Autre valeur de l'émergeance
Le commis et l’élu
Arimi CHOUBADE
27 février
De la tutelle administrative à la tutelle
politique. Décidément, plus rien ne résiste au processus d’inversement des
valeurs entrepris par le régime du changement. Qu’un (simple) préfet en vienne
à oser tancer un député de la nation. Usant de menaces, d’invectives, de
violences verbales ; conformément à une marque déposée de l’émergence à la
béninoise, celle qui se caractérise par un autre processus destiné à
« mouiller » tous les cadres émergents. Nul ne saurait sauver son
poste s’il ne consent à se compromettre durablement. Dandjinou comme maire des
Xwla et Sèto ; de Souza pour défendre la gestion de l’escorte des
véhicules d’occasion, Agbo en pâture aux journalistes…
Des sortes de gilet pare-balles pour le
docteur-président. Les préfets commençaient par trop se la couler douce pendant
que le chef de l’Etat se heurte à une fulgurante rébellion au sein de son
propre camp. Alors que des Dg de sociétés d’Etat, des directeurs de cabinets
ministériels, des conseillers à la présidence de
Il fallait que le préfet des départements de
l’Alibori et du Borgou choisisse le mode de reconnaissance envers le pouvoir.
Ce n’est pas à un administrateur civil de la trempe d’Allassane Gado qu’on va
enseigner la différence entre un élu local et un élu national. Il sait que sa
légitimité de préfet tient à une signature d’un ministre de l’Intérieur – lui
aussi commis – en bas d’un document de nomination. Par contre Rachidi
Gbadamassi tient la sienne du peuple à travers des milliers de bulletins de
vote glisser dans l’urne. L’honorable détient donc un mandat national au terme
du célèbre article 80 de la constitution : « … Chaque député est le
représentant de
Lorsqu’on a lu et bien lu la loi fondamentale,
il n’y a plus de confusion possible entre une tutelle municipale et une
légitimité parlementaire. Le fait que le changement excelle à chambouler tous
les repères républicains ne vaut pas raison. Le représentant part excellence de
la nation toute entière et les populations de Parakou en particulier demeure
bien Rachidi Gbadamassi. Lui peut parler au nom des habitants des départements
du Borgou et de l’Alibori. Ce qui n’est pas le cas du préfet représentant le
pouvoir exécutif. Mais cela tout le monde le sait.
Il ne viendra à l’esprit d’aucun Béninois
averti de la vie politique nationale de s’en faire pour l’avenir de Rachidi
Gbadamassi. Ce n’est pas pour rien que le docteur-président évite le choc
direct en recourant aux lieutenants de service. Son vis-à-vis à bien réchapper
à une procédure judiciaire qui le donnait pour perdant à l’avance. A ne pas
oublier qu’il est sorti haut les mains des législatives dans une
circonscription électorale littéralement assiégée par le chef de l’Etat aidé de
toute l’armada de la puissance publique. N’importe quel commis aux ordres,
dépourvu de toute légitimité populaire réfléchirait par sept fois avant
d’affronter les têtes brûlées de la fronde anti-Yayi.
Surtout qu’ils ont promis que ce serait
désormais du tac au tac.
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