Marches tous azimuts à travers le pays :
14/08/07 - A l’allure où vont les choses, tout le pays ne sera bientôt plus
qu’un vaste champ de marches interminables, tant les populations, en écho à
l’inédite mais significative marche organisée et dirigée par le chef de l’Etat
le lundi 16 juillet dernier, semblent décidées à lui emboîter les pas.
Initiative sincère ou empreinte d’une forte dose d’opportunisme politique ? La
démarche du président Boni Yayi ne risque-t-elle pas, si ce n’est déjà fait,
d’être galvaudée ? Le risque est là en effet qu’elle soit banalisée, tant il y
a comme de la récupération politique qui a tôt fait de verser dans le folklore,
mais aux risques de ceux qui pensent ainsi jouer et tromper l’opinion.
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI
Quand il initiait la désormais célèbre marche verte contre la corruption, pour
réaffirmer sa détermination à aller à l’assaut de ce fléau, le président Boni
Yayi se doutait-il que comme un grain tombé en terre meurt pour germer, sa
marche ferait des émules ? Autant d’émules ? Certainement pas ! Depuis un mois,
le ballet des marches a été ouvert. Ainsi, après le ministre en charge de
Dans l’absolu, cet intérêt des populations, cette volonté de montrer au chef de
l’Etat que son combat est partagé et soutenu, sont des motifs de satisfaction.
De quoi l’encourager à continuer. On serait alors heureux du fait que la
symbolique attachée à la marche du 16 juillet ait été comprise et que l’effet
recherché puisse se produire. Mais apparemment, tout ne pousse pas à
l’optimisme.
En effet, presque partout où les marches ont été déjà organisées, elles ont
souvent eu pour initiateurs et encadreurs, des responsables politiques, qui
député, qui maire, qui encore aspirant à un poste de responsabilité, aux
intentions inavouées. Le risque existe donc qu’en lieu et place d’une démarche
désintéressée et profonde, nous assistions plutôt à un spectacle folklorique,
destiné uniquement à vendre la capacité feinte de certains à promouvoir le
changement même s’il ne faut pas mettre en doute la sincérité de quelques-uns.
Calculs, mises en scène grotesques, soucis d’enchanter le chef de l’Etat pour
espérer ensuite capter les rentes qui pourraient découler de ces agissements,
seraient alors leurs seuls mobiles, alors que ce qui est recherché en l’espèce,
c’est plus leur engagement sincère à la cause, que leur volonté de paraître.
Car ce faisant, ils enlèveraient à l’acte du chef de l’Etat, sa crédibilité et
le galvauderait, au grand dam des populations qui ne seraient alors que les
dindons de la farce. En tout état de cause, il appert de ne pas se laisser piéger
en donnant le bon Dieu sans confession à certains qui ne le mériteraient pas.
Mais d’ores et déjà, une chose est sûre, ceux qui se mettent à organiser des
marches, sans entrer vraiment dans la dynamique qui a sous-tendu celle du 16
juillet dernier, qui en font carrément une nouvelle trouvaille politique, une
filière fructueuse, n’ont pas idée de ce à quoi ils s’engageraient ou
s’exposeraient. Ils devraient donc réfléchir par deux fois avant de déverser
les populations sur les routes et les sentiers. Car, contrairement à ce qu’ils
penseraient ou qu’ils voudraient faire croire, il n’est pas évident qu’ils
entrent dans la logique qu’aurait voulu créer le président de
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