"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Tenue du scrutin du 20 avril 2008 :


 Comment Boni Yayi a changé d'avis

 

 

 

 

Jeudi, 10 avril 2008 08:31

Le gouvernement a officiellement annoncé le mercredi 9 avril 2008 par la voix de son chef, son adhésion à la tenue effective du scrutin du dimanche 20 prochain. Une déclaration qui vient calmer les esprits, mais qui cache bien des choses. Des manœuvres souterraines aux négociations ouvertes en passant par des crocs-en-jambe qui continuent d'ailleurs. Qu'est-ce qui n'a pas été fait pour reporter le scrutin ?
Le gouvernement est pour la tenue effective du scrutin des 20 avril 2008. Cela peut paraître surprenant si l'on tient compte des difficultés actuelles de la Commission électorale nationale autonome. Des difficultés essentiellement d'ordre financier nées de la volonté du gouvernement de ne pas mettre les moyens à temps à la disposition de l'équipe de Pascal Todjinou. Jusqu'à hier, la situation est restée sans évoluer. Ce qui explique d'ailleurs le déplacement de certains leaders politiques et des membres de la société civile au siège de la Cena. L'équipe de Pascal Todjinou manque cruellement de moyens pour organiser les élections comme cela se doit le 20 avril prochain. Le Chef de l'Etat, bien que conscient de la situation a invité les uns et les autres à accomplir leur devoir civique dans la paix. Ce message cache malheureusement un relent d'hypocrisie. Le gouvernement s'est vu obligé d'adopter cette position simplement parce qu'il a échoué  dans toutes les tentatives d'obtenir le report des élections. La première tentative est l'opportunité qu'il a cru devoir saisir dans l'affaire des 50.000 cartes d'électeur qui a amené les députés Fcbe à demander la destitution du président de la Cena et l'annulation de tout le processus électoral. La décision rendue par le tribunal dans ce dossier a fait échouer cette première tentative. La deuxième a eu lieu dans la nuit du mardi 8 avril 2008. Trois membres du gouvernement ont été dépêchés auprès du président de la Cena pour le convaincre à demander le report des élections compte tenu des difficultés que rencontrerait le pouvoir. Au lieu donc d'œuvrer pour que le gouvernement débloque rapidement les fonds qu'il faut, ces ministres ont plutôt voulu amener le président Pascal Todjinou à demander le report des élections. C'était un piège car dans ce cas, le gouvernement dira que c'est la Cena qui a voulu du report des élections. Par mesure de prudence, le président Pascal Todjinou a souhaité que le sujet soit évoqué à la plénière de la Cena.  A la majorité des membres présents, les « Cénateurs » ont donc rejeté la proposition du gouvernement. Aussitôt, le président Pascal Todjinou a délivré son message de lancement de la campagne électorale comme le veut la tradition. Le gouvernement n'avait plus le choix dans ces conditions. Le vin est tiré. Le conseil extraordinaire convoqué par le Chef de l'Etat à son retour d'Angola a donc opté pour le maintien de la date des élections pour le 20 avril 2008. Le sort en est ainsi jeté. Boni Yayi a pris le contre-pied de la déclaration de ses députés qui se sont retrouvés le dimanche dernier au Palais des congrès de Cotonou.

La rencontre avec les députés

Toujours dans la nuit du mardi 8 avril 2008, Boni Yayi a rencontré tous les députés Fcbe au Palais de la Marina. Pendant plusieurs heures, ils ont débattu de cette question liée au report ou non des élections. A l'occasion, le Chef de l'Etat a porté à la connaissance de ses députés qu'il aurait  rencontré chacun des leaders du G 4 et que la plupart de ses responsables politiques seraient prêts pour la tenue des élections le 20 avril 2008. Par conséquent, il a demandé à ses députés de ramener la balle à terre, de reconsidérer leur position et de commencer par s'apprêter pour le rendez-vous du 20 avril. Le Chef de l'Etat aurait même demandé à l'honorable Aholou Kêkê de faire en sorte que l'appel interjeté dans le dossier des 50.000 cartes soit retiré. A la même occasion, des militants Fcbe de Cadjèhoun ont été introduits au Palais de la Marina pour manifester aux députés leur détermination à aller aux élections le 20 avril. Parallèlement à cette scène et à cette rencontre, le président Boni Yayi a envoyé des émissaires auprès de chacun des leaders du G 4 les invitant pour une rencontre d'échanges le mercredi 9 avril 2008 à 11 heures. Selon certaines indiscrétions, le Chef de l'Etat voulait en réalité les amener à accepter le report des élections. Sans se concerter, Nicéphore Soglo, Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou, Idji Kolawolé, Lazare Sèhouéto et les autres ont rejeté l'offre. Il n'y avait donc plus possibilité de parler de report d'où la déclaration de dernière heure lue par Janvier Yahouédéhou à la télévision nationale. C'est donc à une intense journée de négociations que le Chef de l'Etat et ses députés se sont livrés pour concrétiser  l'intention de report des élections du 20 avril 2008. Il reste donc que les moyens soient mis à la disposition de la Cena pour que le scrutin se déroule dans de bonnes conditions. Toute autre manœuvre serait vite liée à cette intention dont le gouvernement ne s'est peut-être pas encore départi définitivement. C'est en tout cas une grande responsabilité devant l'histoire.

 



10/04/2008
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