"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Stratégie politique du pouvoir :

Du pain contre le ralliement

Rédigé le 16 novembre 2007 par Arimi CHOUBADE

 

Le discours politique des courtisans s’est trouvé un nouveau raccourci : refus de l’opposition régionale. Un concept qui se résume à à-peu-près ceci : « couper les vivres aux régions hostiles ». Phénomène rampant dans les départements de l’Ouémé et du Plateau et résiduel dans le Couffo. Des séances d’exorcisme destinées à vanter les mérites de la collectivisation du conformisme politique. Le grand chef serait très fâché de voir que les suffrages collectés dans telle région ou dans telle autre ne lui soient pas favorables. Seuls les peuples soumis seront élus.

Une rhétorique qui pose l’éternel problème du zèle et de l’efficacité. C’est à la limite une insulte pour le régime à qui on prête des tendances manichéennes. Distinguant les zones hostiles des fiefs inconditionnels. Tronçonnant le budget national carte à la main. Ayant des projets de développement pour les uns et abandonnant les autres à la pauvreté et à la misère. Toute chose qui réduit le changement à une vulgaire machine de règlement de comptes. Dire qu’il existe des structures de promotion du changement qui devraient logiquement tomber à bras raccourci sur tous ces pasteurs d’un autre âge qui répandent partout sur leurs passages inepties et non-sens, au nom d’un chef devenu en fait un fonds de roulement. Même s’ils se recrutent parmi des personnalités insoupçonnées dont certaines se retrouvent au bureau du parlement.

C’est possible qu’un chef prenne en aversion des adversaires politiques du fait d’un parti politique fortement implanté dans une localité donnée comme ce fut le cas sous le président Kérékou avec le département du Zou. La désignation de cadres de ces régions à des postes très sensibles pour le pouvoir en place peut souffrir de considérations partisanes. Nicéphore Soglo a eu le malheur de confier la direction de la police nationale à un ethniquement proche de Kérékou, son plus grand rival. À la survenance de l’alternance de 1996, ce dernier a tout bonnement fait de son « cousin » ministre de l’Intérieur. Ce qui a donné lieu à de légitimes supputations d’autant plus qu’après cette rocambolesque métamorphose, le président Kérékou s’est imposé une ligne infranchissable : jamais d’originaires du Zou à la tête de la police, de la gendarmerie, de la douane, de l’armée en 10 ans de pouvoir.

Le fonctionnement de l’Etat béninois ne permet à aucun président de la République, aussi vindicatif soit-il, de faire sa guérilla personnelle avec une région, une ethnie ou une collectivité. Tous les projets de développement passent forcément par le budget national étudié et voté à l’Assemblée nationale où sont représentées toutes les régions du pays. Une première alerte ne manquerait pas de surgir à ce niveau en cas de déséquilibre criard. Je veux bien croire à une « sibérisation » forcée du Zou sous le règne de Kérékou. Mais qu’on nous dise la région du pays transformée en eldorado parce que politiquement docile durant cette décennie de désolation. Le Borgou, l’Atakora, la Donga ou l’Alibori ? Que dire de Cotonou qui a concentré durant la même période la plupart des grands investissements urbains bien qu’il soit politiquement de teinte identique au Zou ?

Ceux qui disent avoir peur pour leurs régions parce qu’elles seraient hostiles n’ont certainement jamais eu la patience d’écouter un discours de Yayi Boni sur le Bénin émergent jusqu’à soin terme. « Ambition de faire de la nation unie une terre de prospérité pour tous ces fils ».

Ils n’en savent visiblement rien.



19/11/2007
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