"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Bénin :

Le Kenya et le Zimbabwe en un

vendredi 23 mai 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 23 mai 2008

 

48 heures de démonstration. Représentation grandeur nature de tout ce que les émergents ont retenu de la surenchère électorale un peu partout en Afrique. Le parti au pouvoir qui crie à la fraude et qui s’engage dans des troubles post-électoraux ? La Zanu-Pf en détient la marque déposée sous la houlette de son patriarche, Mugabe. Et le Kenya rappelle à notre mémoire les manipulations de populations descendant dans les rues sur la base de motivations tribales juste pour secouer les fondements de l’Etat de droit à savoir l’ordre public, la libre expression et la libre circulation des biens et des personnes.

A défaut de pouvoir dupliquer le verrouillage du système comme au Gabon, au Sénégal, au Burkina Faso. Echec de la tentation de caporalisation de l’organe en charge de l’organisation du scrutin. Échec de la stratégie d’enrôlement forcé de l’écrasante majorité des cadres de l’administration publique. Échec de l’infantilisation des populations appelées à choisir entre le vote de défiance à une émergence rancunière et ses conséquences. Échec de la rente instaurée sur la base des ressources tirées de l’escorte douanière. Échec des pressions sur la Cena à travers des publications fantaisistes.

Ceux qui n’arrêtent pas de se projeter sur 2011 peuvent déjà commencer par esquisser les scénarios possibles. L’état d’âme à la Fcbe-Etat ne souffre d’aucun complexe. Elle seule a la capacité de marcher, de bloquer des routes inter-Etat, de donner des injonctions à la Cena, de recruter des vandales, sans autorisation préalable et sans craindre une charge de la police anti-émeute. Les maîtres de terre. Avoir comme guide suprême le docteur-président-plus-que-Dieu vaut toutes les autorisations légales. C’est à juste titre d’ailleurs que des fatwas de préfets interdisent toute expression publique à l’encontre du gouvernement et de son chef.

Que le censeur de la morale politique, Adrien Ahanhanzo Glèlè vienne nous faire la différence entre sortir les branchages à l’encontre du président de la Cena et organiser une marche contre la Cour constitutionnelle. Peut-être élaborera-t-il à l’occasion, une nouvelle théorie sur la gradation du « danger pour la démocratie ». Ces messieurs ont démontré à plusieurs reprises la fertilité de leur imagination lorsqu’il s’agit de défendre un régime vis-à-vis duquel ils espèrent se mettre en situation de rentier.

Le ministère de l’Intérieur qui prend sa part du ridicule à travers un texte qui emprunte au traditionnel laconisme de l’inaction. Les forces spéciales de la police promptes à châtier jusqu’au sang des mouvements d’étudiants, se révèlent subitement apathique lorsqu’il s’agit de discipliner des vandales. Je parie que le ministère public non plus ne bougera pas d’un iota. Il ne s’agit pas de pourchasser de voleurs de cartes d’électeur imaginaires. En temps normal, les responsables locaux de la Fcbe, des zones de troubles devaient se présenter au cabinet du juge aux fins de répondre de troubles à l’ordre public, de dégradation sur des ouvrages publics, de violence et voies de faits.

Pari manqué au sujet d’une probable accalmie au lendemain du scrutin des 20 avril et 1er mai. Les « cauris » ont décidé de mettre le turbo jusqu’au rempilage de leur champion. L’émergence se résume finalement à 5 années de campagne non stop. Sur fond de référence aux expériences de passage en force : Kenya, Zimbabwe.

Sauf qu’il s’agit ici du Bénin d’après la Conférence nationale. Un pays, une époque.

 



23/05/2008
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