Rebondissement dans l’affaire des 38 députés:
La question des 38 députés que le président de
l’Assemblée nationale a refusé de passer aux débats continue de faire des
vagues. Alors que la tension est à son comble et la prochaine rentrée
parlementaire réserve déjà des surprises, le député Ismaël Tidjani Serpos vient
de déposer un recours à la Cour constitutionnelle pour en rajouter à la crise.
La
première session ordinaire de l’année 2008 s’annonce déjà très houleuse. C’est
ce qu’il convient de dire au regard des agissements, des préparatifs et des
autres jeux politiques dans les différents états-majors. Alors que le président
Mathurin Nago semble résolu à jouer la carte de l’apaisement pendant que ses
adversaires, sont de leur côté, dans la logique de l’affrontement. On dit même
déjà dans les bureaux que la tension risque de ne pas baisser avant la fin de
la législature. A cause de l’option choisie par les députés de la mouvance de
trouver des réponses à tout. Et même à travers des injures et autres attaques
verbales. Dans cette perspective où la situation est bien au profit du groupe
des députés de l’opposition, le dossier relatif à l’interpellation du président
de l’Assemblée nationale au sujet de la gestion qu’il a faite de certaines
affaires depuis son entrée en fonction connaît depuis le vendredi dernier un
nouveau développement. C’est le député du Parti du renouveau démocratique
(Prd), l’honorable Ismaël Tidjani Serpos qui a saisi, contre toutes attentes,
les sages de la Cour Constitutionnelle au sujet de la question préjudicielle
soulevée par son collègue de la liste Force cauris pour un Bénin émergent
(Fcbe), Mama Djibril Débourou, le soir de la clôture de la troisième session
extraordinaire de l’année 2008 pour aider le président Mathurin Nago à ne pas
mettre en débats sa réponse au sujet de la question des 38 députés. Le
« député rebelle » a déposé ce même vendredi une copie de sa requête
au secrétariat général administratif de l’Assemblée nationale, a-t-on aussi
appris. Après avoir lu et relu le Règlement intérieur de l’institution
parlementaire, l’ancien président de la commission des lois, de
l’administration et des droits de l’homme en est arrivé à la conclusion
qu’aucun article ne permet à son collègue de soulever, comme il l’a fait, une
question préjudicielle et en violant ainsi la constitution. Raison pour
laquelle, le député Prd demande aux sages de la haute juridiction d’obliger le
président Mathurin Nago a revenir sur la question et de mettre en débats, sans
condition, sa réponse pour d’autres actions parlementaires plus sérieuses,
dit-on dans les couloirs de l’Assemblée nationale.
La destitution de
Nago toujours à l’ordre du jour
pLes
députés hostiles à la manière dont l’Assemblée nationale de la cinquième
législature est gérée ne semblent pas avoir baissé les bras, malgré les appels
à l’ordre, la campagne politique pour le dialogue social enclenchée par le
médiateur de la présidence Albert Tévoédjrè depuis quelques jours et surtout la
tendance du camp Mathurin Nago à ramener la balle à terre. Certaines sources
parlementaires expliquent qu’aussitôt après la clôture de la session et le
refus catégorique du président Mathurin Nago de convoquer une quatrième, les
ténors du groupe des « rebelles » se sont rapidement concertés et se
seraient même entendus pour se partager des rôles au cours du processus qui a
conduit à la déclaration sur la situation nationale le 12 mars dernier. Et, en
dehors du recours du député Ismaël Tidjani Serpos contre Mathurin Nago,
d’autres actions de taille seraient actuellement en train d’être mijotées pour
rendre la prochaine session ordinaire ingérable au camp présidentiel. Entre
autres moyens politiques en cours pour fragiliser le pouvoir du changement et
prendre en otage l’Assemblée nationale dans les semaines à venir, on cite trois
pôles de réflexions mis en place au niveau du G 4 élargi. Des contacts sérieux
ont été diversement pris pour débaucher certains hommes politiques de la
mouvance pour consolider les bases. Ce sont les récentes sorties médiatiques
des chantres du changement, les insultes et autres injures à la vieille classe
politique qui auront été préjudiciables au chef de l’Etat.
Une majorité
au-delà de 48 députés
La
situation telle qu’elle se gère au niveau de l’opposition et les acquis de ces
derniers jours a fait gravement basculer la majorité dans le camp de
l’opposition qui, selon les mêmes sources, aurait déjà dépassé de très loin 50
députés hostiles au pouvoir du changement. Le groupe s’est, en effet, fortifié
avec le camp des 30 députés qu’on appelait la minorité parlementaire, le G 13
de l’honorable Issa Salifou, les 4 de l’aile Force Clé de Lazare Sèhouèto et
une importante vague de parlementaires de la liste Force cauris pour un Bénin
émergent qui ne se retrouvent plus dans la méthode de gestion au sommet de
l’Etat et surtout l’injonction qui leur est assez souvent faite sans tenir
compte dit-on, de leurs propres intérêts politiques. Et tout calcul fait, on ne
serait pas trop loin du quorum des 2/3, soit 56 députés fortement prêts pour
changer la configuration du bureau de l’Assemblée nationale de la présente
législature. Selon les mêmes sources, c’est la crise de positionnement sur les
listes électorales pour les prochaines échéances municipales, communales et de
la désignation des chefs de quartiers et de villages qui aurait fait d’autres
mécontents dans la mouvance ; ce qui complique le cas du président
Mathurin Nago. En effet, plusieurs députés se seraient rendus compte du fait
qu’un certain nombre de leurs candidats n’ont pas été positionnés, occupent des
places moins confortables ou ont été simplement rangés sur la listes des
suppléants. Le cas des listes des conseils de quartiers et de villages a été
simplement criard, par rapport aux promesses qu’ont leur avait faites. Et la
tension a été à son comble quand, face aux contestations de dernières heures,
plusieurs candidats ont été obligés de remettre leurs démissions aux patrons
des listes Fcbe. C’est dans Cotonou, Porto-Novo, Parakou, Djougou et Natitingou
qu’on a noté les plus grandes défections et les menaces de soutenir désormais
les listes de l’opposition pour ces élections locales contre le chef de l’Etat.
Jean-Christophe
Houngbo
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1364 autres membres