Suppression des concours d’entrée dans les écoles et instituts :
On croyait avoir déjà tout vu avec le gouvernement béninois mais
apparemment, on n’est pas sorti de l’auberge. Il vient d’interdire l’organisation
de concours pour entrer dans les écoles et instituts des universités du Bénin.
A priori l’idée semble intéressante mais il y a beaucoup de questions que cela
suscite. Si la sélection devra se faire sur la base des notes obtenues au
baccalauréat, que va-t-on faire des étudiants qui brillent en classe et qui par
simple coup du sort n’arrivent pas à retrouver leur rythme le jour de l’examen
? N’ont-ils pas eux aussi le niveau d’entrer dans une école ou dans un institut
? Doit-on supprimer l’organisation des concours pour des raisons de réduction
de coût ? L’éducation n’a-t-il pas un prix ? La précipitation avec laquelle
cette décision a été prise semble être le début de la fin de l’Excellence au
Bénin.
On peut expliquer que les systèmes anglo-saxons s’embarrassent très peu de ce
principe de concours mais jusqu’à preuve du contraire, le Bénin reste et
demeure un pays francophone qui imite ridiculement
Un assassinat cruel
Le silence des Béninois en général et celui de la presse nationale, de
l’opposition et de la société civile en particulier sur la question, montrent à
quel point Yayi Boni domine et maîtrise le pays. Toute réforme, même s’il est
juste, nécessite des préalables tels que l’étude de faisabilité, la réception
et l’analyse des conséquences éventuelles d’un fiasco. Mais dans le cas de
cette décision qui ne résulte que d’un petit séminaire de quelques jours, on
voit mal comment en si peu de temps, elle peut tenir compte des paramètres
importants et nécessaires avant sa mise en exécution. La raison que le
gouvernement béninois met en avant pour justifier cette suppression est la
réduction les coûts d’organisation desdits concours qui s’élèvent à environ 229
millions de FCFA (pour l'année 2007) et l’augmentation dans le même temps du
nombre de boursiers. Est-ce que normalement la question devrait se poser en ces
termes dans un pays qui se respecte ? Doit-on réformer pour réformer ? Se
servir des coûts d’organisation de concours pour octroyer des bourses aux
bacheliers méritants ne s’apparente en rien à une générosité gouvernementale.
C’est ni plus ni moins un assassinat cruel du système scolaire béninois au
moment où le discours sur l’hypothétique «pays
émergent» devient de plus en plus musclé avec son corollaire de
démagogie. Le gouvernement sénégalais qui investit 40% de son budget dans l’éducation
a-t-il besoin de supprimer l’organisation des concours pour prétendre faire des
économies ? On veut faire croire aux Béninois que le nouveau mécanisme
permettra de soulager les candidats aux concours nouvellement sortis du piège
du bac déjà trop «corsé», en
leur évitant le stress supplémentaire lié aux épreuves des concours. L’argument
est totalement creux, expéditif et ne convainc personne. Tout le monde sait que
le prestige de ces écoles et instituts est dû au fait que le processus de
sélection est rigoureux et crédible. On ne va pas à un concours comme on va un
examen. Le concours requiert tout le potentiel intellectuel de l’étudiant. Si
tant est qu’il est urgent de faire des réformes pourquoi ne pas faire entrer
dans ces écoles et instituts certains étudiants ayant obtenu de bonnes notes au
Bac en termes de privilégiés tout en maintenant l’entrée par voie de concours ?
Il n’est pas normal de suspendre les concours d’entrée dans les instituts et
écoles des universités du Bénin. Un concours permet de jauger non seulement
l’intelligence d’un étudiant mais sa capacité de réactivité et de réflexion en
un temps record. Les psychologues vous diront que le concours prépare à la vie
professionnelle de l’étudiant. Il est donc regrettable de constater que l’arrogance
du gouvernement de Yayi Boni n’a pas de limite. L’échec scolaire enregistré
dans les divers examens cette année est un record qu’il battra encore l’année
prochaine. Les amateurs du Changement sont toujours sous le charme. On attend
la prochaine suppression. Peut-être que bientôt, on ne devra plus passer
l’examen du Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC) pour aller au second cycle.
Et après, quand tout le système éducatif béninois aura perdu toutes ses lettres
de noblesse, tout le monde sera enfin content pour y avoir souscrit.
regardsurlebenin@gmail.com -
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