"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Remplacement de Abimbola à la tête de son groupe parlementaire:

Guerre de leadership en vue chez les Fcbe
In Le Matinal-18 juin 2008
La disparition du président du groupe parlementaire ’’Bénin Emergent Gouvernance Concertée’’, dans les conditions actuelles, annonce une crise de leadership dans la mouvance, à l’Assemblée Nationale. Alors qu’on craint déjà les conséquences de certains cas de frustrations dans le camp présidentiel, c’est le choix du remplaçant de Abimbola Adébayo Anani à la tête du groupe parlementaire qui risque de faire des vagues.

Qui sera le prochain président du groupe parlementaire ’’Bénin Emergent Gouvernance Concertée’’ ?

Cette préoccupation semble être le seul sujet qui agite vraiment, depuis hier, les cœurs au sein de la famille Force Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe), d’abord et spécifiquement au niveau des membres de ce groupe parlementaire. Le groupe dirigé par Abimbola Adébayo Anani était composé des députés Mathurin Nago, Grégoire Laourou, Thomas Ahinnou, Vénance Gnigla, Orou Bagou Orou Yarou, Wallis Zoumarou, Léon Ahossi, Janvier Yahouédéou, Edgar Alia et Joachim Dahissiho. S’il est vrai que certains d’entre eux ont déjà des responsabilités qui les écartent de la prochaine compétition pour la présidence du groupe, il existe au moins trois ou quatre députés qui doivent être déjà très tentés et qui se battront certainement autant que possible pour la cause. La situation va fortement secouer l’Assemblée Nationale et la Fcbe déjà fragilisée par un certain nombre de frustrations internes. Mathurin Nago, président de l’Assemblée Nationale, n’a évidemment rien à chercher, tout au moins pour le moment dans cette affaire. Idem pour ses collègues Grégoire Laourou, Vénance Gnigla, Thomas Ahinnou, Janvier Yahouédéou et Joachim Dahissiho qui, aussi, ont déjà d’autres grandes responsabilités, soit à l’Assemblée Nationale soit dans les institutions inter-parlementaires. Le premier est déjà président de la commission des finances et des échanges.


Vénance Gnigla qui d’ailleurs est membre du G 13 est président de la commission des affaires extérieures et de la défense. Son Collègue G 13 Joachim Dahissiho lui est déjà dans le bureau en tant que premier secrétaire parlementaire. Mais, son collègue Janvier Yahouédéou qui vient d’être promu chargé de mission du gouvernement Yayi Boni au parlement de l’Union Africaine ne devrait en principe, se préoccuper de ce poste vacant. Quant à Thomas Ahinnou, il est rapporteur de la commission des lois, de l’administration et des droits de l’homme.

Les problèmes

La bataille risque bien d’être rude entre Wallis Zoumarou et Edgar Alia surtout. Les deux autres députés restants qui pourraient aussi avoir des ambitions, sauront aussi jouer, par la suite, de leur poids pour se positionner. La première difficulté pour la mouvance dans la gestion de ce dossier est d’abord la position vraiment confortable du député Janvier Yahouédéou. Porte-parole de la Fcbe, il jouit d’une confiance évidente dans l’entourage du chef de l’Etat qui a souvent le dernier mot au demeurant, il est resté très fidèle au pouvoir et au président Yayi Boni et pourrait être la meilleure alternative pour l’homogénéité de la mouvance au parlement. Avec le fait qu’on dit qu’il est très côté dans l’ensemble de leur groupe. De sa situation, il pourrait même être un handicap pour ses collègues Edgar Alia et Wallis Zoumarou pratiquement en disgrâce dans la mouvance. Pour mieux se repositionner, ils ont dû présenter des militants contre la liste Fcbe du chef de l’Etat lors des récentes élections municipales, communales et de la désignation des conseils de quartiers et villages. Le premier, certainement recalé par les chantres du changement, a dû recourir à la liste du parti Union nationale pour la Démocratie et le Progrès (Undp) d’Emile Derlin Zinsou à Savalou contre la Fcbe. Le député Wallis Zoumarou dans les mêmes conditions, est allé se créer la liste Kokari contre la Fcbe dans son Djougou Natal pour se tirer d’affaire. Et pour avoir été contre les intérêts de la haute autorité, ils pourraient en subir les conséquences lors de la désignation du prochain président de leur groupe parlementaire. Mais, à défaut de choisir Janvier Yahouédéou dont les chances sont pourtant énormes dans la situation actuelle, on peut recourir aux compétences de l’honorable Orou Bagou Orou Yarou pour le récompenser pour services rendus. Alors que ses camarades du G 13 votaient pour le rejet du rapport d’activité du président de l’Assemblée Nationale, Mathurin Nago, le député Orou Bagou Orou Yarou a opté, contre toute attente, pour le mouvement contraire. Dans la confusion, il a même tenté d’utiliser la procuration de son collègue Vénance Gnigla pour continuer son jeu contre son G 13. Il a fallu une vive réaction du coordonnateur national du G 13, le député Nassirou Bako Ari Fari, et du premier questeur, Sacca Ficara, qui a gardé la procuration de Gnigla pour éviter à l’opposition de perdre toutes les deux voix. Ce comportement que le député Orou Bagou Orou Yarou a dû adopter en ce moment pourrait lui valoir le poste de président du groupe juste pour le fidéliser. Surtout avec les menaces de destitution qui planent toujours sur la tête du président Mathurin Nago et les stratégies en cours pour éviter que ses adversaires ne réunissent les 2/3 favorables à la cause. Dans tous les cas, on est également obligé de compter avec le député Léon Ahossi.

Les autres difficultés

Au delà de tous ces schémas dont la mise en œuvre pose déjà de sérieux problèmes, on doit prendre en compte les tiraillements actuels internes à la Fcbe même. Et il n’y a pas véritablement un choix qu’on pourrait faire sans bouleverser les cartes par ces temps qui courent. Et si le chef de l’Etat, au lieu de rester loin de ce débat périlleux, en arrivait, en plus, à donner des consignes pour un choix contre un Edgar Alia ou un Wallis Zoumarou, ce sera la dernière goutte d’eau qui va faire exploser la Fcbe. Surtout qu’on apprend de bonnes sources déjà que ce n’est plus la parfaite entente dans cette famille de la mouvance parlementaire où on accuse certains d’être plus royalistes que le roi et de faire chaque fois qu’ils en ont l’occasion, des comptes rendus tendancieux et faux au chef de l’Etat sur la situation qui prévaut à l’Assemblée Nationale. De plus, il y a ce projet de destitution du président Mathurin Nago pour lequel il y a eu assez de spéculations et pour lequel on soupçonne certains députés Fcbe de vouloir trahir. Dans ces conditions où les députés Edgar Alia et Wallis Zoumarou avaient déjà pris leur disposition en choisissant de ne pas s’aligner sur la liste du chef de l’Etat lors des dernières consultations locales et surtout le fait qu’aucun d’eux n’a rien à perdre en affrontant le président Yayi Boni, leur mise à l’écart pourrait alourdir l’ambiance déjà trop viciée, pourrait renforcer le camp des adversaires du changement qui cherchent toujours la dernière occasion pour monter les enchères dans sa position. Et puis, il y a le fait qu’il n’y a plus d’élection en vue et tout le monde attend 2011 pour s’essayer à nouveau. Autant de situations qui obligent le chef de l’Etat et les caciques du changement à plus de retenue pour ne précipiter la chute de Mathurin Nago du perchoir et couper définitivement le président Yayi Boni de l’Assemblée Nationale.

Jean-Christophe Houngbo


20/06/2008
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