Vers une flambée généralisée des prix La
hausse des prix des carburants et du ciment décidée lundi dernier par
le Conseil extraordinaire des ministres risque d’ouvrir la porte à une
inflation vertigineuse dans les autres secteurs d’activités. Seulement,
la question est de savoir si le gouvernement pourra contrôler les prix
quand on sait qu’il n’a pu suivre avec efficacité les subventions des
produits de première nécessité dès le début de la crise alimentaire.
Ou alors les populations sont-elles livrées aux commerçants véreux ?
La hausse des prix du ciment et des carburants survenu lundi dernier,
ne sera pas sans conséquence sur le coût de la vie déjà très cher des
Béninois. Certains commerçants véreux et autres individus avides de
gains faciles vont sûrement s’engouffrer dans la brèche. Il est fort
probable que l’on assiste les jours à venir à des augmentations
anarchiques de prix dans plusieurs secteurs. Pour le compte du ciment,
les propriétaires sans foi ni loi ne se priveront pas de procéder à une
hausse des frais de loyer. C’est donc une nouvelle ère de misère qui
s’ouvre pour les locataires. Mais
le gros lot de désagréments est lié à la hausse du prix des
carburants. Dans ce domaine, excepté le pétrole lampant, tous les
autres produits pétroliers ont subi des augmentations. Il va sans dire
que les acteurs du secteur du transport ne resteront pas les bras
croisés. Les conducteurs de taxi motos communément appelés
‘’zémidjan’’, les chauffeurs des taxis interurbains et autres maillons
de la chaîne vont chercher à doubler voire tripler leurs tarifs. Les
boulangers, les meuniers, les camionneurs, les commerçantes des divers
marchés vont saisir l’occasion pour également augmenter à volonté les
prix de leurs produits. Tout acteur de la vie socio-économique prendra
prétexte de cette nouvelle donne pour monter les enchères. Ainsi, le
niveau de vie des Béninois qui s’étaient déjà considérablement dégradé,
pourrait empirer.
Parer au plus pressé
Seul,
le gouvernement peut mettre un bémol à cette inflation qui s’annonce
inévitable. Il doit en effet, prendre des mesures hardies et adéquates
pour délimiter une proportion dans lesquelles les prix des divers
produits doivent rester. Augmenter les prix de ces produits sensibles
et de première nécessité et laisser les populations sans des mesures
d’accompagnement en terme de contrôle et maîtrise des coûts serait leur
compliquer la vie. Cependant, le doute que le gouvernement puisse
réussir cette mission est grand. Car, dès le début de la crise
alimentaire qui bat actuellement son plein, le président de la
République et son gouvernement avaient pris la décision de
subventionner les produits de grande consommation et d’accorder une
certaine facilité aux opérateurs économiques. Malgré cela, les prix de
ces produits n’ont cessé de grimper sans que le gouvernement ait pu les
canaliser. Bien qu’il ait déployé tant d’efforts, les populations n’en
ont pas bénéficié. Partant de là, le risque que les populations soient
à la merci d’une inflation sauvage est grand. Il y également lieu
de déplorer ici la méthode cachottière du gouvernement dans l’annonce
des nouveaux prix. Au lieu de prendre l’opinion au dépourvu, il aurait
pu jouer franc jeu en expliquant au préalable les circonstances qui
ont prévalu à cette hausse de prix. Pour ne l’avoir pas fait, il lui
revient de prendre les dépositions nécessaires pour que les grossistes
et autres importateurs ne se livrent à des spéculations tous azimuts.
Benoît Mètonou |