"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Lère du temps

Au nom de Bush !

vendredi 15 février 2008

Arimi CHOUBADE

15 février 2008

 

Avant de fouler le sol béninois, le locataire de la Maison Blanche aura fait œuvre utile. Le grand docteur-président, « dieu » aux yeux de ses nouvelles recrues est enfin descendu de son piédestal pour pendre langue avec les impertinents praticiens hospitaliers. Le chef du gouvernement, chef suprême des armées a mis sous le boisseau pour une fois le commandement impérial « exécution avant réclamation ». Un repli stratégique après 6 semaines de mépris royal. Le commandant de bord de « Air Force One », depuis le ciel, devrait pouvoir admirer un quartier latin de l’Afrique apaisé et soumis.

Ç’aurait été inconvenant que Georges Bush Junior retrouve un Bénin si mal en point. Lui qui en 1991 est reparti dans son pays sur une image d’un pays qui se remet au travail au sortir d’une longue nuit de banqueroute généralisée. Il retrouve sur place 17 ans après un autre banquier qui succède au même général que jadis devenu spécialiste de la déchéance du tissu économique national. À la différence qu’à l’époque l’impasse était derrière, le pays reprenait peu à peu avec l’entrain. Aujourd’hui, on y est, en plein dans le cul de sac. Impasse de la réflexion, impasse de l’action.

C’est deux ans après la prise du pouvoir que le régime du changement vide les ministères de ces cadres au motif qu’il faut aller recenser les problèmes des populations sur le terrain. En prélude certainement au programme d’action du gouvernement que personne n’a jamais vu depuis avril 2006. En clair, l’agitation a précédé la conception. L’exercice survient curieusement à la veille des élections municipales ; ce qui enlève à l’opération toute crédibilité lorsqu’on connaît la passion du pouvoir à la chose électorale. Sans oublier que le chef de l’Etat a déjà effectué à plusieurs reprises le tour du pays et du monde entier. Plus d’une centaine de milliards auraient été ensevelis à travers les voyages présidentiels en l’espace de 8 mois.

Les chantres du changement éprouvent visiblement des difficultés à jouer sur la défensive. Le grand écart vis-à-vis de l’attitude envers les grévistes à l’occasion de la visite de Georges Bush est révélateur d’une fébrilité impossible à dissimuler. Ils ne connaissent que la course en tête, le vedettariat, le spectacle. Plus d’embrassades, de bains de foule, de meetings enflammés comme agenda pour le chef. Tant que la caméra tourne, le changement tourne. Lorsqu’il faut marquer un arrêt et réparer les casses semées sur le long du parcours, c’est le cafouillage, la panique, la colère, les menaces, les invectives … et les tracts.

Ceux qui préconisent le statut quo jusqu’à ce que la page Bush se ferme n’ont peut-être pas tort. La crainte d’un accord de complaisance est bien réelle. Il y a moins d’une semaine encore, les grévistes n’ont eu pour toute réponse que la charge des marcheurs. Des appels aux dialogues ? Une stratégie d’anarchistes visant à mettre en péril l’autorité du chef. Les banderoles injurieuses, les accusations de manipulations, la diabolisation des grévistes avaient plus de vertu que toutes les recherches de compromis. Comment est-elle survenue cette subite envie de négocier avec les ennemis du peuple comparés à des supplétifs de partis politiques revanchards ou d’hommes d’affaires corrompus ?

On se doute bien que les extrémistes des deux bords ne manqueront pas de tenter de reprendre le dessus dès l’éclipse de l’hôte du 16 février 2008. Avec des conséquences incalculables aussi bien pour l’économie nationale, la paix sociale et l’unité nationale.

La trêve Bush risque de ne durer que le temps des deux heures de séjour.



15/02/2008
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