. Cap sur une autre commune avec les mêmes promesses mais
décidément toujours sans suite. C’est donc à YAGBE que Robert CAKPO a poussé
loin la provocation. C’est à YAGBE qu’il a décidé d’attirer sur Boni YAYI, la
colère de la nature. La colère de la nature qui s’abat sur notre Chef se
traduit par l’Etat de ruine de YAGBE. C’est peut être un rappel de Dieu qui met
la parole de Boni YAYI à l’épreuve. Mais malheureusement, la colère de la nature
met également le pays et son peuple en souffrance.
Depuis
que Boni YAYI est proclamée Dieu, depuis que ses courtisans l’ont décrété plus
efficace que Dieu, la réalité est celle-ci : Au
22 février 2008, l’école de YAGBE est
toujours dans son état de ruine. Malgré la parole du Président de la
République, malgré aussi les garanties données par le Génie militaire, malgré enfin
les assurances du tonitruant Ministre des Travaux Publics, YAGBE reste une
banale promesse de pré-campagne. Les populations qui ont applaudi
regrettent de s’être inutilement fait mal aux mains. L’élu qui a mis Boni YAYI
au-dessus de Dieu est introuvable. Le
mercredi 20 février 2008, Habib KOUKOUBOU, un des jeunes talents du Paysage
Audiovisuel Béninois a expliqué au Journal Télévisé de 13 heures sur CANAL 3
qu’il y a comme une revanche de Dieu sur Robert CAPKO et les commanditaires de
sa provocation. YAGBE étant toujours dans son état de ruine et les
promesses de Boni YAYI à YAGBE s’étant envolées comme une fumée.
La banalisation constante de la parole de l’Etat
Si mon frère Robert CAKPO avait été plus attentif à la
parole mais aussi aux faits et gestes de son nouveau patron, il aurait tourné
trois (3) fois sa langue dans la bouche avant de proclamer la suprématie de
Boni Yayi sur Dieu. A mon frère et ami
et à tous les apostats sans foi ni loi qui enfument les Béninois de leur encens
nauséabond et toxique, je voudrais rappeler que si la parole de l’Etat avait
encore un sens et du crédit au Bénin, ça fait longtemps que Global Com aurait
dû être opérationnel. Le Gouvernement a dit aux Béninois que l’opérateur de
téléphonie GLO, qui devrait nous sauver de la crise des GSM, serait opérationnel
avant Novembre 2007. On est en février 2008 et toujours pas GLO. Le Chef de
l’Etat a dit aux populations de
Les
promesses non tenues sont devenues ordinaires au Bénin. Les engagements pris
mais vite ignorés ont été déjà expérimentés autant par les acteurs politiques
que par les populations. Au nom de quoi donc élever Boni YAYI au-dessus de
Dieu ? A quoi peut donc servir une provocation aussi gratuite ?
Le silence suspect des évangélistes du
« changement »
Ce qui m’a le plus interpellé, c’est que cette offense à
Dieu a été faite sans qu’aucune voix ne se soit élevée. Ni par le Chef de
l’Etat lui-même qui pourtant professe sa foi en Dieu, ni par ses Ministres
pasteurs. Cette offense à Dieu a été faite dans le silence le plus total. Pas une
seule réaction des nombreux « born again » et des évangélistes à la
mode, tapis dans les rangs du Palais, du Gouvernement et de « leur »
société civile.
Et pourtant, ces « born again », ces
évangélistes du « changement » sont si prompts à sortir communiqué
sur communiqué. Ils sont si prompts à organiser conférence de presse sur
conférence de presse, bref à monter au créneau à chaque fois que le moindre
citoyen élève la moindre critique contre Boni YAYI. L’offense qui est faite à
Dieu par un des reconvertis au « Yayisme » n’a hélas fait bouger
aucun d’entre eux. Ils m’excuseront, je pense qu’un évangéliste qui se voit
obliger de former un mouvement politique pour défendre, au nom de sa foi et
d’une supposée « éthique », un Président de la République, mais qui
n’est pas capable au nom de la même foi en Dieu de s’indigner contre la
comparaison de Boni YAYI à Dieu, n’est qu’un trafiquant de « foi ».
Face au silence de tous ces « born
again », de tous ces hommes de « foi » qui prient avant toute
réunion officielle, on peut être tenté de leur nier leur foi. On peut même les
soupçonner de commercialiser leur supposée foi ou d’exploiter cette filière
religieuse afin de s’assurer une promotion professionnelle et politique que
leurs qualités intrinsèques ne suffiraient pas à garantir. Ce qui est sûr,
Dieu, si haut, si éternel est étranger à leur activisme faussement religieux.
Et pourtant, un
ancien élu, nouvellement caurisant fraîchement initié au Yayisme suivant la
notice et le mode d’emploi conçus depuis
A
quoi sert donc d’avoir une foi aussi fiévreuse, si ce n’est pas pour célébrer
Dieu ?
Béninois,
reprenez en cœur avec moi, « Seigneur pardonne-leur leurs péchés car ils
ne savent pas ce qu’ils font ».
C’est
ma conviction profonde.
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