Arrestation du président de Cpi :
LE BENINOIS LIBERE - - 15 février
Sefou
Fagbohoun, la victime du régime ?
La
démocratie béninoise est malade de ses responsables au sommet de l’Etat.
L’arrestation arbitraire du sieur Séfou Fagbohoun en est une illustration
patente qui continue de défrayer la chronique. Un peu comme si cela suffisait
pour leur faire prendre conscience, ces mêmes personnes véritables ennemies de
notre démocratie ont persisté dans la tyrannie. Rien ne semble les
arrêter ; même la décision de justice accordant la liberté provisoire à
l’intéressé est passée sous botte si bien qu’on se demande avec grande
inquiétude dans quel Etat de doit sommes-nous ?
Le
richissime homme d’affaires, président de parti, président du Continental
Pétrolium Investment ( Cpi) est jeté en prison en dépit de toute procédure
légale. Sur instruction de Nestor Dako, un zélé collaborateur du chef de l’Etat
qui prétend agir au nom du Président de la République , des forces
de l’ordre ont fait irruption dans le domicile du sieur Fagbohoun et l’ont
conduit manu militari dans les locaux de la police Il venait ainsi d’être
arrêté dans l’Etat de droit qu’on appelle le Bénin. Puis en dépit de toute
protestation, l’intéressé a été jeté en prison. Le feuilleton Fagbohoun s’ouvre
avec une série d’épisodes qui montrent à chaque passage que notre démocratie
est en danger. En réalité que reproche-t-on au sieur Fagbohoun ? Et même
s’il a acheté la Sonacop
avec l’argent de la Sonacop,
est-ce une raison pour que son arrestation se passe de toutes les procédures
réglementaires en vigueur dans notre pays ? Dans la foulée, le prisonnier
Fagbohoun, puisqu’il n’a pas été inculpé s’est présenté aux élections
législatives dernières à l’issue desquelles il a été brillamment élu. Le député
a continué cependant son séjour à la prison civile de Cotonou. Depuis sa
cellule, il se fait appeler honorable. Ses avocats ne cessent de monter au
créneau , de faire valoir tous les arguments de droit en vue de la liberté de
leur client. Mais en vain ! L’arrestation en elle-même explique toute la
volonté du Chef de l’Etat et de son gouvernement de faire poireauter en prison
cet homme dont on s’est rendu compte peu de temps après la prise du pouvoir qu’il
est une véritable bête politique qu’il faut mettre en cache. On s’était demandé
à un moment donné si on ne voulait pas en finir une fois pour toutes avec cet
homme afin de dire dans une hypocrisie lugubre : « Paix à son
âme » . Cette réflexion que d’aucuns pourront trouver blasphémante à
l’égard du pouvoir tire pourtant son essence dans la volonté délibérée du
gouvernement de ne pas laisser le « prisonnier député » Fadbohoun à
aller se faire soigner en Europe alors que sa santé était des plus défectueuses.
Les médecins en charge de sa santé au Bénin ont depuis des mois tiré sur la
sonnette d’alarme. Il a fallu la croix et la bannière et d’incessantes
correspondances en direction du Chef de l’Etat, du président de l’Assemblée
nationale qui était aux ordres de l’Exécutif pour que le président Yayi par
l’entremise de son ministre de la justice se décide à accepter son évacuation.
La décision, on s’en souvient, précise que cette évacuation sera entièrement à
la charge de l’évacué. M. Fagbohoun s’en est moqué et l’évacuation a été
chose faite . Quelques jours plus tard, le ministre de la santé Késsilé Tchalla
a fait son apparition à la télévision nationale pour entretenir les Béninois
sur l’extrême gravité de l’état de la santé de Fagbohoun. Beaucoup de Béninois
avaient vu dans cette sortie médiatique le jeu du gouvernement de venir se
dédouaner devant son peuple au cas où le pire se produirait en Europe. C’est un
sentiment qui peut ne pas être vrai mais qui tend à l’être car après cette
sortie, Késsila Tchalla a donné sa langue au chat puis qu’il n’a plus jamais
parlé de l’évolution de la santé de Fagbohoun dont on s’est empressé de nous
annoncer la gravité. En tout cas , Sefou Fagbohoun se porterait bien et la
nouvelle de sa mise en liberté ne lui est pas encore annoncé officiellement
Liberté
provisoire accordée et bloquée
Coup
de tonnerre ! La justice béninoise par Arrêt No 023 / 08 en date du 04
février 2008 rendu par la
Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel ordonne la mise en liberté immédiate
de Séfou Fagbohoun et dit que le présent arrêt sera exécuté à la diligence du
Procureur Général près la Cour
d’Appel de Cotonou. Mais voilà que Fagbohoun reste toujours prisonnier puisque
ni à ses avocats, ni à ses proches parents ni à lui-même, l’arrêt n’a pas été
notifié. D’où s’ouvre à nouveau une nouvelle épisode entachée de flou . Dans
une correspondance adressée au Procureur Général près la Cour d’Appel de Cotonou Paul
Kato Atita, l’un des avocats du sieur Fagbohoun revient à la charge. Articles
de droit, argumentations sans faille, déductions de jurisprudence ; en un
mot, un cocktail d’arguments juridiques croustillants qui montrent qu’il n’y a
plus d’arguments de droit à faire valoir pour garder dans les liens de la
prison le sieur Séfou Fagbohoun Progressivement, le Gouvernement et son chef le
président Boni Yayi ont cru bien faire en l’absence de toute procédure légale
de jeter quelqu’un en prison commencent par avoir le dos au mur dans ce dossier
dans lequel tyrannie, intimidation , dictature s’entremêlent pour mettre à mal
la démocratie béninoise. En sera-t-il encore ainsi pour longtemps ?