"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Les victoires qui tuent

lundi 10 septembre 2007, par ARIMI  CHOUBADE

Victoire pour Yayi Boni, victoire pour le peuple béninois tout entier, pour l’autorité transitoire de régulation, pour les consommateurs de Gsm, pour Moov… et pour qui encore ? Des hérésies de ce genre, le Bénin du changement en génère à tour bras par jour. Tout le monde gagne finalement à ce jeu de dingues. Pourtant, des plusieurs dizaines de milliards ont échappé à tout le circuit économique durant deux mois. Pas un seul des vainqueurs autoproclamés ne peut prétendre n’avoir pas laissé des plumes dans cette affaire à commencer par l’Etat béninois. La « victoire » aurait permis, parait-il, de restaurer l’autorité de l’Etat, renflouer les caisses du trésor public, assainir le secteur des télécommunications.

On semble oublié qu’on est parti d’une exigence tranchée, impériale, non négociable : 30 milliards cash, exigibles immédiatement. Or, la remise sous tension du réseau Moov s’est fait à zéro franc. Il y a bel et bien eu négociation consacrée par un protocole d’accord en additif au cahier des charges. Les premiers versements sont attendus sous trentaine assortis d’un échelonnement pour le reste. Des assouplissements fiscaux sont prévus. Point de cash. Par contre, il y a bel bien eu échelonnement des paiements.

La fameuse autorité de l’Etat en a pris plein la gueule pour avoir cédé sur une transaction pourtant rejetée deux mois plus tôt. L’autre célèbre grogneur parlerait de « retard de compréhension ». Les autres chefs d’accusation contre les opérateurs Gsm, en dehors de la modicité du coût de la licence ? Disparus comme par enchantement ! Que dire de cette facilité avec laquelle on tente actuellement de passer par pertes et profits tous les dommages créés aux usagers durant cette pénible époque ? La sanction de suspension a été prononcée au bout d’un ultimatum de 72 heures seulement. Deux mois plus tard, la signature du retrait n’est toujours pas à l’ordre du jour. Du courage calculé ! Qui est fou ?

De la perfectibilité de la communication au Bénin ?² Il suffit de comparer la photographie des télécommunications d’il y a deux mois et celle d’aujourd’hui pour apprécier l’étendue des « prouesses » de la régulation. Grâce à ces doctes de l’autorité transitoire, chaque abonné doit désormais susurrer une petite prière avant de composer un numéro et s’armer d’une bonne dose de patience. Heureusement que Dieu a créé l’humour et le Béninois. On doit une fière chandelle aux inventeurs de formules : le « hasard-phone » pour les appels qui ne marchent généralement qu’une fois sur 100 ; le « Bénin énervant » pour les nerfs mis à rude épreuve lorsque le correspondant ne peut être joint qu’au bout de plusieurs heures voire plusieurs jours.

Les distributeurs de victoire s’épanchent peu sur le bilan réel de cette crise. Ils préfèrent gloser autour des quelques dizaines de milliards exigés des opérateurs Gsm à travers le nouveau cahier des charges. Peut-être 150 milliards en 10 ans pour les 5 opérateurs annoncés. Des broutilles à côté de ce qui a été bousillée en moins de deux mois, en pure perte. Le compteur tourne toujours puisque qu’il reste encore un autre opérateur majeur en marge de la normalité retrouvée. Rien ne permet d’entrevoir la fin de la pagaille dans laquelle végètent les réseaux végètent. Vu de la régulation, ce gâchis s’appelle victoire.

Le chant du cygne – de cet oiseau qui n’arrive à la perfection de sa mélodie qu’à quelques secondes de sa mort.



14/09/2007
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