La retouche gouvernementale intervenue dans le courant de ce week-end dernier a vu le ministre d'Etat Pascal Koupaki dessaisi de certaines de ses attributions. Le dénouement négatif de la gestion de la privation de la Sonapra ne serait sans doute pas étranger à cette... La retouche gouvernementale intervenue dans le courant de ce week-end dernier a vu le ministre d'Etat Pascal Koupaki dessaisi de certaines de ses attributions. Le dénouement négatif de la gestion de la privation de la Sonapra ne serait sans doute pas étranger à cette décision. Mais celle-ci cache-t-elle d'autres intentions de la part de Boni Yayi ? A peine l'annulation du processus de cession de l'outil industriel de la Sonapra annoncée, qu'intervient, quelques jours après, un réaménagement technique du gouvernement. On y découvre, certes sans grande surprise, que le portefeuille du ministre d'Etat, Pascal Koupaki, a été amputé du maillon important qu'est l'économie. Il s'agit là d'une réduction manifeste de son influence au sein gouvernement, qui mérite qu'on s'y penche pour en évaluer les implications et les conséquences éventuelles. La réduction sensible du portefeuille de Koupaki à travers son dessaisissement du volet économie ne peut qu'être perçue comme une sanction à l'échec du processus de privatisation de la Sonapra. La semaine dernière, le gouvernement réuni en conseil des ministres a décidé de l'annulation de ladite procédure. Cette décision fait suite à une série de révélations sur les dysfonctionnements dans la conduite du processus. Elle va des contestations des syndicats de la Sonapra à la constitution de la Sodeco en passant par l'attribution controversée de l'outil à un adjudicataire et l'organisation jugée pas dans les règles de l'art de l'assemblée générale de constitution de la Sodeco. Etant donné que ce ministre avait en charge la conduite du processus au sein du gouvernement, il allait de soi que tous les regards étaient tournés de son côté. Se racheter Le chef de l'Etat, après plusieurs jours de tergiversations, a fini par prendre une décision à l'égard de son ministre dont la compétence et le rôle capital dans la construction du processus du changement se sont révélés déterminants jusque là. Trois hypothèses faisaient alors le tour des discussions sur la question : Boni Yayi allait-il limoger son ministre d'Etat réputé une pièce maîtresse dans le dispositif de mise en œuvre des fondements d'un Bénin émergent ? L'intéressé lui-même allait-il prendre la mesure de la gravité de la situation, et, par conséquent, annoncer sa démission du gouvernement ? Ou alors c'est un remaniement ministériel qui viendrait entraîner son départ ou réduire ses attributions. Il s'est trouvé que cette dernière hypothèse est celle qu'a choisi le chef de l'Etat pour se racheter dans ce dossier. L'amputation du volet économie des attributions de Koupaki traduit ostensiblement une volonté de sanction du chef de l'Etat à l'égard de ce ministre. Ce qui sous-entend qu'il n'aurait plus à s'occuper désormais des dossiers de privatisation, encore mois de celui de la Sonapra. Seulement, sur cet aspect de la question, il est difficile de ne pas trouver à reprocher au président de la République. Bien curieuse démarche A bien observer l'attitude du président Yayi, c'est comme s'il n'en était pour rien dans la manière dont le processus de privatisation de la Sonapra a été conduit jusque là, et qu'il n'est intervenu que pour constater les dégâts causés par son ministre. Mais à y voir de près, les choses ont dû se passer autrement. En effet, trois étapes importantes ont marqué la procédure de cession de l'outil industriel de la Sonapra : la sélection du soumissionnaire adjudicataire, la création de la société de développement de coton (Sodeco) et l'assemblée générale des actionnaires. Or, déjà à la première étape, celle de la sélection suite à un appel d'offres, , il y avait déjà eu fausse note : l'absence de concurrence dans le choix opéré et d'un appel d'appel d'offre international, conformément à la recommandation du gouvernement. Pourquoi déjà à ce premier niveau il n'y a eu aucune réaction de la haute autorité ? Et comment expliquer la descente, pour le moins curieux, de certains ministres auprès des producteurs du septentrion et les discours qu'ils y ont tenus ? Pourquoi c'est seulement à la phase finale de processus que le chef de l'Etat a jugé utile d'envoyer des ministres aller recueillir les avis des producteurs sur l'opportunité de la cession partielle de l'outil industriel de la Sonapra ? Et parmi ces membres du gouvernement dépêchés sur le terrain il y en a qui demeuraient membres de la structure dite Autorité de régulation des réformes structurelles. De véritables juges et parties ! Autant ils sont chargés de contrôler la mise en œuvre du processus, autant ils s'érigent en pourfendeurs de l'idée de cession, prenant ainsi, à la surprise générale, fait et cause pour les producteurs. Une telle démarche de la part du gouvernement, à travers ces ministres, montre clairement qu'à un moment donné, le président de la République qui au départ a librement choisi de faire procéder à la cession de l'outil, a décidé de changer d'avis. C'est à croire que des gens, n'ayant pas intérêt à ce que la Sonapra soit amputée de ses usines, ont réussi à le convaincre de revenir sur sa décision. Et pour justifier cette volte-face, il fallait trouver un bon prétexte ; celui-ci était tout trouvé à travers les irrégularités qui ont entaché le processus. Porte de sortie ? Autre chose intrigante dans la démarche déroutante du gouvernement, c'est le fait que les ministres ne soient allés « entendre »que les sons de cloche des producteurs du septentrion. A moins que les étapes des autres localités attendent d'être programmées. Enfin, il convient de relever que l'homme d'affaire à qui les usines ont été cédées n'est pas étranger au régime en place. Le ministre qui a conduit le processus n'a-t-il pas dû fermer les yeux sur certaines irrégularités parce qu'on le lui a demandé, ou simplement parce que c'est de celui-là qu'il s'agissait ? Son maintien au gouvernement, mais affaibli dans ses attributions, entraîne ainsi deux hypothèses : soit on en a fait un bouc émissaire pour finalement retourner les usines à la Sonapra, histoire de donner suite aux « protestations » de ceux qui veulent continuer par s'enrichir dans l'ombre sur le dos de la Sonapra, , soit on cherche à s'en débarrasser, pour une raison ou une autre, l'affaiblissement de sa position au sein du gouvernement n'étant qu'un pas vers cet objectif qui ne peut qu'être politique. Wait end see ! Alain C. Assogba |