Liberté de la presse au Bénin
3 mars 2008
Yayi
Boni perd les pédales !
Depuis la sortie controversée de Lionel Agbo
sur la liberté de la presse au Bénin, Yayi Boni est manifestement décidé à en
découdre avec les journalistes insoumis. Le dernier scénario en date est le
renvoi de l’équipe de reportage de la télévision privée Canal 3 alors qu’elle
était dans l’avion présidentiel en partance pour le Burkina Faso. Le Président
béninois a humilié les journalistes en les faisant simplement débarquer de
l’avion.
Les langues ne cessent de se délier au Bénin. Certains pensent même que Yayi
Boni a perdu la tête. Les Béninois veulent comprendre les agitations guerrières
de leur Président contre les médias privés. On le savait, les médias publics
avec des nominations de responsables incompétents au service du Président,
n’avaient plus aucune crédibilité au Bénin. L’ORTB (Télévision et Radio) ainsi
que le quotidien «La Nation»
sont dangereusement devenus les propriétés de Yayi Boni qui régulièrement,
destitue et nomme les responsables comme bon lui semble. Ce qu’on savait le
moins, c’est la volonté affichée du Président de la République de contrôler
tous les médias privés. Yayi Boni souhaiterait que tous les médias béninois ne
disent que du bien de lui-même s’il ne fait rien de bien. On a bien
l’impression que ce monsieur s’est trompé de pays. Soit le Bénin est un pays
démocratique où l’on laisse les médias s’exprimer, soit il est un pays
autocratique où le musèlement de la presse est la règle du jeu. Mais Yayi Boni
n’a désormais plus de choix à faire, le Bénin est un pays qui a choisi la
démocratie depuis les années 90. Une démocratie arrachée de hautes et intenses
luttes au moment où personne ne pouvait imaginer que Yayi Boni dirigerait le
Bénin. On peut tout lui reprocher, mais lorsqu’il s’agit de la sauvegarde de la
démocratie pendant dix ans, Matthieu Kérékou est apparu comme le Président qui
a le plus respecté la liberté d’expression des Béninois et la liberté de ton
dans les rédactions de journaux. Aujourd’hui, le seul travail que fait le mieux
le Président Yayi Boni, c’est d’être en perpétuelle confrontation avec les
journalistes et les membres de l’opposition qui dénoncent quelque peu sa
gestion hasardeuse de l’Etat. Après avoir promis monts et merveilles aux
Béninois au cours des campagnes présidentielles 2006, il est aujourd’hui
incapable d’agir et de répondre favorablement aux difficultés quotidiennes des
Béninois. L’augmentation inexorable du coût de vie dans la capitale économique
ainsi que dans le reste pays, la difficulté pour les familles de se procurer
les trois repas quotidiens ne semblent pas l’ébranler. Ce qui le préoccupe le
plus, c’est son image dans les médias avec une cellule de communication
gravement zélée. En réalité, tous ces médias qui continuent d’applaudir le Chef
de l’Etat béninois malgré ses errements, sont loin de faire du journalisme. Ils
ne font ni plus ni moins que de la propagande qui nettement n’a que des effets
contre productifs. En raison de ses tendances paranoïaques, Yayi Boni pense
constamment que l’enfer c’est les autres. Mais la réalité, c’est que l’enfer,
c’est d’abord soi-même. Yayi Boni a sans doute des colères personnelles à
gérer, colères qu’il déverse facilement sur de pauvres journalistes qui ne font
que le travail pour lequel ils sont rémunérés. Glorifier sans cesse un
Président alors que tout le monde est pertinemment conscient qu’il conduit le
pays dans un gouffre, c’est être un journaliste-criminel, c’est faire plaisir à
un seul homme au détriment du plus grand nombre. Comment aujourd’hui comprendre
que Yayi Boni qui continuellement concentre son discours sur l’éradication de
la corruption et la mauvaise gestion soit paradoxalement devenu quelqu’un qui
ne supporte ni le contrôle ni la critique. Le pouvoir rend vraiment fou et on a
bien peur que le Président béninois soit réellement en train de perdre les
pédales.
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