"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Lutte contre le chômage sous l'émergence ;-)


L’emploi et le mythe

mardi 4 décembre 2007

Arimi CHOUBADE

 

« Vous voulez de l’emploi, je vous offre un forum ». Une quadrature qui fonctionne sur un mode inamovible depuis des lustres. Forum, symposium, séminaire, comité de suivi appuyés par des machins tout aussi inefficaces que budgétivores. Les chômeurs ont même eu droit à un recensement spécial fortement budgétisé. Il fallait consommer les crédits à la veille du départ du général président. Ce qui fut fait.


Les sans-emploi, quant à eux, traînent toujours leurs croix à travers une tragédie sans fin. Les initiatives autour de l’emploi des jeunes sombrent dans une telle pauvreté politique que l’on est en droit de se poser des questions sur la finalité de l’action publique au Bénin. Les honneurs et les lambris dorés uniquement ? Comment comprendre qu’une majorité présidentielle qui se confond à la majorité parlementaire ne puisse définir le moindre chantier législatif sur la situation sociale de la jeunesse en deux ans ? De la mauvaise volonté ou de l’absence de volonté ?

Dans un Etat de droit, seule la loi détermine les rapports sociaux notamment l’emploi entre les citoyens. C’est au dessus des compétences d’un forum, d’un comité de suivi ou d’un symposium. Le défaut d’une législation conséquente sur l’emploi permet aujourd’hui aux employeurs béninois de se comporter presque tous comme des exploitants voire des esclavagistes. On ne peut donc prétendre vouloir donner de la dignité aux jeunes en occultant de les sécuriser dans leurs rapports avec ceux qui les utilisent. Modicité des salaires, licenciements abusifs, abus d’autorité, sévices corporels, accumulations d’arriérés de salaires, heures supplémentaires impayées etc.

Il y a une critique qui revient régulièrement depuis l’avènement du changement et qui porte sur l’illisibilité du dessein formulé pour la nation. La politique de l’emploi n’y échappe malheureusement pas. On ne sait pas ce que pense faire le gouvernement vis-à-vis du code du travail actuellement en vigueur et qui ne correspond en rien aux desiderata d’un pays aspirant à l’émergence : la réforme de l’inspection du travail, les contrats jeunes, l’appui aux entreprises, la sécurité sociale, les allocations aux chômeurs. Tout cela se fait dans le cadre de chantiers législatifs bien inspirés des réalités quotidiennes des citoyens.

L’instauration du service militaire d’utilité publique démontre bien que les moyens de s’occuper efficacement des jeunes existent. La jeunesse travailleuse a besoin de moins que les 7 milliards l’an pour bénéficier d’une politique durable de sécurisation de l’emploi. Quoi qu’on dise, le service militaire, le patriotisme ou la grandeur de la patrie relève de question de prestige. Alors que les jeunes désoeuvrés sont confrontés à des problèmes de subsistance. Car une fois libérés, les appelés sous les drapeaux retrouveront l’esclavage ambiant avec la complicité de l’administration publique elle-même. Cette administration qui utilise des gens sans contrat, sans salaire ou avec des salaires en dessous du SMIG.

La clé de la lutte contre le chômage des jeunes se trouve à l’Assemblée nationale. Le débat sur la levée d’immunité parlementaire ou les procurations ne devrait pas supplanter celui de l’avenir de la jeunesse comme c’est malheureusement le cas. Nago et les siens n’auraient rendu aucun service à la nation si au terme de leur mandat le jeune béninois demeure aussi angoissé vis-à-vis de l’emploi.

Cela s’appelle aimer la jeunesse autrement que par les mots.




07/12/2007
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