"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Privatisation de l’outil industriel de la Sonapra :

Trois questions à Koupaki et Boni Yayi

19 septembre 2007 – La presse du jour - Le gouvernement s'apprête à céder au privé dans les prochains jours l'outil industriel de la Sonapra. Une opération qui suscite beaucoup de remous au sein des acteurs de la filière coton et des populations compte tenu du flou qui l'entoure. Il est donc plus que jamais question pour le Chef de l'Etat de prendre la mesure réelle de la situation et de se poser certaines questions utiles pour éviter de tomber dans le même piège que ceux qui, dans l'ombre ne veulent que d'un bradage du patrimoine de la Sonapra. Plus que quelques jours et l'outil industriel de la Sonapra changera de propriétaire. Le gouvernement selon nos dernières informations serait décidé à aller au bout du processus quoi qu'en soit ce qui pourrait advenir.

La privatisation n'est pas toujours une mauvaise chose. Au contraire, elle sauve parfois. Néanmoins, pour ce qui est de l'outil industriel de la Sonapra, il se pose forcément un problème de fond que le gouvernement se doit de régler pour ne pas avoir à regretter plus tard. Ce problème, c'est la valeur donnée aux dix usines concernées par la privatisation. Tout se passe aujourd'hui comme si notre gouvernement dans ce dossier est victime d'un complot de ceux qui désirent à tout prix devenir propriétaires de ces usines. Ils ont, selon nos investigations, des pions au sein de la Sonapra. Tout en criant non à la privatisation de la société, ils manoeuvrent dans l'ombre afin que les dix usines soient bradées. Et c'est là que réside toute la difficulté de ce dossier. En réalité aucun problème ne se poserait s'il y avait un souci réel de céder les usines en question à leur juste valeur. Mais quand on apprend que l'outil industriel dont on parle avec tant de bruit n'est qu'une coquille vide, on est obligé de se poser un certain nombre de questions.


La première c'est de savoir de quelles usines on parle au juste ? (Confère tableau des usines Sonapra). De ce tableau, il ressort que les dix usines en question ont une capacité de 312.500 tonnes. C'est très important dans la mesure où ce seul chiffre se passe de commentaire et devrait amener les uns et les autres à plus de réalisme. Dans la même logique, pour ce qui est de leur catégorisation, certaines de ces usines sont de la première génération, d'autres de la deuxième et le reste de la troisième génération. Il suffit pour le Chef de l'Etat de se renseigner sur l'état des usines de Banikoara, Hagoumè ou Bembèrèkè par exemple pour découvrir la réalité. Les résultats de cette enquête seront édifiants. Plus important est que même pour les autres, bien que vieilles, il y en a qui ont à plusieurs reprises été rénovées au point où leur rendement contraste fortement avec leur état physique. On devrait tenir compte de toutes ces données. Malheureusement, tout se passe comme s'il s'agit de camelotes qu'on veut liquider.

La deuxième question a rapport au crédit que l'Etat béninois même accorde à ces usines. Il y a à peine un an, on a vu le gouvernement débloquer quatorze milliards (14.000.000.000) de francs pour sauver la filière. Pourquoi finalement avoir agi ainsi si l'outil industriel de la Sonapra devrait être bradé quelques mois après ? C'est à croire qu'on avait eu une mauvaise appréciation de la valeur réelle de ce patrimoine commun. Dans la même logique, on a su ces derniers jours que la Sonapra doit 27 milliards aux banques de la place.

Comment comprendre que ces structures financières dont personnes n'ignore la rigueur acceptent accorder des prêts de cette hauteur (27 milliards !) à une société qui ne vaut en tout et pour tout que dix sept milliards, comme le mentionne un récent rapport d'un cabinet international ? Il y a à ce niveau quelque chose qui sort de toute logique. Autant d'interrogations qui placent le gouvernement face à sa conscience. Personne ne peut aller contre la privatisation de la Sonapra. Mais pas à n'importe quel prix. L'histoire pourrait rattraper ses auteurs.

Grégoire Amangbégnon



19/09/2007
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