"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

A la Cour Constitutionnelle,

La magicienne s'en va, le caméléon s'installe

vendredi 13 juin 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 14 juin 2008

 

Commissaire du peuple à l'Assemblée nationale révolutionnaire puis ministre vers la chute du parti unique sous Kérékou I, député puis ministre sous le renouveau démocratique avec Soglo, Conseiller puis président de la Cour constitutionnelle à l'ère du changement. La trajectoire de Me Robert Dossou, incarnation du nouveau visage de la Cour constitutionnelle, décrit une impressionnante ligne oscillatoire. Certes il y a eu la disette de la décennie de revanche de Kérékou II. Parce que le célébrissime avocat a commis aux yeux de son ex-grand camarade de lutte le crime majeur ; celui de lui disputer la paternité de la conférence nationale. On se souvient des échanges feutrés entre les deux hommes en direct sur la radio nationale à l'occasion d'un débat du dimanche. Le général a dû se rappeler aux bons souvenirs de son ancien obligé en téléphonant directement à l'animateur de l'émission. Pour l'inventeur des camps de torture de Ségbana, de Parakou et du petit palais de Cotonou, le titre d'initiateur en chef de la conférence nationale est plus qu'une dispense de purgatoire.

Me Robert Dossou a dû ronger son frein durant les 10 ans de Kérékou II. A une époque où son baobab, emblème de son parti, n'emballe plus le peuple Popo qui lui a refusé de lui délivrer un nouveau bail pour l'Assemblée nationale. Le come-back n'a été possible que grâce à la vague « cauris » de 2006. Sans oublier la parenthèse du énième essai infructueux lors des législatives 2007 sur la très présidentielle liste Fcbe. A la suite de mon excellentissime confrère du quotidien Fraternité, Sulpice Oscar Gbaguidi, ce rappel historique me parait utile. La formule consacrée de « Vous m'avez nommé, je ne vous connais plus » ne peut servir d'éteignoir à une cruelle réalité : un obligé demeure un obligé. Beaucoup de Béninois en sont encore à se demander si Ouinsou a pu se défaire du « Vous » qui l'a nommé et renommé au cours de ses deux mandats cumulés ? En tout cas, pour celui qui a caricaturé l'institution – Cour des miracles – la réponse coule de source.

Il n'y a pas que la trajectoire politique de Me Robert Dossou qui contribue à entretenir les susceptibilités. De la politique il en a été abondamment question tout au long du processus de désignation jusqu'à la prestation de serment des « sages ». La guerre des tranchées au palais des gouverneurs lors de la désignation des représentants du parlement, le recours en annulation de la désignation des mêmes représentants du parlement, le boycott de la majorité des membres du bureau du parlement à la grande messe d'installation. Qui pourrait certifier que le choix du nouveau président des « sages » n'a pas été inspiré par un gourou suprême ? Le remarquable cursus de l'heureux élu ne me fait pas oublier qu'il y a mieux au sein du groupe en la personne du constitutionnaliste par excellence, le professeur Théodore Holo, qui, soit dit en passant, n'est pas si incolore et rectiligne que cela.

N'oublions pas, par ailleurs, que le perchoir doit sa situation chancelante à ces désignations à polémiques. Secrètement, Mathurin Nago et les siens espèrent un légitime retour d'ascenseur. Une destitution du président de l'Assemblée nationale ne se fait pas sans l'onction de la Cour constitutionnelle. Indépendamment donc de réunir une majorité qualifiée, il faut compter avec les « sages ».

Peut-être que la boite à miracle de la magicienne a été oubliée par le service de déménagement. Qui sait ?



13/06/2008
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