Polémique autour de la gestion des fonds de l’escorte des véhicules d’occasion :
29 janvier 2008 - La Presse du jour
Depuis quelques jours, le débat est lancé pour ce qui est de la manière dont les fonds générés par l'escorte des véhicules d'occasion sont gérés. Les membres du gouvernement se sont réunis en séance extraordinaire le jeudi 24 janvier 2008 pour apporter quelques clarifications sur le sujet sans convaincre tout le monde.
Dans ce dossier la seule porte de sortie au Chef de l'Etat est celle de la totale transparence. La transparence totale prônée à juste titre par le Chef de l'Etat doit s'appliquer à ce qu'il convient d'appeler dossier gestion des fonds de l'escorte douanière. C'est désormais une question d'honneur pour sa propre personne. Lui qui n'a été jusque-là pris à défaut sur des questions du genre.
Il se fait aujourd'hui que, malgré les explications fournies, les Béninois attendent toujours plus de lumière sur le dossier qui semble un os dur dans la gorge du gouvernement ! Un os si dur qu'il risque de constituer le premier véritable dossier à scandale sous l'ère du changement. Des travailleurs des parcs de regroupement des véhicules d'occasion et certains agents des douanes sont décidés à tout mettre en œuvre pour que la vérité triomphe. Une vérité qui est loin d'être, selon eux, celle présentée aux populations suite à la réunion extraordinaire des membres du gouvernement jeudi dernier. Le conseil des ministres a fait en effet état de 25 milliards de francs Cfa. Mais ce que le gouvernement aurait dû faire pour plus de transparence, c'est le point mois par mois des versements effectués par la douane de juin 2006 au 31 décembre 2007.
Ce serait édifiant pour les populations qui n'ont pas oublié que quelques mois seulement après que la douane a pris la gestion de l'escorte, le même gouvernement, pour montrer le bien-fondé de sa décision, avait déclaré qu'après deux mois de gestion, l'escorte a généré pour notre pays neuf (9) milliards de francs et que, au vu des statistiques, le trafic des véhicules d'occasion suit une courbe ascendante puisqu'il ne cesse de croître. Si en deux mois on a mobilisé 9 milliards, l'environnement ayant été beaucoup plus favorable, il est question de clarifier à quoi correspondent les 25 milliards des 19 mois ?
Les Béninois ne sont pas bêtes. De deux choses l'une. Si le chiffre de 9 milliards n'est pas du bluff, un chiffre balancé dans l'opinion juste à des fins démagogiques, c'est qu'il y a maldonne. Il est donc question de clarifier à quoi correspondent vraiment les 25 milliards. On ne préjuge de rien mais il est question de milliards, de plusieurs milliards. Pour un pays comme le nôtre, c'est beaucoup. Un seul milliard peut faire beaucoup dans la lutte contre la misère, comme l'a si justement démontré le gouvernement avec les micro-crédits aux plus pauvres.
Que le gouvernement dissipe donc totalement le doute au lieu que la presse le fasse à sa place. Déjà certains milieux douaniers et des gestionnaires de parcs de vente de véhicules d'occasion contestent sérieusement le point fait. La balle est donc dans le camp du gouvernement dont il faut déjà saluer la volonté d'informer tout le peuple du sujet. Tous les animateurs en langues nationales ont été sollicités pour expliquer aux populations la rigueur avec laquelle ces fonds ont été gérés. Les chaînes privées de télévision ont été mises à contributions. Et voilà que les Béninois réclament plus de lumière sur le sujet. D'où notre souhait de voir Boni Yayi en faire une question d'honneur personnel. Il y va de la crédibilité du changement
Marie-Richard Magnidet
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