"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Urbi et orbi :

19 novembre 2007 - IN la presse du jour

 " Pas d’excuses pour le Doyen "

Avant-Propos. Que la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) et l’Observatoire de la Déontologie et l’Ethique dans les Médias (Odem) se tiennent bien tranquilles. Ce détour de l’analyse n’est pas une atteinte à la confraternité. Il s’agit d’analyser un acte posé par un professionnel des médias en position d’Homme d’affaires. C’est bien clair. Le conseil des Ministres en sa séance du 14 novembre 2007 écrivait avec une certaine froideur ceci : " …Par ailleurs, le Conseil des Ministres met en demeure M. Joseph Ogouchi et Monsieur Didier Toulassi , Directeur des Etablissements Vidéo Leader, pour exécuter sans délais la réalisation et la diffusion du documentaire sur la Commission Nationale de Régulation des Marchés Publics, prestations au titre desquelles un décaissement de 6.360.200 F Cfa a déjà été fait à leur profit ou à rembourser au Trésor public la somme déjà perçue. " On est bien peiné de lire un tel énoncé. D’abord au plan professionnel, il y a bien lieu de retenir son souffle pour revisiter les cahiers de documentaire de l’Institut Supérieur du Journalisme de Lille. Tout commence par la documentation. Il est impossible de réaliser un documentaire sans y être préparé sérieusement. Pour ce faire, il faut rassembler tous les faits disponibles concernant le sujet et dresser une liste de tous les spécialistes que vous pourriez interviewer. La documentation et les spécialistes en question sont à Cotonou. Pour le cas précis, toutes les sources exhaustives susceptibles de contribuer valablement au contenu du reportage sont à Cotonou. Il n’y a pas de voyage à effectuer. Même si en passant en revue les interviews , les réalisateurs éprouvaient le besoin de retourner vérifier des détails auprès des intéressés et leur demander des éclaircissements , il n’y a pas à voyager, ils sont à Cotonou. Et chacun sait que, pour le documentaire, on peut bien enregistrer d’innombrables séquences qui ne passeront jamais à l’antenne ! C’est dire que pour une synthèse d’interview, il y a bien de temps à avoir pour Six millions des francs du contribuable. Inutile de revenir sur le montage pour s’interroger sur les contrechamps…Bref, le travail à faire ne nécessitant pas un voyage, il y a lieu de se désoler pour les Etablissements Vidéo Leader dont on connaît pourtant la capacité à faire un travail sérieux C’en est un. De deux, c’est un scandale politique. M. Ogouchi est très proche de la Première Dame. Le scandale éclabousse ainsi le Cabinet de la Première Dame et jette un discrédit sur son action future. Et si le Conseil n’a trouvé qu’à leur demander le remboursement simple au cas où ils ne pourraient exécuter les travaux, c’est pour faire plaisir à la première Dame, que dis-je à la Reine. Gare à ceux d’entre nous qui n’auront personne dans ce cercle du changement, et qui oseront prendre les billets verts du contribuable pour un travail non exécuté. Ils se retrouveront sur le chemin de la Maison Blanche. L’action politique concertée de bonne gouvernance exige un coup de balai au Cabinet de la Première Dame. Car l’impression que ce conseil laisse est ceci : " Même en leur sein, ils ne sont pas propres et ils veulent donner de leçons ". La Première Dame peut toujours choisir de ne pas suivre l’élan moralisateur de son époux. Ce serait son choix. Et elle ne tardera pas à assumer les conséquences dans les heures qui suivent. Au plan strictement professionnel, je ne sais pas comment seront désormais accueillis les reportages sur lesquels le doyen posera sa voix. C’est difficile, c’est dur, il n’y a que Sans Détours pour le dire au coin d’un détour détourné.

Herbert Houngnibo


20/11/2007
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