Le réveil des méchants
mercredi
5 septembre 2007, par Arimi SHOUBADE
On
prédisait du chaud après le show. Cette fois-ci, on y est. La rentrée scolaire
et universitaire ; les grèves annoncées, la grisaille socioéconomique
ambiante ; les appréhensions vis-à-vis de l’exonération des frais de
scolarité (et non la gratuité de l’école) ; le retard dans la construction
et la réfection de certaines salles de classe. De la rupture avec les jamborees
de remerciement, les marches de soutiens, les lambris dorés des audiences, les
bains de foule, les agapes improvisées avec le bas peuple.
Il
fallait ces enseignants, encore eux, pour troubler l’angélisme de tous les
jours. On les reconnaît à leur bruyante façon d’entamer, chaque année, la
reprise des classes. Heureusement que le docteur-président a décidé de mettre
toute son équipe en vacance. Une sorte de fuite en avant révélatrice d’une
absence de remède efficiente. Deux forums sur l’éducation en moins d’un an pour
en arriver là. Pas de perspective de sortie de crise. Le statut quo.
L’exercice
s’annonce périlleux. Comment expliquer, à ces damnés d’enseignants, la
multiplication par deux voire trois des émoluments des ministres et des membres
des institutions ? Comment expliquer l’inflation des véhicules officiels
sur les routes même les week-ends ? Comment expliquer l’origine des
billets de banque qui claquent à la volée à l’occasion des marches de soutien
et des meetings de remerciement à l’endroit du chef de l’Etat ?
Les
gens peuvent toujours gloser sur le lourd passif des années Kérékou et la
fameuse responsabilité nationale du gouvernement de savoir doser les efforts
vis-à-vis des autres composantes de la nation. Sauf qu’il existe deux grains de
sable majeures qui se sont glissés dans cette machine de communication.
Le
premier concerne les critères de définition des priorités. Il y a un an, le
pouvoir opte pour le tout agriculture. Les fonds de caisse ont été raclés pour
rembourser des dettes pourtant dues par des particuliers aux producteurs de
coton. À l’époque, il a été attribué au coton la vertu de faire rentrer
suffisamment de devises afin de faire face aux défis du développement. Au bout
du rouleau, point de miracle de l’or blanc. Au contraire. Les subventions
européennes et américaines sont passées par là.
Cette
année le coton s’est fait ravir la vedette par les micros finances. De nombreux
autres milliards pour un projet qui visiblement a raté sa cible puisque les
pauvres du Bénin par excellence se recrutent parmi les enseignants. Certains
sont payés en dessous du Smig. Les femmes d’instituteurs communautaires et
autres vacataires devraient être prioritaires dans cette affaire. Au lieu de
servir en exclusivité les coreligionnaires, les amis politiques et les
militants détournés de leurs formations originelles.
Le
second grain de sable porte sur le contrat entre les enseignants et le
gouvernement. Les obligations contractuelle commande que les émoluments dus
pour travail fait soient prioritaires. Indépendamment de tout discours sur la
responsabilité nationale de l’Etat. En cela le paysan ou le supposé pauvre ne
peuvent entrer en compétition avec les travailleurs. L’Etat de droit avant
l’Etat de la morale. Les revendications salariales relèvent du droit de
travail ; l’assistance aux pauvres de la morale. L’Etat est de droit.
Payer ses dettes avant de songer à l’aumône.
Les
méchants ont hélas ! le droit de leur côté.
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