"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Modèle de gouvernance au Bénin :

20 déc. 2007

Du prosélytisme au yayisme



Le monde entier commence à le savoir, chaque jour qui passe, le Président de la République du Bénin sort un nouveau numéro pour se faire gratuitement remarquer. Si ce ne sont pas des déclarations gratuites, fracassantes et religieuses, ce sont des bras de fer avec des avocats ou des magistrats ou encore la confusion qu’il alimente dans des dossiers de corruption.

Négligence, mauvaise foi, incompétence ou ignorance, Yayi Boni n’arrête pas de surprendre les Béninois. S’il n’inaugure pas des chrysanthèmes comme à son habitude, le Président béninois aime se faire parler de lui. On le sait, la religion est une question de conviction et on ne peut pas reprocher à Yayi Boni de faire du prosélytisme religieux mais il en fait trop. Doit-on nous rabattre les oreilles à chaque discours public que tout se fera au Bénin par la «grâce de Dieu» ? Ou doit-on s’entourer d’évangélistes à la présidence pour réussir en tant que Président au Bénin ? Pourquoi tout cela se fait de manière aussi ostentatoire ? C’est parce que Yayi Boni croit savoir toucher les Béninois là où il faut. Il a réussi à enrôler et à manipuler beaucoup de Béninois qui ne jurent que par lui. Mais ce comportement sournois du Président fait de moins en moins l’unanimité et commence à faire grincer des dents. La vigilance doit enfin servir de phare pour donner une notion de réminiscence à ceux qui dirigent le Bénin que nous sommes dans un pays où une grande partie de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, un pays dans lequel annuellement des milliers de jeunes viennent grossir la cohorte déjà importante de chômeurs, un pays dans lequel il y a moins d’un médecin pour 20 000 habitants, à peine un infirmier pour 10 000 habitants et, enfin, un pays dans lequel le revenu par tête d’habitant tourne en moyenne autour de 400 dollars, alors qu’il en faudrait au moins six fois plus pour espérer être aux portes de l’émergence. Arrêtons de nous faire d’illusion, Yayi Boni n’a pas de baguette magique et ne peut faire en cinq du Bénin un pays émergent. Ses promesses et déclarations sont simplement démagogiques et visent à faire rêver les Béninois. S’il n’arrête jamais de nous parler de Dieu et d’afficher constamment sa foi, c’est qu’il est un homme profondément faible mentalement et qui a besoin de croire en quelque chose qui puisse lui donner la force et la confiance nécessaires dans l’exercice de sa fonction. On ne peut donc pas lui reprocher de croire en Dieu dans la vie privée mais en tant que chef d’un Etat laïc, il n’a pas le droit d’afficher publiquement sa foi parce que les Béninois s’en foutent éperdument et n’attendent de lui que du concret. Le Bénin n’a pas besoin d’un Président-Jésus dont les discours ont toujours des relents de prêche. Nous avons besoin d’un Président dynamique et juste qui sait décider, qui sait partager le pouvoir et qui ne choisit pas ses collaborateurs sur des bases d’affinité, de religion ou de région. Ces Béninois qui continuent de croire en Yayi Boni finiront un jour par se mordre les doigts. Il suffit de regarder ce qu’il a fait des résultats des audits dans les ministères au lendemain de son arrivée au pouvoir. Il suffit de voir ses critères de nomination dans les ministères et à des postes importants. Il suffit de voir comment il a dissimulé les rapports et les dossiers de corruption notamment ceux de la SONACOP et de la SBEE. Il suffit de voir le bras de fer qu’il a déclenché entre lui et la justice béninoise. Il suffi de voir le flou et l’omerta qu’il a créés et qu’il alimente dans la nomination des membres de la CENA pour les élections municipales prochaines. Il suffit de voir comment il a tout fait de cacher au monde entier la détection de foyers de grippe aviaire au Bénin. Il suffit enfin de voir la mainmise qu’il a sur les médias béninois. Bref, Yayi Boni conduit le Bénin droit dans le mur. Il est parti du prosélytisme pour installer de manière radicale, le yayisme qui est une politique propagandiste dont l’objectif est de chloroformer et d’abrutir les Béninois. Et à ce stade, personne n’est, pour l’instant, capable de canaliser ses ardeurs machiavéliques.



regardsurlebenin@gmail.com -
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20/12/2007
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