Les raisons d’une entente impossible
mai 19, 2008 |
L’ouverture. C’est le mot qui se trouve aujourd’hui sur toutes
les lèvres après les dernières élections communales et locales dont les issues
ne sont toujours pas connues de façon officielle et définitive. Et parlant de
l’ouverture donc, l’on hésite pas à faire des clins d’œil aux partis et
alliances de partis politiques qui ont largement animé la vie politique
nationale lors des ressentes joutes électorales.
A analyser les grandes tendances sorties des urnes et non encore
officialisées par la
Commission Electorale Nationale Autonome, l’on se rend bien
compte des performances réalisées par chacune des forces politiques en
présence. Si les Forces Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe) ont réussi le pari
en terme de conseillers obtenus, il n’en demeure pas moins que cette victoire
est sujette à polémique et suscite même de sérieuses réflexions. Une chose est
d’avoir un nombre impressionnant de conseillers avec soit, mais l’autre chose
est de savoir si ceux-ci remplissent les conditions qualitatives pour garantir
la réalisation des ambitions majeures de 2011, la réélection du Chef de l’Etat,
le docteur Thomas Boni Yayi. Sur ce point, san risque de se tromper, il me paraît
très honnête de répondre par la négative. Couronner donc cette grande ambition
politique du Chef de l’Etat de succès, celle de lui renouveler le fauteuil de
locataire à la Marina
en 2011 nécessite indubitablement des alliances politiques. Mais, en observant
actuellement l’actualité politique, les grosses forces politiques, véritables
détentrices de ce poids nécessaire pour assouvir les ambitions du Chef de
l’Etat en 2011 demeurent celles avec qui une rupture amère s’est instaurée à la
veille des élections communales et locales. Au stade actuel donc, le climat
reste plus que jamais délétère et tout pronostic de réconciliation demeure de
véritables spéculations. Parmi ces forces politiques dont Boni Yayi a
nécessairement besoin pour les prochaines présidentielles et législatives,
figurent essentiellement deux blocs. Il s’agit bien évidemment de la coalition
formée par les grands partis politiques traditionnels, connue aujourd’hui sous
le vocable de G4. De l’autre côté, il y a le groupe des 13 députés unis pour
démontrer leurs assises politiques au Chef de l’Etat sur l’échiquier politique
national, je veux nommer le G13. Entre ces deux blocs, on note le plus dur,
celui du G4 dont les ambitions sont largement au dessus de la simple
participation de la gestion du pouvoir. Si l’on doit s’en tenir donc compte aux
différentes préoccupations soulevées par le G13 pendant leur naissance, il est
évident que leur réconciliation avec le Chef de l’Etat ne saurait tarder. Pour
ces députés, la principale de leurs préoccupations tourne autour de la
participation à une réelle gestion du pouvoir. Et ceci, le Chef de l’Etat
pourra très tôt le corriger en leur octroyant quelques postes ministériels dans
la formation du prochain gouvernement. De toute façon, même si certains résistent
encore à la coopération, d’autres n’hésiteront pas à saisir la main tendue du
Chef de l’Etat, ce qui pourrait provoquer la dissolution ou la cassure de ce
groupe. Mais, de l’autre côté, le G4 dans son ensemble et au vu des intérêts en
jeu, fera-t-il réellement et loyalement prospérer la réconciliation tant souhaitée
?
Le
G4, une opposition déguisée à Boni Yayi qui vise la Marina en 2011.
Pris dans son ensemble, le groupe dit G4 est aujourd’hui dans
une logique de conquête du pouvoir en 2011. Même si actuellement, aucune de ces
formations politiques ne s’est encore officiellement déclarée opposée au régime
de Boni Yayi, nous pensons que quand les actes parlent, les paroles se taisent.
Les quatre formations politiques réunies au sein du G4, à savoir la Renaissance du Bénin
(RB), le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) de maître Adrien Houngbédji, le
Mouvement Africain pour le Développement et le Progrès (Madep) de Fagbohoun et
le Parti Social Démocrate (Psd) de Bruno Amoussou poussent plus loin leurs
ambitions si l’on se réfère à la nature hautement politique de leurs déclarations
à la veille des dernières élections. Selon ces grosses cylindrées politiques,
Boni Yayi gouverne dans la précipitation, dans l’improvisation et constitue
même une menace pour la démocratie chèrement acquise. Ces incriminations faites
sur le régime du changement a suscité dans le temps de vives réactions qui ont
longtemps agité l’opinion publique. Contrairement au G13 donc, les
préoccupations de ces quatre formations politiques ne se tournaient donc pas
autour des questions de partage de pouvoir ou de participation à la gestion du
pouvoir. C’est alors tout le système de gouvernance du Chef de l’Etat qui est
indexé. Il est donc clair que parlant de réconciliation avec le G4 dans son
ensemble tel qu’il est constitué n’apporterait pas grand chose au Chef de
l’Etat. Seules des négociations individuelles avec ces formations politiques
pourront faire prospérer les prémices d’une réconciliation limpide et
profitable au Chef de l’Etat. Mais là encore, les partis politiques réunis au
sein de cette alliance pris individuellement nourrissent également des
ambitions qui pourraient tout de même se constituer en de véritables pesanteurs
pour une franche collaboration avec le régime du changement.
La RB entre devoir de solidarité avec le G4 et engagement responsable
face à l’ouverture.
Des quatre formations politiques réunies au sein du G4
aujourd’hui, celle qui paraît naturellement la mieux indiquée à s’engager aux
côtés de Boni Yayi est sans doute la Renaissance du Bénin. Ceci s’explique très
clairement et de la façon la plus simple d’ailleurs. Pendant les 10 dernières
années, ce parti politique contre vents et marées a été la principale formation
politique opposée au régime du Général Mathieu Kérékou. Les trois autres, d’une
manière ou d’une autre ont pactisé avec ce régime dont les méthodes de gestion
ont été fortement décriées par la Renaissance du Bénin. La principale vision prônée
dans le temps par Nicéphore Soglo et ses compagnons était le changement, une
autre forme de gestion des affaires publiques. Et alors, ce changement est né
au soir des fameuses élections présidentielles de mars 2006, mais ne propulse
pas la Renaissance
du Bénin à la
Marina. Néanmoins, il y a eu changement car le régime de
Kérékou combattu était mort et le nouveau locataire de la Marina prône lui aussi le «
Changement ». Tout naturellement alors, la Renaissance du Bénin,
qui a d’ailleurs, au sein de l’alliance « Wologuèdè » appelé à voter pourYyayi
Boni n’avait aucune raison de s’opposer une fois encore à ce nouveau vent qui a
commencé par souffler.
Donatien GBAGUIDI