Système émergent
Drôle, la machine…
jeudi 17 juillet 2008
Arimi CHOUBADE
Rédigé le 17 juillet 2008
Quelqu’un a-t-il compris comment fonctionne
l’équipe du changement ? En dehors de la poursuite de l’encadrement
spirituel du docteur-président certifié par la voix la plus autorisée, le reste
de l’échafaudage donne l’impression d’un véritable capharnaüm. En référence à
ces dédoublements de rôles dont le Palais de la Marina a le secret. Avec, à
l’occasion de chaque remaniement ministériel, de curieuses séquences de chaise
musicale entre Conseillers techniques de la Présidence de la République et
membres du gouvernement. Un temps conseiller, un autre ministre, un autre temps
conseiller et ministre à la fois. On aurait remarqué que la gouvernance du
Bénin-émergent souffre entre autres maux d’attelage et certainement
d’inspiration.
Exercice pratique : prenez un Soumanou
Moudjaïdou. Conseiller technique du chef de l’Etat devenu ministre puis revenu
au même poste de conseiller technique. La gestion approximative de la crise
économique lui permet de démontrer, au yeux de tous, son omniprésence voire sa
préséance sur son successeur au ministère du Commerce. Les Béninois auraient
remarqué que plus que le ministre normalement compétent, c’est plutôt le
Conseiller technique du chef de l’Etat qui s’agite sur le front.
Ne parlons pas de la très spéciale conseillère
diplomatique du chef de l’Etat, débarquée du gouvernement mais qui garde la
haute main sur les affaires étrangères. Un confrère n’a pas hésité à
caricaturer l’occupant de la coupole de ministre-assistant de la Conseillère
spéciale à la diplomatie du chef de l’Etat. On a pu constater sa transparence
absolue pendant que son prédécesseur, conseillère spéciale du chef de l’Etat,
faisait feu de tout bois à la tête du comité d’organisation du sommet de la
Cen-Sad à Cotonou.
Le service de recyclage d’anciens ministres de la
Présidence de la République fonctionne à plein régime. Sous le changement rien
ne se perd ; tout se récupère lorsqu’il s’agit de courtisans fidèles, même
sanctionnés pour incompétence ou absence avérée de résultat. La déchéance n’est
réservée que pour les idéologiquement indésirables. Or, le jeu de dé entre
Conseillers techniques et ministres semble avoir atteint les limites des
combinaisons possibles. Les « encadreurs » spirituels ne peuvent
accepter l’apport de recrues non « encadrés » du genre Jérôme
Dandjinou ou Collette Houéto. D’où les appels tous azimuts aux propositions.
Ouvrir aux idées à défaut d’ouvrir aux hommes. Escroquerie politico intellectuelle
accuseraient les puristes.
La panne est là. Interne, persistante, grotesque,
liée au gène. Face à la crise, les Béninois n’ont eu droit qu’à des mesures
aussi inopérantes les unes que les autres. La politique économique, quant elle,
est quasi inexistante. Dans un Etat de droit, aucune politique ne se met en
place sans texte. Rien à voir avec les ratifications d’accord de prêt destinées
à conforter le processus d’endettement accéléré du pays. La révolution agricole
galvaudée ne peut se faire que dans le cadre d’une loi. Pourtant le
gouvernement Yayi a bénéficié d’un parlement unanimement acquis durant plus
d’un an sans que le moindre projet de loi sur l’agriculture, la santé, les
télécommunications, le transport n’ait vu le jour. Le seul, l’unique projet
législatif connu au docteur-président c’est la confiscation du perchoir à coup
de procurations. Pendant ce temps, les quelques lois sociales existantes, en
l’occurrence, celles sur la décentralisation sont constamment foulées au pied.
Qui refuse alors l’émergence ?
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