"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Périple du Chef de l'Etat:

Boni Yayi abandonne Nago et les grandes échéances politiques


Ecrit par Euloge Badou

mercredi, 28 mai 2008 18:33

Le Chef de l'Etat s'est envolé le dimanche 25 mai 2008 pour une tournée en Asie en Europe et en Afrique qui le conduira jusqu'au 10 juin 2008, selon le programme rendu public par le ministère des affaires étrangères. A cette allure, et à voir la menace de destitution qui plane sur Mathurin Nago, à son sort on peut conclure que le Président du parlement est abandonné. Mieux, les conseils communaux qui seront installés et les maires qui seront élus avant le retour officiel du Chef de l'Etat, sans oublier l'installation de la Cour Constitutionnelle fixée au 7 juin 2008, pourraient lui échapper.


Le Président Boni Yayi participe à la quatrième conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique qui se tiendra du 27 au 30 mai au Japon. C'est la première étape du périple qui le maintiendra hors du territoire national jusqu'au 10 juin 2008. Après cette étape, il mettra le cap sur Paris où il effectue une visite privée du 1er au 3 juin, avant de rallier Rome pour prendre part au Sommet mondial sur la sécurité alimentaire organisé par le Fonds des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation. De Rome, le Président Yayi fera encore deux jours, du 6 au 7 juin à Tunis au siège de la Banque Africaine de développement (Bad). Il finira son périple avec l'étape de Koweït City où il sera en visite de travail du 8 au 10 juin 2008. Avec ce programme bien taillé, le Président de la République passera le temps des grandes échéances béninoises à l'étranger. Cela risque de causer assez de difficultés pour ses partisans. La rumeur de destitution du Président de l'Assemblée nationale est des plus persistantes et le Président Yayi a constaté par lui-même que la machine a démarré avec le rejet du rapport d'activités de son protégé. Une résolution s'en est suivie pour enquêter sur sa gestion. Une telle procédure pourra conduire dans un délai d'une semaine à la destitution du Président Nago, si le quorum était atteint à l'hémicycle.

Les autres dossiers abandonnés

A part ce sulfureux dossier de destitution probable, il y a l'installation des Conseils communaux et l'élection des maires. Ce sera le couronnement de la lutte savamment menée par le Chef de l'Etat avec sa liste unique pour les dernières élections communales et locales. A moins que le Président ne veuille plus aller au-delà des résultats qu'il a obtenus dans les urnes et se contenterait du nombre de mairies qu'il contrôle sur toute l'étendue du territoire national même si les villes de Porto-Novo, Cotonou, Ouidah, Abomey-Calavi, Kétou, Adja-Ouèrè et autres lui échappent. Yayi a donc laissé les Conseillers à leur sort et ils peuvent se gérer comme ils veulent. Mais il n'est pas exclu que de l'extérieur il indique la ligne à suivre.
L'autre événement important que d'aucuns avaient placé sous le haut patronage du Président Boni Yayi est l'installation des membres de la Cour Constitutionnelle le 7 juin 2008. Ce devrait être le jour où le Président verra sa machine à traiter les dossiers constitutionnels installée. Et la présidence de cette institution ne devrait pas refléter le contraire de la volonté du Chef de l'Etat. L'autre «dame de cuivre» annoncée devrait prendre place pour un quinquennat de retour permanent de la manivelle au père noël qui l'a nommée.
Mais face à tout cela, le Chef de l'Etat est bel et bien embarqué dans un périple hors du territoire national. A qui laisse –t-il ses partisans ? D'aucuns affirment qu'il a bien confié la veille à des hommes de confiance, même s'il n'est pas rassuré de leur bonne performance. D'autres sources avancent que le Chef de l'Etat peut créer la surprise en faisant une descente impromptue pour décanter une éventuelle situation catastrophe.
On se demande à la vue de la réalité de la situation politique, où la liesse collective des lendemains d'avril 2006 a laissé la place à la désapprobation, si le Chef de l'Etat n'a pas jeté l'éponge de la volonté de tout contrôler et de tout guider partout. Toujours est –il que son absence sur le terrain créera un tant soit peu, une déroute dans les rangs de ses partisans issus de groupes hétéroclites qui s'affrontent au sein du grand rassemblement de la mouvance.
La traversée du désert ne sera pas facile et il n'est pas exagéré de craindre la cassure totale liée à des guerres d'intérêt.

Euloge Badou

 



29/05/2008
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