Le
gouvernement a officiellement annoncé le mercredi 9 avril 2008 par la voix de
son chef, son adhésion à la tenue effective du scrutin du dimanche 20
prochain. Une déclaration qui vient calmer les esprits, mais qui cache bien
des choses. Des manœuvres souterraines aux négociations ouvertes en passant
par des crocs-en-jambe qui continuent d'ailleurs. Qu'est-ce qui n'a pas été
fait pour reporter le scrutin ?
Le gouvernement est pour la tenue effective du scrutin des 20 avril 2008.
Cela peut paraître surprenant si l'on tient compte des difficultés actuelles
de la Commission
électorale nationale autonome. Des difficultés essentiellement d'ordre
financier nées de la volonté du gouvernement de ne pas mettre les moyens à
temps à la disposition de l'équipe de Pascal Todjinou. Jusqu'à hier, la
situation est restée sans évoluer. Ce qui explique d'ailleurs le déplacement
de certains leaders politiques et des membres de la société civile au siège
de la Cena. L'équipe
de Pascal Todjinou manque cruellement de moyens pour organiser les élections
comme cela se doit le 20 avril prochain. Le Chef de l'Etat, bien que
conscient de la situation a invité les uns et les autres à accomplir leur
devoir civique dans la paix. Ce message cache malheureusement un relent
d'hypocrisie. Le gouvernement s'est vu obligé d'adopter cette position
simplement parce qu'il a échoué dans toutes les tentatives d'obtenir le
report des élections. La première tentative est l'opportunité qu'il a cru
devoir saisir dans l'affaire des 50.000 cartes d'électeur qui a amené les
députés Fcbe à demander la destitution du président de la Cena et l'annulation de
tout le processus électoral. La décision rendue par le tribunal dans ce
dossier a fait échouer cette première tentative. La deuxième a eu lieu dans
la nuit du mardi 8 avril 2008. Trois membres du gouvernement ont été dépêchés
auprès du président de la Cena
pour le convaincre à demander le report des élections compte tenu des
difficultés que rencontrerait le pouvoir. Au lieu donc d'œuvrer pour que le
gouvernement débloque rapidement les fonds qu'il faut, ces ministres ont
plutôt voulu amener le président Pascal Todjinou à demander le report des
élections. C'était un piège car dans ce cas, le gouvernement dira que c'est la Cena qui a voulu du report
des élections. Par mesure de prudence, le président Pascal Todjinou a
souhaité que le sujet soit évoqué à la plénière de la Cena. A la majorité
des membres présents, les « Cénateurs » ont donc rejeté la
proposition du gouvernement. Aussitôt, le président Pascal Todjinou a délivré
son message de lancement de la campagne électorale comme le veut la
tradition. Le gouvernement n'avait plus le choix dans ces conditions. Le vin
est tiré. Le conseil extraordinaire convoqué par le Chef de l'Etat à son
retour d'Angola a donc opté pour le maintien de la date des élections pour le
20 avril 2008. Le sort en est ainsi jeté. Boni Yayi a pris le contre-pied de
la déclaration de ses députés qui se sont retrouvés le dimanche dernier au
Palais des congrès de Cotonou.
La rencontre avec les députés
Toujours dans la nuit du mardi 8 avril 2008, Boni Yayi a rencontré tous les
députés Fcbe au Palais de la Marina. Pendant plusieurs heures, ils ont
débattu de cette question liée au report ou non des élections. A l'occasion,
le Chef de l'Etat a porté à la connaissance de ses députés qu'il aurait
rencontré chacun des leaders du G 4 et que la plupart de ses responsables
politiques seraient prêts pour la tenue des élections le 20 avril 2008. Par conséquent,
il a demandé à ses députés de ramener la balle à terre, de reconsidérer leur
position et de commencer par s'apprêter pour le rendez-vous du 20 avril. Le
Chef de l'Etat aurait même demandé à l'honorable Aholou Kêkê de faire en
sorte que l'appel interjeté dans le dossier des 50.000 cartes soit retiré. A
la même occasion, des militants Fcbe de Cadjèhoun ont été introduits au
Palais de la Marina
pour manifester aux députés leur détermination à aller aux élections le 20
avril. Parallèlement à cette scène et à cette rencontre, le président Boni
Yayi a envoyé des émissaires auprès de chacun des leaders du G 4 les invitant
pour une rencontre d'échanges le mercredi 9 avril 2008 à 11 heures. Selon
certaines indiscrétions, le Chef de l'Etat voulait en réalité les amener à
accepter le report des élections. Sans se concerter, Nicéphore Soglo, Adrien
Houngbédji, Bruno Amoussou, Idji Kolawolé, Lazare Sèhouéto et les autres ont
rejeté l'offre. Il n'y avait donc plus possibilité de parler de report d'où
la déclaration de dernière heure lue par Janvier Yahouédéhou à la télévision
nationale. C'est donc à une intense journée de négociations que le Chef de
l'Etat et ses députés se sont livrés pour concrétiser l'intention de
report des élections du 20 avril 2008. Il reste donc que les moyens soient
mis à la disposition de la Cena
pour que le scrutin se déroule dans de bonnes conditions. Toute autre
manœuvre serait vite liée à cette intention dont le gouvernement ne s'est
peut-être pas encore départi définitivement. C'est en tout cas une grande
responsabilité devant l'histoire.
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