Du Bon Usage de la Cour Constitutionnelle
15
mars 2008
Usez,
mais n'en Abusez pas !
La Cour Constitutionnelle est une instance arbitrale du système
démocratique. Son rôle consiste à veiller à la constitutionnalité des lois et
décisions politiques, à la conformité de celles-ci à celles-là. Ces décisions
sont aussi bien celles du gouvernement que de l’opposition.
Pour
autant les parties prenantes du jeu politique, Gouvernement et Opposition, ne
doivent pas faire des querelles byzantines leur sport favori ; évitant le
juridisme puéril, ils ne doivent pas tomber dans le travers de la saisine de la
cour à tout propos. Cela suppose d’abord que chaque partie se veuille
responsable au regard de la loi et en épouse l’esprit plutôt que de se le faire
rappeler de l’extérieur fût-ce même par l'instance dont c’est le rôle. En effet,
la vraie raison ne vient jamais de l’extérieur. La limite du vrai et la vraie
limite sont intérieures. Enfermer la Cour Constitutionnelle
dans le seul rôle d’instance arbitrale sans cher-cher à agir soi-même a priori
en toute conscience pour le vrai et pour le juste n’est pas une démarche de
maturité. Encore moins une démarche de responsabilité.
Le
recours à la Cour
constitutionnelle ne saurait être une fin en soi. L’idéal d’un fonctionnement
sain se trouve dans un effort d’autorégulation a priori des parties prenantes
du jeu politique ; de telle sorte que l’instance arbitrale intervienne le moins
possible. Comme on le sait, sur un terrain de football moins l’arbitre
intervient mieux cela vaut pour le bon esprit du jeu. A contrario lorsque les
interventions de l’arbitre deviennent intem-pestives alors cela veut dire que
l’esprit du jeu se détériore. Certes les décisions de la Cour sont tranchées, dans la
mesure où, en disant le droit, elle donne raison à une partie et tort à
l’autre, mais il ne s’agit là que d’une fausse raison et la prolifération des
litiges est en elle-même un déficit de Raison.
Cette
prolifération est un danger pour la démocratie dans la mesure où elle fausse
son esprit et en hypothèque le progrès. L’autre danger c’est que l’abus de la
fonction d’instance arbitrale de la Cour Constitutionnelle
peut s'avérer un piège surtout pour l’opposition dès lors que délibérément ou
opportunément le caractère absolu de la neutralité de la Cour en vient à être aliéné.
Faute
de développer l’esprit d’autonomie et de responsabilité dans la détermination
du juste et du vrai – ce qui suppose d’avoir toujours à cœur l’intérêt
supérieur de la Nation
– on pave le chemin de l’arbitraire, de la régression démocratique, ce qui
conduit inexorablement à une formalisation larvée de la tyrannie : la Démocrature.
Eloi
Goutchili