Polémiques autour de la date de la prochaine plénière:
Les raisons politiques du bras de fer
15 mai 2008
Le président de l’Assemblée nationale ne veut pas de sitôt d’une plénière pour plusieurs raisons. Outre le projet de sa destitution qui serait déjà arrivé à maturation, il y a une série d’actions que les députés de l’opposition préparent contre le gouvernement du changement.
Le blocage des activités au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo et les tentatives infructueuses de certains membres du bureau de renvoyer la plénière jusqu’à juillet prochain auraient des dessous politiques. Selon bien de, sources parlementaires crédibles, c’est dans le but de sécuriser* les quatre membres de la prochaine mandature de la Cour constitutionnelle désignés par certains membres du bureau de l’Assemblée nationale que le président Mathurin Nago et son deuxième questeur Djibril Mama Débourou ne veulent pas d’une plénière avant leur installation. En effet, aux termes des dispositions de l’article 02 de la loi organique qui régit la Cour Constitutionnelle, les membres de la juridiction sont seulement inamovibles au cours de leur mandat. Ce qui n’est pas le cas de ceux désignés en catastrophe il y a quelques semaines alors que leurs collègues qu’ils sont sensés remplacer sont encore en fonction. Aucun des sept désignés de cette façon ne jouit d’une légitimité jusqu’à la fin de la cérémonie de prestation de serment. Ce n’est qu’après ce serment solennel qu’ils seront vraiment inamovibles et en sécurité. Les députés hostiles à cette façon de les désigner ne semblent pas prêts à entériner le statut que leur confère l’opération décriée jusque-là. Ces députés se seraient déjà bien organisés et se seraient même, dit-on, trouvés les moyens juridiques adéquats pour remettre en cause la formule. Alors que le mandat des membres actuels de la haute juridiction prend fin le mois prochain c’est-à-dire en juin, les députés hostiles au changement projettent un certain nombre d’opérations politiques avant cette échéance. Ainsi, apprend-on, du côté du Palais des Gouverneurs à Porto-Novo, le fait d’avoir réussi à imposer la date du 23 mai prochain pour la prochaine plénière est une première victoire sur la mouvance. Et comme aucune autre activité n’est possible avant l’adoption du rapport d’activité du président de l’Assemblée nationale, les députés taxés d’être de l’opposition veulent saisir l’occasion pour destituer le président Mathurin Nago et reprendre la désignation des quatre représentants du Parlement à la Cour constitutionnelle. Selon les mêmes sources, le quorum des 56 députés favorables à la cause serait largement atteint et les protagonistes n’attendent qu’une plénière pour passer aux hostilités. Aussitôt après la lecture du rapport d’activité, ces députés projettent de rejeter le document pour mettre en place une commission d’enquête afin de vérifier la gestion qui a été faite de certains dossiers sensibles du Parlement de la cinquième législature depuis bientôt 11 mois. C’est ce processus qui devrait aboutir à terme, dit-on, à la destitution du président Nago.
L’épée de Damoclès sur Yayi Boni
Le processus qui sera enclenché le 23 mai 2008 pour la destitution du président Mathurin Nago devrait, dit-on, se poursuivre pour atteindre le chef de l’Etat. Selon les mêmes sources parlementaires, les députés hostiles à la manière dont le changement est conduit depuis plus de deux ans, projettent d’envoyer le président Yayi Boni à la Haute cour de Justice pour parjure et haute trahison. C’est au sujet du fameux dossier des micros finances, les 30000 Fcfa distribués selon les députés, dans un flou extrême à certains citoyens et de la gestion des fonds de l’escorte des véhicules d’occasion qu’ils souhaitent demander des comptes devant la Haute Cour de Justice précisent une source proche des parlementaires du Parti du Renouveau Démocratique (Prd). C’est un vaste programme politique qui aurait déjà été concocté à cet effet avec une certaine assurance d’atteindre les objectifs escomptés. Ainsi, quand ils auront réussi la destitution de Mathurin Nago, les mêmes députés veulent rapidement élire un nouveau bureau pour déboucher sur la désignation de leurs représentants à la Haute cour de Justice et les parlements régionaux selon une majorité qui n’est plus visiblement favorable au président Yayi Boni. Ils devraient passer ensuite à l’étape de la désignation des quatre représentants à la Cour constitutionnelle prochaine mandature. C’est alors qu’ils vont enclencher le vote, avec la majorité des mêmes 56 députés, pour plusieurs autres phases du programme qui sont encore secrets. On dit d’ailleurs, au terme du même programme anti Yayi Boni au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo, que l’actualité politique serait très riche en événements dans les prochains jours. J-Ch. H. (Br. Ouémé-Plateau)
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