Leçon d'un quinquenat
à mi-parcourt
Quelle
leçon pouvons-nous tirer à mi parcours du quinquennat ? : Comme nous venons de
le constater à travers les actes au quotidien, le concept de la trilogie du
singe est de nature à encourager la violation massive des lois républicaines.
Il urge de dénoncer certaines pratiques qui prennent l’allure de
la période révolutionnaire. Mais en réalité certaines actions de cette période
sont mieux planifiées durant les cinq (05) premières années de la révolution. A
cette époque, les hommes politiques éveillés qui avaient osé dénoncé la
direction que prenait le chauffeur (le Chef de l’Etat) étaient traités de
réactionnaires, de vampires, d’apatrides, de valets locaux de l’impérialisme
international, de fossoyeurs de l’économie, d’intellectuels tarés.
Certains hommes d’affaires de commerçants véreux et, contraints à
l’exile et leurs biens confisqués au profit de l’Etat. Quelques années plus
tard, le gouvernement révolutionnaire avec à sa tête le grand camarade de
lutte, Président du bureau politique du comité central du PRPB ont été
rattrapés par leur passé. En effet, la construction des infrastructures contre
toute règle de l’orthodoxie financière par les préfinancements sans avoir
encaissé au préalable les fonds promis par les donateurs nous avait conduit à
la situation de non paiement des salaires et la cessation de paiement dans tous
les domaines. Aujourd’hui encore, nous assistons à la pose des pierres sans
avoir bouclé les financements.
Tirant leçon du passé, le Bénin doit investir dans les secteurs
productifs. La politique des grands travaux choisis au pifomètre n’a jamais
développé un peuple « la prétendue corrélation entre "le progrès
économique" et la croissance de l’administration est loin d’être
clairement établie. » Ce qui est établi par contre, c’est que la tertiarisation
anticipée de l’économie comme c’est le cas au Bénin, aggrave les déséquilibres
structurels, pèse d’un poids financier insupportable et dévie les revenus
importants vers les couches sociales aisées au détriment du reste de la
population. Après l’inauguration de "l’échangeur" de Houéyiho, le DG
colas a été séquestré par ses agents qui ont bloqué la circulation du fait du
retard qu’accuse le paiement de leurs salaires restants (cf. nouvelle tribune
N°1579 du 24/12/08).
La recherche exagérée de soutien du peuple au détriment de la
classe politique peut apparaître comme un indicateur de l’impopularité
lorsqu’on donne l’impression que les accords signés n’engagent que ceux qui y
croient. Si tant est que l’application de ces accords violerait les intérêts du
peuple, pourquoi a-t-on signé ? Nous devons accepter nos différences et
cultiver la tolérance dans la mesure où l’animation de la vie politique relève
de la compétence des partis politiques organisés suivant la charte des partis.
Le gouvernement doit faire attention "au peuple" chaque
fois qu’il est en difficulté avec la classe politique. Le même peuple qui vous
ovationne tout le temps comme sous Kérékou a été le même qui lui avait jeté la
pierre devant l’église St Michel dès qu’il a aperçu lui-même le danger en 1989.
Revenant au peuple, disons qu’il désigne tantôt la totalité
indistincte et jamais présente nulle part, tantôt le plus grand nombre opposé
au nombre restreint des individus plus fortunés ou plus cultivés.» En science politique
il est aisé de comparer le peuple à un troupeau de bœuf qui se déplace sans
cesse à l’aide du berger pour le pâturage. Une fois rentré au logis, ils sont
préoccupés par leur sommeil en attendant de repartir à nouveau. En cas
d’incendie de la maison, tout peut brûler, même la fumée et les bruits des
sapeurs pompiers ne les ébranlent guère. Ils n’aperçoivent le danger pour fuir
les lieux que si leur corps est menacé. Dans ces conditions, le peuple ne
connaît même pas ses droits et devoirs.
Il faut le mobiliser et l’intéresser avant qu’il n’aille accomplir
un devoir citoyen. Il ne paie ses impôts que par contrainte. La taxe civique a
été supprimée pour lui permettre de se rendre dans les endroits publics. Or
nous avons un budget essentiellement fiscal. Que pouvez-vous attendre de celui
là des débats qui engagent sa survie et l’intérêt de la nation.
Il faut lui préférer un citoyen qui connaît à priori ses droits et devoirs,
mais pas non plus un drôle de citoyen (un individu bizarre et déconcertant). Il
est nécessaire en Afrique de procéder à une relecture de l’évolution du droit
de vote de 1945 à nos jours. Car, il faut cesser d’accéder à la dignité par les
indignités. Le suffrage universel doit concerner les gens dignes de l’exercer à
force d’élargir ce droit, sans devoir, nous aurons toujours les élections les
plus chères.
La formule de l’oiseau rare recherché à chaque élection
présidentielle participe à un jeu flou qui donne naissance à une nouvelle
formation politique (parti né au pouvoir) comme c’est le cas avec la RB, l’UBF
et les FCBE. Les partis politiques doivent être consolidés et encouragés pour
lutter contre la promotion des gens parfois sortis de nulle part et qui
deviennent des obstacles à la démocratie. Dans un système organisé le Chef est connu
d’avance par son militantisme et sa carrure d’homme d’Etat.
En France, les divergences de point de vue politique gauche-droite
n’ont jamais émoussé l’ardeur de la gauche et la droite à se mettre ensemble
chaque fois que c’est nécessaire pour combattre l’extrême droite de Jean-Marie
Lepen. La méthode Bush Père tant décriée n’a pas empêché Bush Junior de
reprendre les reines du pouvoir aux Etats-Unis du côté des Républicains.
Mieux, malgré les prouesses économiques de Bill Clinton les
démocrates n’avaient pas conservé le pouvoir en 2000. Ne nous faisons pas non
plus d’illusions aujourd’hui, le Président BARAK OBAMA fera au plus deux
mandats et nous reverrons à la Maison Blanche les républicains qui ont aggravé
les déséquilibres sociaux ayant entraîné la première crise financière mondiale
après celle de 1939.
La crise mondiale de l’automobile entraînant la politique à la casse des
véhicules prônée en France aura sans nulle doute des répercussions sur les
revenus provenant de l’escorte des véhicules d’occasion. Le gouvernement dans
son style de gestion d’une prospérité trop tôt partagée, connaîtra des
difficultés lorsqu’il lui reviendra à en tarir la source après le déclin de ce
secteur.
Les Béninois au lieu de réveiller les querelles politiques
feraient mieux de travailler de manière à créer un climat de paix et de
concorde susceptible de donner confiance au perdant d’aujourd’hui d’être le
gagnant de demain et vice versa comme c’est le cas dans la sous région au
Ghana. Ce n’est qu’à ce prix, nous bâtirons une nation dynamique et prospère.
Claude C. DJANKAKI
Ancien secrétaire Général Adjoint de l’Assemblée Nationale
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