"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Non satisfaction des doléances des magistrats :

23 novembre 2007 -In La Presse du jour

Boni Yayi défie l’Unamab

Une atmosphère délétère caractérise actuellement les relations entre le gouvernement et le pouvoir judiciaire dans son ensemble. Invité à rapporter sous huitaine la décision relative à la suspension des décisions de justice liées au foncier au Bénin, le gouvernement du Dr Boni Yayi est resté sourd à la doléance de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab).

Le fonctionnement normal des institutions de la République serait-il en péril sous Boni Yayi ? Le moins qu’on puisse dire est que les indices du moment font état d’un malaise entre l’exécutif et le pouvoir judiciaire dans son ensemble. A l’origine de la brouille, une série de décisions prises le 12 octobre 2007 en conseil des ministres. Il s’agit notamment, d’une part, de la suspension de l’exécution de toutes décisions de justice ayant pour effet les déguerpissements et les démolitions des bâtiments d’habitation en milieu urbain ; ensuite de la suspension de l’instruction des affaires relatives aux litiges domaniaux et pendantes devant les juridictions, et, enfin, de la création d’un organe en vue du « règlement pacifique et équitable des litiges ». Ces différentes décisions prises par le gouvernement sont loin de plaire aux instances judiciaires qui dénoncent d’ailleurs à travers cet acte une immixtion pure et nette dans le domaine du pouvoir judiciaire par l’exécutif. Or, la constitution du 11 décembre 1990 dans plusieurs de ses articles consacre bien le principe de la séparation des pouvoirs en vue d’un fonctionnement efficient des institutions de la République. C’est donc en réplique à une telle dérive que l’Unamab réunie en assemblée générale extraordinaire le 24 octobre 2007 a officiellement protesté contre ces mesures prises par le gouvernement et qui empiètent énormément sur le domaine du pouvoir judiciaire. Mais contre toute attente, au lieu d’un ton conciliateur, le gouvernement, par l’entremise du garde des sceaux, a enfoncé le clou en désapprouvant devant micros et caméras la position des magistrats. Ceci n’a fait qu’irriter le personnel du monde judiciaire. Les magistrats ont alors corsé la note en assemblée générale extraordinaire tenue le 09 novembre 2007 en exigeant que le gouvernement rapporte l’intégralité des décisions prises le 12 octobre dernier. Pris sous l’angle d’un ultimatum, la nouvelle exigence de l’Unamab a été assortie d’un délai d’exécution sous huitaine notamment.

Bras de fer

Mais force est de constater que depuis lors, le gouvernement s’est muré dans un silence de cimetière. Une attitude qui fait dire à certains que le gouvernement du Dr Boni Yayi n’entend pas revoir sa position, mieux défie le pouvoir judiciaire de mettre à exécution ses menaces. Ces différentes positions adoptées par les uns et les autres traduisent bien le malaise qui caractérise les relations entre l’exécutif et le pouvoir judiciaire. Une situation bien dommageable au regard des les conséquences que ce bras de fer pourrait engendrer au sein des populations. Décidés à en découdre avec le gouvernement du changement, les magistrats promettent des jours durs à Boni Yayi et son gouvernement.

Euloge Badou

 

 



23/11/2007
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