"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

A PROPOS DE LA GREVE DES MAGISTRATS :

LE FASCISME NE PASSERA PAS !

 Communiqué du PCB

 

            Les magistrats du Bénin, à l'appel de leur syndicat, l'Union Nationale des Magistrats du Bénin (Unamab) ont observé une grève de 72 heures, sans service minimum du mardi 11 décembre au jeudi 13 décembre 2007. Ce même mardi 11 décembre, des manifestants ont marché dans les rues de Cotonou contre la grève des magistrats et pour soutenir le pouvoir dans sa décision de suspendre l'exécution des arrêts de justice relatifs aux litiges domaniaux en milieu urbain.

 

         Pourquoi les magistrats qui exercent le pouvoir judiciaire dans la répartition des rôles du pouvoir d'Etat sont-ils en grève contre une partie de ce pouvoir ? Quelles sont les motivations réelles des décisions du gouvernement qu'ils réprouvent et combattent ? Au Parti Communiste du Bénin, nous avons cherché des réponses à ces questions. Nos enquêtes nous ont révélé les faits suivants :

 

         Le gouvernement, réuni en Conseil des ministres le 12 octobre 2007, a décidé de suspendre l'exécution des arrêts de justice relatifs aux litiges domaniaux en milieu urbain. Aucun délai n'est indiqué pour la fin de cette suspension. Même l'instruction des affaires de même ordre en cours est suspendue sine die. Or, l'exécution des décisions de justice se fait notamment en liaison avec le procureur, nommé et placé sous les ordres du ministre de la justice, par conséquent du gouvernement. Ce dernier a donc la possibilité d'identifier les cas qui peuvent poser des problèmes, de les étudier et aider à un règlement au mieux des intérêts des justiciables. Mais décider globalement de rapporter sine die l'exécution des arrêts de justice et même l'instruction des affaires pendantes, constitue une tentative d'usurpation du pouvoir judiciaire par le pouvoir exécutif.

 

         Toutes les démarches des magistrats tendant à faire entendre raison au chef de l'exécutif, Boni Yayi ont échoué. Au cours d'une dernière rencontre, le 30 novembre 2007, avec le bureau exécutif de l'Unamab à la Présidence de la République, Boni Yayi s'est même proclamé le seul détenteur de tous les pouvoirs en faisant « observer entre autre qu'il est "seul légitime" " qu'il n'a pas accédé au pouvoir par un coup d'Etat et qu'il n'et pas inculte, avant d'affirmer que la décision de suspension querellée ne sera pas rapportée par le gouvernement, s'agissant surtout d'une demande d'une association" » (cf. Motion de grève de l'Unamab).

 

         A travers les propos ci-dessus cités, Boni Yayi laisse entendre qu'il n'a pas agi par hasard ni par ignorance des textes en vigueur. Il a choisi de violer ces textes. Pourquoi décide-t-il donc d'engager un combat contre le pouvoir judiciaire à travers les litiges domaniaux en ville et à cette période ? Y aurait-il des membres du gouvernement ou des potentats du pouvoir impliqués directement dans un arrêt de justice en matière domaniale ? Nous avons cherché à savoir. La réponse à nos investigations à ce sujet est négative. La décision de suspension serait prise pour "plaire" aux petites gens auxquelles l'exécution des décisions de justice causerait des dommages. Mais, soulignent les magistrats, de telles situations peuvent être réglées, cas par cas, et définitivement. Or actuellement, que se passerait-il à la fin de la période de suspension ?!. Les pauvres que l'on prétend défendre aujourd'hui pourraient se retrouver, à la fin de la suspension, dans les mêmes situations qu'avant la décision de suspension, voire pire moralement.

 

         De toutes les raisons qu'il faut postuler et chercher à retenir à la base de la décision du gouvernement, il n'en reste objectivement qu'une : celle d'ordre électoraliste. Boni Yayi veut gagner des postes pour ses hommes aux prochaines élections municipales avec des voix des habitants des quartiers à Cotonou et à Abomey-Calavi où se posent des problèmes de litiges domaniaux. Les cas d'Agla  et de Ste-Rita dans Cotonou sont les plus cités.

         Tels sont les résultats de nos enquêtes. Il  apparaît nettement que la question essentielle dans ce conflit entre les magistrats et Boni Yayi touche à la séparation des pouvoirs, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire notamment.

 

En régime bourgeois et pro-impérialiste, le pouvoir judiciaire sert généralement la cause des exploiteurs, des possédants, des hauts bourgeois, des impérialistes. Des magistrats, individuellement, peuvent abuser et abusent souvent de ce pouvoir discrétionnaire ; et dans notre pays où la justice est rendue en français, dans une langue étrangère aux justiciables avec l'application d'un droit généralement étranger, l'arbitraire est encore plus grand, la torture plus aiguë. La seule solution pour réconcilier véritablement la justice et le justiciable consiste en l'élection des juges (et leur révocabilité) avec une autonomie administrative et judiciaire locale jusqu'au village et quartier de ville et le droit dit dans les langues maternelles. Telle est la seule solution, solution avancée par le Parti Communiste du Bénin et qui est en adéquation avec le vécu des masses laborieuses dans nos villages et quartiers de ville.

 

Mais, nous ne nous trouvons pas dans ce cas. Pas encore. Boni Yayi n'a pas mis en cause le système judiciaire et il n'a jamais eu l'intention de le faire, malgré les insistances de la démocratie révolutionnaire avec le Parti Communiste en tête. Il ne fait que soulever l'arrêt des décisions de justice en matière domaniale en milieu urbain et ce, à la veille des élections communales et municipales. Il apparaît clair que la décision de Boni Yayi est purement d'ordre électoraliste. Et pour gagner ces élections, il n'hésite pas à piétiner les principes des lois, le principe actuel de la séparation des pouvoirs entre l'exécutif et le judiciaire.

 

Ce qui est en jeu, ce n'est pas la morale des magistrats quel que soit ce qu'on peut en dire. Ce qui est en jeu et est intolérable, c'est l'arrogance de dictateur fasciste de Boni Yayi ; cette arrogance qui n'hésite pas à poser des actes d'escroquerie envers les pauvres. Là-dessus, les magistrats ont raison de se battre, de se mettre en grève et de poursuivre leur grève. Le Parti Communiste du Bénin les soutient entièrement.

 

Le fascisme ne passera pas ! La dictature fasciste de Boni Yayi ne passera ! C'est le PCB, fort de son expérience trentenaire d'éducateur des peuples du Bénin, qui le dit.

Alors, bas les pattes, Monsieur Boni Yayi ! Bas les pattes Monsieur le représentant et l'exécutant de la finance internationale au pouvoir au Bénin !

A bas la mystification ! A bas l'escamotage des revendications des masses populaires !

En avant pour les libertés politiques complètes aux peuples !

 

 

Cotonou, le 18 décembre 2007

 

Le Parti Communiste du Bénin



24/12/2007
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