30 000 F.CFA de Microfinance :
Fêtes
itinérantes pour pauvres
vendredi
7 septembre 2007, par Arimi SHOUBADE
Ils
sont pauvres mais joyeux. Les chaînes de télévision se délectent sur les fêtes
itinérantes organisées à l’intention de miséreuses dames encombrées d’articles
et de marchandises divers. Le bonheur au bout de 30.000 Fcfa. Par l’entremise
de micros crédits. La délivrance tant attendue. Des parties de liesse, de
tam-tams, de danses, des discours, beaucoup de discours. Succession
d’éloquences, généralement dans la langue de Molière, difficilement accessible
aux pelotons de demi lettrés déversés à ces genres de manifestation.
Reste
à comprendre le pourquoi de ces ébauches de bonne humeur en ces lieux où on est
sensé parler de rareté et de précarité. Le Bénin inaugure visiblement une
nouvelle ère de la lutte contre la pauvreté. Il y a quelque chose de
surréaliste à voir toutes ces femmes en transe alors qu’elles viennent
consentir un prêt – 30.000 FCfa. A croire qu’on aurait fini de conjurer le
manque d’eau potable, la malnutrition, le chômage, la mortalité infantile,
lorsque les mains du chef de l’Etat se seraient posées sur des paniers de victuailles
à travers tout le pays.
Toujours
la recherche effrénée de gains politiques. À travers ses célébrations publiques
de la misère. Sans la moindre considération pour ces milliers de nécessiteux.
Tout ce qu’on peut organiser pouvant permettre d’étaler les talents d’orateur
du docteur-président est bon à prendre en cette période de pré campagne
électorale. Même si les foyers retrouvent la diète quotidienne une fois les
bâches pliées, les haut-parleurs rangés, les chaises enlevées et les lieux
rendus à leurs utilisateurs habituels.
Si on
s’en tient à une certaine opinion, le Bénin peut ranger tous ces autres
programmes de lutte contre la pauvreté rien qu’avec les randonnées
présidentielles autour des micros crédits. Ils ne prennent même pas la peine de
se demander pourquoi le Bangladesh, pays d’origine de l’inventeur de la
« banque des pauvres » demeure aussi délabré et arriéré par rapport à
ces autres voisins. Peut-être lui manquait-il des séances d’exorcisme
présidentielles comme c’est le cas ici.
Dans
cette histoire, on se demande qui des tapeuses de mains ou des officiels sont à
la fête à chaque étape. Pendant qu’un ménage entier recevait les 30.000 Cfa de
prêt, un accompagnateur du président (membre de la délégation) perçoit le
double par jour avec véhicule, carburant, hôtels, cocktails, repas et honneurs
non remboursables. A cela s’ajoute, les frais d’organisation. Au bout de la
course, on imagine le pactole. Députés et autres contrôleurs de l’action
gouvernementale n’y verraient que du feu. On a accordé de l’argent aux pauvres.
Rideau ! Cela vaut bien des empiétements sur la dignité de ces femmes
exposées au soleil, à la pluie, et à qui il est demandé de chanter et de danser
pour un bien-être encore virtuel.
La
propagande parle de 100% de taux de remboursement. C’est un mouvancier bon teint,
Frédéric Béhanzin qui a sursauté à l’évocation de ce chiffre à l’occasion d’une
émission sur Radio Planète. Il en a déduit que si les gens soldent aussi
promptement ces crédits, c’est certainement parce qu’ils n’en ont pas besoin ou
qu’ils vont emprunter ailleurs pour rembourser. Lui sait qu’il y a encore de
l’eau dans le gaz et que le projet est loin d’avoir pris son envole. Dans son
Zou natal, personne n’a encore palpé les billets promis. Les femmes ne voient
que les recruteurs d’électeurs.
Pauvres
négresses !
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