"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Après le divorce,

 le remariage Yayi-Soglo ?


Le chef de l’Etat et le maire de Cotonou traînent depuis plusieurs mois le fardeau de la discorde. Les envolées acrimonieuses ont réussi à empoisonner les relations entre les deux hommes. Le pourrissement des tissus politiques soulève une question rampante. Qu’est-ce qui a pu opposer ces deux valeurs issues de la même école ?

Sans doute que Boni Yayi et Nicéphore Soglo font honneur à la race des banquiers au pouvoir. De la banque à la présidence et de la présidence à l’hôtel de ville, les vertus ne s’effriteront pas dans les escaliers. Elles ne devraient non plus être enfouies dans les décombres de l’affrontement. Ma question initiale prend toute son ampleur au regard de la subite montée d’adrénaline entre le camp Yayi et le bloc Soglo. Le chroniqueur est d’autant plus éberlué que la réaction du chef de l’Etat face aux vomissements des jeunes Fcbe du littoral annonçait, il y a quelques mois, une lune de miel entre les deux personnalités d’envergure. Yayi avait en effet balayé le harcèlement politique de ces partisans zélés, ergoteurs, fanfarons mal inspirés qui, dans leurs éructations nauséeuses, s’en étaient pris au bilan de Soglo et dénoncé aveuglément une gestion clanique à la mairie de Cotonou. La lune de miel n’aura été que fugitive. Les bruits de bottes de clans politiques surexcités ont tôt fait de nous réveiller. L’entente Yayi Soglo est naufragée dans le fleuve des provocations et des malentendus. Ma question primaire sort de l’encrier à jets continus. Qu’est ce qui a pu se passer entre Yayi et Soglo, deux hommes de caractère, assoiffés de développement ? Qu’est ce qui a allongé la distance entre les deux icônes de la bonne gouvernance ?

Le maire Soglo me paraît le principal responsable du chaos relationnel qui entretient l’embrouillamini politique entre la Rb et la Fcbe. L’ancien chef de l’Etat tarde à comprendre que son ancien collaborateur a grandi et est devenu depuis 02 ans, président de la république, donc président de tous les Béninois, y compris Nicéphore Dieudonné Soglo. A défaut de respecter Yayi, le maire de Cotonou devrait considérer l’autorité qu’il incarne et aider à valoriser la fonction présidentielle. Soglo, personnalité mondiale n’a curieusement pas réussi cet exercice. Ces déclarations osées et teintées d’ethnocentrisme ont contribué à répandre une onde de choc national. La sortie du G4 et cheveu sur la soupe, l’interview manifestement acide sur Rfi ont éveillé les rancoeurs et provoqué le divorce.

Mais les crises de colère de Soglo ne doivent pas éclipser les frasques des monstres du camp Yayi. Les réactions maladroites et adolescentes du ministre Alexandre Hountondji sont à charge négative. L’intensité des bêtises des mouches du coche du régime et les irruptions intempestives des ministres dans les arrondissements de Cotonou n’étaient pas de nature à sauver la collaboration avec le maire Soglo surtout que ces descentes d’exhibition ont été faites sans l’avis de l’autorité municipale. Le flou artistique autour des intentions de Yayi dans la bataille pour la conquête de la mairie de Cotonou a suscité un climat de méfiance entre le pouvoir et la Rb. Cotonou aura viscéralement divisé Yayi et Soglo. Le leader charismatique de la Rb a fait de la ville une question existentielle, Yayi voulait dégonfler le support de l’hégémonie de la Rb dans la capitale économique et contraindre Soglo au partage du pouvoir municipal.

Le scrutin du 20 avril semble passer un souffle d’air humide sur l’atmosphère délétère née des querelles politiques suggérées par la bataille de Cotonou. Maintenant que Yayi n’a pu fragiliser Soglo dans son fief névralgique, la Marina et l’hôtel de ville vont rétablir le pont attaqué par les ambitions. Yayi et Soglo doivent fumer le calumet de la paix avec les clauses sur la tenue effective des promesses et le respect de la haute autorité. Ainsi, ces deux figures emblématiques mettront leur entente et solidarité au service du développement. L’attelage Yayi-Soglo sera une chance pour le pays à condition que le pansement des plaies de la discorde soit efficace. Après le divorce, le remariage. Malheur qui mal y pense.


Sulpice O. Gbaguidi, 5 mai 2008



05/05/2008
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