Entourage du chef de l’Etat :
Yayi Boni, prisonnier des évangélistes ?
Charles TOKO
Le Matinal-5 juin 2008
Escrocs, bandits de grands chemins, menteurs,
colporteurs, diseurs de bonnes aventures,…, c’est désormais par ces vocables
qu’il faut désigner les prétendus évangélistes du Bénin. Des sans foi ni loi
qui, depuis 1996, ont pris d’assaut le palais de
Ce n’est pas nous qui le disons, c’est le tout
puissant Directeur de Cabinet, Nestor Dako, qui l’affirme : Yayi Boni est
un prisonnier des Evangélistes. Vous en doutez peut-être ? Voici ce que
notre Directeur de Cabinet a osé affirmer : « …A toutes celles et
ceux qui se posent des questions de savoir si réellement le Président de
Le
péril évangéliste…
Il existe de vrais évangélistes dont la mission
est de servir Dieu. Nous ne pouvons le nier. D’ailleurs, ceux-ci ne font pas de
leur foi, un commerce. Mais force est de constater que, depuis 1996, il existe
une race nocive d’évangélistes uniquement guidés par le matériel. Je n’en veux
pour preuve que ce pasteur qui porte des vestes de mille dollars et qui circule
dans des voitures de luxe. La religion est devenue un fond de commerce et
certains évangélistes l’ont très tôt compris. Vous les voyez chétifs un jour,
et deux semaines après, ils deviennent gras comme des éléphants de mer. Ils ont
trouvé un filon : ils ont construit une église. Au départ, l’église est
construite avec des feuilles de palmier. Deux mois après, ils vous sortent de
terre une de ces constructions modernes. Jusque-là, point d’inquiétude. Car ils
n’escroquent que des ratés dont la seule raison de vivre sur terre est la
promesse d’un au-delà merveilleux. Voltaire disait déjà qu’il semble que
« la populace ne mérite pas une religion raisonnable ». Plus les
évangélistes racontent des bêtises, plus des imbéciles croient en eux. Entre le
prêtre catholique pédophile qui boit son vin en le surnommant sang du Christ et
l’évangéliste incestueux qui vous promet des millions si vous lui donnez vos
cinq cent francs, mon parent analphabète a vite fait de se débarrasser des ses
économies en rêvant sur des millions. En plus, on lui promet un au-delà cool.
Jusqu’ici, il n’y a pas péril. Mais quand des évangélistes prennent d’assaut le
pouvoir politique, là, il y a de quoi s’inquiéter. Et si le Directeur de Cabinet
ose affirmer, parlant de son chef d’Etat, que « la poursuite de son
encadrement spirituel » est assurée par des Responsables de Fédérations et
d’Eglises (évangélistes), il faut craindre le pire. Car, jusqu’à preuve de
contraire, le Bénin est un Etat laïc. Et son chef d’Etat ne saurait être un
instrument aux mains de criminels sous couvert de Dieu. Nestor Dako ne sait
même pas de quoi il parle. Parler de la poursuite d’encadrement spirituel d’un
chef de l’Etat revient à dire que celui-ci avait et a des problèmes spirituels.
Lesquels ? Et de quel esprit s’agit-il ? S’agit-il de l’âme ? On
ne peut quand même pas laisser l’âme d’un chef d’Etat à la discrétion de
bandits et de diseurs de bonnes aventures. S’agit-il, comme en science, de
« l’ensemble des facultés intellectuelles et psychiques » ?
Alors, Dako et ses « encadreurs » sont très mal placés pour en
connaître. Et de toute façon, un Directeur de cabinet est mal placé pour dire
que son patron a besoin d’un encadrement spirituel, vu côté science. Dans l’un ou
l’autre des cas, à vouloir répondre à tout, on finit par se noyer et à se
plonger soi-même. A vouloir encadrer comme ils le disent si bien, le Chef de
l’Etat, ils sont en passe de jeter un doute sur son crédit. Déjà que le texte
est sur le net. Et chacun y va de son commentaire. Les représentations
diplomatiques surtout. Ces écrits ne proviennent pas de n’importe qui :
ils ont le cachet du directeur de cabinet. La crédibilité y est. Si le
directeur de cabinet du président dit que celui-ci a besoin « d’encadrement
spirituel », qui peut dire le contraire.
Encadrer
yayi Boni…
C’est là toute la dangerosité des
« bondieuseries ». Montherlant disait déjà que « la religion est
la maladie honteuse (la peste) de l’humanité. La politique en est le
cancer ». Quand dans un pays, des religieux se mettent à faire de la
politique, c’est que ce pays souffre à la fois de la peste et du cancer. Le
Bénin actuellement souffre de la peste et du cancer. Depuis que les
évangélistes assurent « l’encadrement spirituel » du président de
A dessein, Dako Nestor a choisi le mot
« encadrement ». Les militaires en savent quelque chose. Le personnel
civil intelligent du palais peut se rapprocher du Directeur du Cabinet
militaire du président de
On comprend alors pourquoi à six heures du matin,
une horde d’évangélistes affamés se présente au domicile du président, bibles
traficotés en main, esprits tordus et desseins malsains en tête, pour dire la
prière. C’est pour l’encadrement… Dans ses déplacements, des évangélistes
corrompus le précèdent pour aller prier avant l’arrivée du président. C’est
l’encadrement en marche. Un directeur de cabinet évangéliste encadreur, même
incompétent, des conseillers évangélistes, le personnel du palais
évangélistes,…, des militaires évangélistes…. Au sein du gouvernement, les
ministres les plus incompétents sont des évangélistes. Ils sont au moins trois.
Au conseil des ministres, il faut encadrer le président.
Sous les ministres, les directeurs de cabinet,
les directeurs généraux,…, la plupart évangélistes. Aujourd’hui, pour les
nominations, les Cv se font avec l’entête du Mofed (mouvement des Forces pour
l’Ethique et le Développement), un mouvement parmi tant d’autres d’évangélistes
affamés et aigris qui ont promis arracher Cotonou à Soglo. Le résultat, vous le
connaissez. A cause du Mofed et de ses agitateurs, Yayi Boni est passé de
170.000 voix dans le littoral en 2006 pour totaliser un record de moins de
50.000 voix toujours dans le littoral avec
Les Européens ont très tôt compris qu’il faut
séparer l’église de l’Etat. Au Bénin plus qu’ailleurs, associer des religieux,
mieux des diseurs de mauvaises aventures à la gestion de la chose publique est
suicidaire. Le Bénin fait environ trente pour cent de chrétiens, vingt cinq
pour cent de musulmans et environ quarante pour cent de religions
traditionnelles. Confier la gestion du pouvoir d’Etat à des évangélistes aux
esprits tordus peut provoquer un clash. A César ce qui est à César et à Dieu ce
qui lui revient. Un pasteur, ça se rencontre à l’église et non à la tête d’un ministère
ou d’une direction générale.
Charles Toko
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