"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Yayi Boni ses notes de téléphone, ses frais de mission et son salaire :

Le chef est-il vraiment modèle ?

jeudi 29 novembre 2007

Arimi CHOUBADE

 

Il paie ses notes de téléphone de sa poche ainsi que celles de son épouse, fait don de son salaire à l'Etat, ne perçoit pas de frais de mission, gère « parcimonieusement » les fonds mis à sa disposition. Le palais de la Marina totalement blanchi de tout soupçon malveillant. Parce que c'est par la tête que pourrit le poisson. Or tel que décrite, cette tête-là éclabousse le reste du corps de sa pureté et de sa candeur. La morale est donc sauve à la présidence de la République sous le changement.

Une révélation qui gagne en crédibilité puisque mise à nu par la respectable Inspection générale de l'Etat (Ige) installée à la ....PRESIDENCE! Oublions un instant leur installation par celui qui bénéficie de ce rapport d'une bienveillance exceptionnellement laudative. Ou les quelques coquilles constatées dans les rapports aussi bien à la douane ou à la Sbee. Ou encore la sélectivité des inquisitions vis-à-vis de certaines structures étatiques. Et puis le sujet objet de l'inquisition est déjà un exemple de probité aux yeux d'une large partie de l'opinion publique. Autrement, il n'aurait jamais réalisé les 75% au second tour de la présidentielle 2006.

Visiblement, le coup médiatique de cette affaire a fait une fixation sur le chef de l'Etat en lieu et place de l'établissement public présidence de la République. Transformant cet espace en un îlot de pureté face au reste de l'appareil étatique gangrené par la corruption et l'affairisme. Un pays à double face : d'un côté le docteur-président et ses collaborateurs, de l'autre les autres Béninois. On imagine le boomerang en cas d'indélicatesse avérée d'un ou de quelques-uns des agents après ce qui est révélé sur le « sacrifice » présidentiel.

Et puis, il y a cette corrélation insidieuse entre le train de vie de l'Etat et la probité de celui qui préside aux destinées de la nation. La multiplication par trois des salaires des ministres ne provient pas de l'imagination des aigris. La balade des hélicoptères présidentiels, la délocalisation du conseil des ministres, la prolifération des véhicules officiels, les cortèges ministériels tous azimuts, les campagnes de sensibilisation aux objectifs bizarres comme celles relatives à la rentrée scolaire ou la privatisation de la Société nationale de promotion agricole (Sonapra). Le train de vie de l'Etat ne se mesure pas qu'à la présidence.

Les voyages du chef de l'Etat à l'étranger ! À ce sujet, il convient d'éclairer l'opinion sur les déclarations du chef de l'Etat lors de son passage à la télévision nationale à l'occasion du premier anniversaire de son mandat. A propos du montant qui aurait servi à « vendre l'image du Bénin à l'extérieur » en 8 mois. En attendant qu'un point détaillé soit fait en ce qui concerne les aides de pays amis contributeurs aux différents budgets de voyage du président béninois. La coopération internationale aurait-elle des vertus autres que les rapports de force habituels où les dirigeants s'entraident en supportant les frais de prince de leurs homologues de pays démunis ?

Quel est l'objectif poursuivi en faisant croire aux fonctionnaires qu'un des leurs devenu locataire de la Marina est en mesure d'assurer les frais de téléphone du président de la République et de renoncer à son salaire ? En cette période de lutte contre la corruption, une désacralisation du salaire mérité peut ouvrir les portes à toutes les dérives. Yayi Boni n'est pas un héritier fortuné ou un homme d'affaires prospère que l'on sache. Il est important que la communication autour de sa personne soit contenue dans des proportions humanisées, évitant de le projeter sur un piédestal inaccessible aux communs des Béninois.

Lui-même se veut un président du peuple et non un Dieu du peuple. Balle à terre !



30/11/2007
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