les frasques du Président :
Edition du 28/12/2007, In la Nation |
Une décision inopportune |
Wilfried
Léandre HOUNGBEDJI |
Par un de ces tours dont il a le secret, le chef de l’Etat a surpris les
Béninois hier, en faisant annoncer par le ministre de la Culture avec qui il
venait d’échanger quelques mots, au cours d’une manifestation publique, qu’il
décrétait la journée du 27 décembre, continue afin de permettre à ceux qui le
voulaient d’aller au concert qu’il a offert au peuple, dans le cadre des
fêtes de fin d’année. Cette journée de travail, il faut le dire, suivait déjà
son cours et la matinée était presque achevée. C’est pourquoi il y a lieu de
s’interroger sur le choix du jour. Un concert populaire qui a lieu un jeudi
après-midi, à un moment où les gens devraient être au travail pour faire
entrer de l’argent dans les caisses de l’Etat. Alors que le lundi 31 décembre
est déjà décrété journée continue et que le mardi 1er janvier est chômé, pourquoi
ne pas organiser le concert dans la soirée du lundi ou carrément le 1er
janvier, ou même le week-end d’avant ? Au lieu de cela, c’est une bande
annonce diffusée le mercredi 26 décembre dernier qui informait l’opinion de
la tenue du concert, le lendemain, soit hier. Et, le choix du jour étant déjà
sujet à réflexion, le chef de l’Etat, profitant d’une cérémonie de décoration
de jeunes méritants, dans la matinée d’hier, annonce qu’il décrète la journée
continue et invite par la même occasion, le public à faire le déplacement du
stade de l’Amitié. A signaler que nous étions après 11h, que le ministre du
Travail et de la Fonction publique était dans la salle, mais que ce n’est pas
dans ces conditions qu’il faut décider de déclarer une journée continue. Tout
s’est passé comme s’il n’y avait pas de règles, comme si, en quelques
minutes, on est sorti de la démocratie. Chose plus grave à relever, cette
façon de procéder peut entretenir, incidemment, une certaine tendance à la
paresse au même moment où l’on veut bien que les gens se remettent au travail
pour construire le pays. Ceux qui étaient dans la salle ne s’étaient
d’ailleurs pas privés d’applaudir. Mais savaient-ils seulement pourquoi ils
applaudissaient ? |
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